Mallon aborde cette notion de « mondes privés » à travers l'observation de trois types de résidents de maison de retraite. Ceux qui s'investissent énormément dans l'institution, ceux qui investissent peu mais qui donnent priorité à leur autonomie et enfin, ceux pour qui l'instabilité et le déséquilibre ont pris le dessus (...)
[...] Elles ne choisissent même pas le lieu géographique où elles vont vivre, elles sont conduites vers les institutions disposant de places. Les enfants pour choisir le lieu optent pour la proximité de leur domicile plutôt que la proximité de l'ancien domicile du parent. Ils privilégient leur devoir (rendre visite régulièrement) aux souhaits et désirs de leur parent. L'adaptation sera alors d'autant plus difficile que les repères extérieurs n'existent pas. La chambre de ces résidents est souvent dépouillée, peu de meubles et de décor marquent un refus de mener une vie normale à l'intérieur de l'institution. [...]
[...] De ce fait, bon nombre d'entre eux cessent de revendiquer car ils n'ont pas les ressources nécessaires pour cela. Ils préfèrent alors opter pour des stratégies leur permettant par exemple de garder la chambre en jouant sur la maladie, ce qui leur permet d'avoir les repas dans leur chambre et d'éviter certaines contraintes. Cependant, la plupart des fuites se font par l'imaginaire, les personnes se réfugient dans leur passé plus agréable que la vie présente, se remémorent des souvenirs agréables, mais cette fuite se fait au prix d'une indifférence totale au présent. [...]
[...] Le résident s'y sent en sécurité en comparaison à son ancienne vie parfois précaire et inquiétante. Ceux qui ont encore une famille la voient environ tous les quinze jours à l'intérieur de l'établissement ou au domicile des enfants mais quels que soient les rapports avec cette famille, elle sera de toutes façons moins sollicitée que l'institution afin de ne pas déranger. Ainsi, le lien avec l'extérieur se fait soit de façon autonome en sortant de temps en temps faire quelques courses ou simplement une promenade, soit par l'intermédiaire de l'institution au travers de soirées à thèmes organisées (chinoises, italiennes Malgré cette présence importante de l'institution, ces résidents ne la trouvent pas envahissante et ne s'y sentent pas emprisonnés. [...]
[...] Nous voyons donc que pour ces personnes, l'institution est peu investie. On y établit de prudentes relations en prenant toujours bien soin de ne pas faire concurrence aux proches de longue date avec qui l'on continue d'entretenir des relations essentielles et qui représentent l'aspect le plus précieux de cette nouvelle vie. Une vie équilibrée entre le dedans et le dehors, entre aujourd'hui et autrefois, entre le réel et l'imaginaire Les résidents construisent donc une vie équilibrée entre le dedans et le dehors et entre le passé et le présent. [...]
[...] La construction d'un monde personnel dans la maison de retraite est aujourd'hui possible et même recommandé (p. 106). Ces personnes ne ressentent que peu de contraintes malgré les règles bien réelles existant dans ce type d'établissement. L'auteur suggère que ces contraintes étant bien intégrées, elles ne sont plus ressenties comme telles. Seuls les horaires des repas, surtout s'ils sont atypiques, gênent ces résidents. Les ateliers et animations ne constituent pas l'occupation principale de ces personnes et elles ne songent aucunement à se présenter aux postes que l'institution réserve aux résidents. [...]
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