Nous présentons ici la fiche de lecture du texte de Freud, Zur Einführung des Narzismus, dans la version française traduite et publiée dans le recueil La Vie Sexuelle (P.U.F. en 1969) par Jean Laplanche.
Le terme de "narcissisme" a été inventé par P. Näcke en 1899 pour décrire le comportement qui consiste à traiter son propre corps comme celui d'un objet sexuel. C'est l'étude des malades atteints de paraphrénie (c'est-à-dire à la fois les schizophrènes et les personnes atteintes de démence précoce) qui conduit Freud à émettre l'hypothèse de l'existence d'un narcissisme primaire normal (...)
[...] À propos de la formation des névroses, Freud défend dans ce texte le rôle joué par le narcissisme. S'il reste attaché au complexe de castration comme nœud essentiel de l'étiologie de la maladie, il se démarque des psychanalystes emmenés par A. Adler et qui circonscrivent ledit complexe de castration à une protestation virile (autrement dit, la valorisation du pénis : angoisse de castration pour le garçon et envie de pénis pour la petite fille). Pour lui, le complexe de castration est à articuler autour d'une problématique narcissique. [...]
[...] Selon la théorie psychanalytique, une pulsion subit le refoulement lorsqu'elle entre en conflit avec les représentations éthiques et culturelles du sujet. Le sujet possèderait une sorte de conscience morale (p.100) de la même nature que le censeur du rêve (p.101). Il faut donc admettre la subjectivité de ces représentations culturelles, qui varieront naturellement d'une personne à l'autre. Chacun possède donc une représentation idéale de ce qu'il doit être, forgée à partir des représentations et identifications parentales, et que Freud nomme le moi idéal, et qui constitue selon lui le substitut du narcissisme perdu de son enfance ; en ce temps-là, écrit-il, [l'enfant] était lui-même son propre idéal (p.98). [...]
[...] Bertrand Duccini, psychanalyste à Uchaud Sigmund Freud, Pour introduire le narcissisme Fiche de lecture Freud relie aussi la question de l'estime de soi (Selbstgefühl) à une problématique narcissique. Le sentiment de l'estime de soi nous apparaît d'abord comme l'expression de la grandeur du moi ce qui fait qu'il dépend intimement de la distribution de la libido narcissique. Ainsi l'estime de soi est-elle diminuée dans les névroses (investissement de la libido dans l'objet fantasmatique) et augmentée dans les paraphrénies (investissement de la libido dans le moi). [...]
[...] D'un point de vue psychanalytique, en effet, on peut considérer la passion amoureuse comme un débordement de la libido du moi sur l'objet (p.104). Ce débordement supprime les refoulements et rétablit les perversions ; elle élève l'objet sexuel au rang d'idéal sexuel (p.104), en miroir à un idéal du moi que l'on ne peut pas réaliser. L'idéal sexuel vient pallier l'incapacité d'atteindre l'idéal du moi, dont il est le double exact. Dans la passion amoureuse, on s'aime soi-même, plus exactement l'image idéal que l'on a de soi. [...]
[...] C'est fondamentalement un type de choix d'objet narcissique et non par étayage. Outre la passion amoureuse, Freud applique aussi à la compréhension de la psychologie collective le concept de l'idéal du moi. Selon lui, l'idéal du moi concentre une grande quantité de libido homosexuelle, qui est retournée dans le moi. L'insatisfaction qui résulte du nonaccomplissement de cet idéal, libère de la libido homosexuelle, qui se transforme en conscience de culpabilité (angoisse sociale). Cette conscience de culpabilité est dans l'enfance l'angoisse d'être châtié par les parents, puis elle se transfère sur la masse sociale. [...]
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