"Premier matin" de Jean-Claude Kaufmann - publié le 07/08/2009

Résumé du document

Premier matin (2002) est un ouvrage de Jean-Claude Kaufmann, sociologue et directeur de recherches au CNRS, spécialisé dans les liens sociaux. Il est également l'auteur d'autres livres sur le couple, tels que La trame conjugale (1997), Corps de femmes, regards d'hommes (2001), ou encore La femme seule et le prince charmant (1999), qui a connu un succès international.

Dans Premier matin, il s'intéresse particulièrement au matin qui suit la première nuit amoureuse, et aux conséquences que celui-ci peut avoir sur la suite de la relation conjugale. En effet, le premier matin a forcément une influence sur le comportement des individus concernés, aussi bien dans les actions quotidiennes, que face à la présence de l'autre personne, ou encore à travers le dédoublement identitaire qui peut avoir lieu à ce moment. C'est à partir de témoignages réels qu'il va tenter de décrire, préciser et analyser les comportements des individus, et l'enjeu présent au premier matin d'un couple.

Extraits

[...] Ainsi, qu'il soit chagrin, enchanté ou anodin, le premier matin présente toutes sortes de situations et sentiments imprévisibles, souvent déterminants dans la suite de la relation. J.C. KAUFMANN souligne donc les influences de ces précieux instants sur l'individu comme sur le couple, en général tout juste formé, et il apparaît alors que ce moment, qui peut tout d'abord paraître moins important que la rencontre ou la nuit en elle-même, se révèle être source de nombreuses interrogations, hésitations, découvertes, de jugements, ou encore d'un certain jeu de rôle annonçant le processus de dédoublement identitaire qui se met en place au premier matin, spécialement quand il y a déjà des sentiments amoureux entre les partenaires. [...]

[...] Parfois, il y a même une contradiction entre les sentiments des deux protagonistes, ce qui engendre alors une certaine ambiguïté. Mais il est difficile de savoir exactement ce que chacun ressentait lors du premier matin, car il y a toujours une sorte de réécriture biographique postérieure, consistant à valoriser les épisodes précédents. Par exemple, le premier matin de Virginie et Léopold ne s'étant pas vraiment bien passé, celle-ci préfère parler d'un autre matin, beaucoup plus heureux, comme étant le premier, car cela semble plus conforme qu'une histoire d'amour commence avec un matin enchanté. [...]

[...] En premier lieu, dans le cas d'un matin plutôt décevant, c'est-à-dire ce qu'appelle J.C. KAUFMANN un matin chagrin le problème du dédoublement identitaire n'est pas le seul à gérer, puisque surgit également un malaise dû à une déception réelle, et même éventuellement des regrets. En effet, ces premiers moments vécus ensemble ne sont pas forcément source de bonheur. Certaines découvertes sur la personnalité de l'autre personne sont tellement contraires à ce à quoi l'on s'attendait, que la seule envie ressentie à ce moment-là est de mettre un terme à la relation. [...]

[...] Effectivement, des personnes préfèrent fabriquer un non-évènement plutôt que d'accepter et reconnaître l'importance de ce qui est en train de se passer pour le couple. Elles vont alors privilégier les actes quotidiens ou les projets à très court terme, grâce auxquels les premières habitudes du couple vont rapidement naître. D'ailleurs, J.C. KAUFMANN souligne un paradoxe puisque lorsque les individus ont l'impression qu'il ne se passe rien et que l'histoire suit tout simplement son cours, c'est que justement il se passe quelque chose de plus fort et exceptionnel, malgré la banalité qu'ils essaient de se créer. [...]

[...] Dans un premier temps, il n'est pas évident que l'amour soit forcément déjà présent, lors du premier matin. En effet, même lorsque la nuit et le matin se passent très bien, il n'y a pas forcément de sentiments amoureux. Par contre, selon J.C. KAUFMANN, il est rare que ces matins-là représentent le début entre deux inconnus, mais il distingue également deux types d'histoires antérieures à la première nuit, c'est-à-dire soit un coup de foudre, soit un sentiment incertain, que l'évènement complique encore plus, en général. [...]