Marie Cardinal est née le 9 mars 1929 à Alger et est décédée le 9 mai 2001 à Valréas. Des mots pour le dire est son cinquième roman, parut en 1975, il a reçu le Prix Littré 1976. Elle s'est mariée et a eu trois enfants. Elle a fait des études universitaires et a été professeure de philosophie avant de se consacrer entièrement à sa carrière d'écrivaine.
Ce roman est autobiographique et raconte le travail psychanalytique de Marie Cardinal vers l'âge de 30 ans après avoir failli sombrer dans la démence.
[...] C'est cet événement traumatisant qui lui a causé son hallucination. Il est très intéressant de noter l'importance des associations libres dans la thérapie et comment rien n'est raconté au hasard, comment chaque mot a son poids, sons sens et sa symbolique. Lorsque le docteur lui demande de dire tout ce qui lui passe par la tête sans en faire le tri, sans réfléchir ni arranger ses phrases elle écrit ‘C'était le seul remède qu'il me donnait et je m'en gavais.' Au-delà de la peur On entre alors dans une partie du récit où elle raconte une suite de souvenirs et de considérations liés à sa mère. [...]
[...] Elle a une deuxième angoisse alors qu'elle perd son pucelage et cela constitue pour elle une transgression des principes de sa classe sociale et de l'éducation qu'elle a reçue, principalement par sa mère. Elle écrit alors savais bien que j'entrais par la mauvaise porte dans le monde du sexe', et elle fait un rapprochement entre ses débuts sexuels et les femmes qui étaient de passage chez son père et qui avaient sûrement débuté comme elle. Elle raconte ensuite comment la chose s'est installée ces dix dernières années, insidieusement, inconsciemment, et comment elle s'est immiscée dans sa vie, entre son travail de professeur, son mari, ses enfants. [...]
[...] Or, il arrive un jour où même les traitements physiques deviennent trop excessifs, et où elle ne sait même plus comment lutter contre cette maladie physique. Elle n'a alors plus d'autre recours que de se tourner vers son réel malaise, celui qui tourmente son âme et qui est la cause de ses douleurs physiques, mais qui est bien plus difficile à exprimer parce qu'avec des mots, et bien plus difficile à guérir parce qu'inconscient. Elle écrit je n'avais pas eu la chance de tomber profondément dans la maladie, je n'aurais peut-être pas eu la force d'aller au bout de l'affrontement avec moi-même.' Le contrat thérapeutique est clair et se noue dès le départ. [...]
[...] C'est pourtant grâce à la saloperie de ma mère que j'ai pu, beaucoup plus tard, sur le divan de l'impasse, analyser plus facilement le malaise de toute ma vie antérieure, cette inquiétude constante, cette crainte perpétuelle, ce dégoût de moi, qui avait fini par s'épanouir dans la folie. Sans l'aveu de ma mère, peut être ne serais-je jamais parvenue à remonter jusqu'à son ventre, à retourner vers de fœtus haï, traqué Aujourd'hui je ne considère plus la ‘saloperie de ma mère', comme une saloperie. C'est une importante péripétie de ma vie. Je sais pourquoi cette femme a fait ça. Je la comprends.' Il est important de noter que c'est à cet endroit-là que ce dénoue une part importante de son malaise psychique. [...]
[...] Elle raconte alors comment elle a cherché par tous les moyens à faire une fausse couche sous la forme d'un accident acceptable vis-à-vis de sa religion. Elle raconte à sa propre fille comment elle a tenté d'avorter d'elle dans y parvenir. Elle aura finalement des menstruations tardivement, vers 20 ans et elle haïra sa mère lorsqu'elle-même sera enceinte de son premier enfant, en imaginant comment sa mère a tenté de tuer l'enfant qu'elle portait, avec autant d'acharnement. Les conséquences immédiates de cette révélation ont été un profond dégoût d'elle-même, le sentiment de ne pouvoir plaire, de ne pouvoir être que rejetée. [...]
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