Dans son article "Névrose et psychose", publié en janvier 1924, Sigmund Freud reconnaît d'emblée l'incomplétude de sa théorie quant à la provenance et le rôle du surmoi. Néanmoins, il dispose d'éléments d'analyse pour décrire les relations de dépendance du moi et sa position d'intervalle entre le monde extérieur et le ça.
[...] Une série de découvertes issues des expériences cliniques analytiques sont ainsi présentées par Freud. Les névroses de transfert, constituées par un déplacement de libido sur des objets réels ou imaginaires (Laplanche et Pontalis), seraient induites par des motions pulsionnelles du ça que le moi refuse d'intégrer et de convertir en conduites motrices, ou par la contestation du choix d'objet de ces motions. Des mécanismes de défense seraient alors mis en place par le moi, en particulier le refoulement des motions du ça. [...]
[...] Il cherche l'étiologie commune aux psychonévroses et aux psychoses, et la trouve dans le refus, le non-accomplissement d'un souhait d'enfance irrépressible, profondément enraciné dans l'organisation d'un psychisme déterminé par l'évolution de l'espèce humaine et la transmission intergénérations. Ce souhait d'enfance est contrarié par le monde extérieur, mais celui-ci peut manifester le refus par l'intermédiaire de l'instance interne du surmoi, qui représente l'exigence de réalité. La tension conflictuelle qui en résulte va produire un effet pathogène qui dépend de l'attitude du moi. [...]
[...] Néanmoins, il avance un postulat provisoire selon lequel certaines affections ont pour origine un conflit entre le moi et le surmoi. Il tire de son expérience clinique la classification de la mélancolie dans cette catégorie et donne à ce type de pathologie le nom de psychonévroses narcissiques et les distingue ainsi des autres psychoses. Le psychanalyste précise donc sa distinction génétique entre psychose et névrose : La névrose de transfert correspond au conflit entre moi et ça, la névrose narcissique entre moi et sur moi, la psychose à celui entre moi et monde extérieur Freud voit dans cette formule un potentiel d'application pratique qui justifie son modèle de subdivision de l'appareil psychique en moi, sur-moi et ça. [...]
[...] Toutefois, il n'est pas satisfait par la mise en évidence de l'échec du moi dans la formation de compromis avec les autres instances psychiques. Il souhaite savoir dans quelles circonstances et par quels moyens le moi peut réussir à échapper à ces conflits sans entrer en maladie, à réconcilier les instances qui s'opposent de manière perpétuelle. C'est un nouveau champ de recherche qui se dégage ici, où Freud distingue déjà l'importance des conditions économiques, des quantités d'énergie pulsionnelle mises en jeu par chaque instance. [...]
[...] Le moi est ainsi en conflit avec le ça dans les névroses de transfert, parce qu'il tente de se conformer au surmoi et à la réalité. Freud se dirige ensuite vers l'analyse des mécanismes psychotiques induits par un conflit entre le moi et le monde extérieur. Il prend l'exemple de l'amentia de Meynert, une psychose de confusion hallucinatoire aigüe dans laquelle le monde extérieur n'est pas perçu, ou est aperçu, mais n'est pas intégré par le moi. Freud s'appuie sur ses connaissances de l'appareil psychique normal pour comprendre les processus pathologiques en jeu. [...]
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