Par définition, l'inconscient désigne ce qui n'est pas conscient, c'est-à-dire tout ce que la conscience ignore ou n'est pas capable d'expliquer, ce qui échappe à la pensée. Or, dans la théorie de Descartes, nous trouvons rattachée à l'idée de conscience l'idée d'une unité première (la conscience singulière de l'individu se découvrant en vérité d'abord comme sujet pensant intellectuel) et d'une transparence à soi-même (la conscience ne présentant pas d'altérité en elle-même ni par elle-même). L'idée de l'inconscient devient alors problématique puisqu'il remet en question cette unité (en considérant l'inconscient comme un ensemble différent de la conscience et pourtant constitutif du même appareil psychique) et l'idée d'une parfaite transparence à soi-même (on ne maîtriserait pas l'intégralité de ses pensées). On peut alors soit nier son existence lorsqu'il s'agit de caractériser la conscience humaine et la renvoyer à la condition animale (l'inconscient pourrait alors désigner la conscience sensible) ; soit réduire cette idée aux mécanismes physiologiques du corps, mais cet inconscient reste alors relativement maîtrisable ; soit affirmer l'existence d'un inconscient psychique, en montrant la possibilité de pensées inconscientes, qu'on refuserait de connaître.
[...] Il est donc parfaitement légitime que la communauté scientifique laisse à la psychanalyse le temps de se construire, sur une hypothèse qui semble discutable au premier abord mais que les psychanalystes s'efforceront de démontrer rigoureusement par le biais de méthodes scientifiques. Et s'il s'avère que l'expérimentation ne conduit à aucun résultat, la science n'aura de toute manière rien perdu. Pour Freud, l'hypothèse de l'inconscient psychique est donc parfaitement nécessaire et légitime. Nécessaire, car elle offre la possibilité de compléter nos connaissances sur la conscience, en lui apportant un éclairage nouveau. [...]
[...] Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison pleinement justifiée, d'aller au-delà de l'expérience immédiate. Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse.» Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse (1915) Explication du texte Par définition, l'inconscient désigne ce qui n'est pas conscient, c'est-à-dire tout ce que la conscience ignore ou n'est pas capable d'expliquer, ce qui échappe à la pensée. [...]
[...] Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse (1915) nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. [...]
[...] S'il parvient par la pratique à vérifier cette hypothèse, on pourra la considérer comme validée. Mais comment expérimenter des faits qui ne semblent pas exister en surface ? C'est tout l'enjeu, présenté à la fin du texte, dans lequel se trouve la psychanalyse en 1915 : pour montrer l'existence d'actes psychiques inconscients, il faudrait parvenir, par le biais d'une pratique c'est- à-dire expérimentalement, à influencer volontairement les actes conscients d'un sujet à travers son inconscient, et à chercher dans l'appareil psychique des régularités dans la façon dont se comportent les actes inconscients pour établir une théorie. [...]
[...] Il réfute ainsi le fait que seule la conscience définit la pensée et donc l'idée d'une parfaite transparence à soi-même. La démonstration de la nécessité de l'hypothèse de l'inconscient permet à Freud de défendre dans un second temps sa légitimité. Ceux qui contestent les idées de Freud lui reprochent d' aller au-delà de l'expérience immédiate car il traite de phénomènes non observables immédiatement : pour qu'une connaissance issue de phénomènes devienne objective il faut, préalablement à son étude raisonnée, que celle-ci soit vraie du point de vue de l'expérience. [...]
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