Les successeurs de Darwin, pensant qu'il existe des capacités innées et universelles de communication et de reconnaissance des émotions via les expressions faciales, semblent parfois oublier l'importance de la verbalisation. En effet, dès l'âge de 2 ans les enfants parlent de leurs émotions et de celle d'autrui, sans besoin d'une reconnaissance faciale (émotions attribuées aux poupées). Ces véritables évocations ne sont pas "scriptuelles" (strictement dépendantes de la situation) mais prennent en compte, dès 3-4 ans, les désirs de l'individu (...)
[...] L'enfant réfléchi mieux sur les émotions lorsqu'il n'a pas à s'inquiéter de sa sécurité. D'autre part une théorie plus cognitivo-développementale insiste sur les discours familiaux : plus on parle des émotions à l'enfant en le faisant réfléchir et se souvenir, mieux il les appréhende. Bien que cela soit plus dur à distinguer empiriquement, des études avec les enfants sourds, avec ou sans langue des signes, confirment l'importance des discours familiaux alors que les traitements actuels sont plutôt basés sur l'attachement. [...]
[...] La compréhension des émotions explique l'image et le comportement de l'enfant en société : celui qui arrive le mieux à reconnaitre les causes externes ou les expressions est souvent le plus populaire. Ses relations sont aussi de meilleure qualité. Au contraire, les enfants problématiques présentent une difficulté de compréhension des émotions. Le Test of Emotion Comprehension (TEC) (Pons, Harris et al., 2003) vise à réunifier la recherche sur les émotions et à situer un enfant dans son groupe de référence (utilité en clinique et en recherche). [...]
[...] La prise en compte des désirs se fait vers 3-4 ans : les enfants comprennent qu'aucune situation n'est nécessairement agréable ou désagréable et que deux personnes ressentent les émotions selon leurs désirs. Ce n'est en revanche que vers 6 ans que les enfants comprennent que des croyances, même erronées, peuvent avoir des répercussions sur des émotions. Cette priorité du désir sur la croyance semble être universelle : les enfants pygmées bakas vivant dans une société camerounaise sans écriture la partagent aussi. [...]
[...] Perspectives actuelles sur le développement de la compréhension des émotions chez l'enfant Harris P. L., Pons F. (2003) Perspectives actuelles sur le développement de la compréhension des émotions chez l'enfant In Collelta J.-M., Tcherkassof A. (2003) Les émotions, cognition, langage et développement, Mardaga, p.209-228. Mots clés : compréhension des émotions, développement, désir, croyance, émotion mixte, TEC (Test of Emotion Comprehension) Résumé Les successeurs de Darwin, pensant qu'il existe des capacités innées et universelles de communication et de reconnaissance des émotions via les expressions faciales, semblent parfois oublier l'importance de la verbalisation. [...]
[...] La compréhension des émotions est essentielle pour l'enfant en ce qu'elle est un facteur de popularité et un gage de qualité dans ses relations sociales. Enfin les auteurs présentent le Test of Emotion Comprehension (TEC) distinguant trois phases hiérarchisées dans le développement de l'enfant à l'aide de neufs composantes. Ce test aurait des applications en clinique et en recherche. Développement et argumentation Si l'hypothèse d'une disposition innée et universelle des êtres humains à reconnaitre certaines émotions de base a séduit les chercheurs après Darwin (1872), l'homme n'en demeure pas moins différent des animaux en ce que sa verbalisation des émotions lui permet de se représenter des situations non présentes ou encore de réguler les processus émotionnels eux-mêmes (réfléchir sur sa peur peut la réguler). [...]
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