On constate un allongement de l'adolescence qui s'accompagne d'une dissociation avec le temps physiologique de la puberté. La fin de l'adolescence surtout pose question: quand intervient-elle ? De ce fait, on peut affirmer que l'adolescence devient essentiellement un phénomène psychosocial. Dans le même temps, les rapports entre parents et enfants changent beaucoup, avec un effacement des barrières intergénérationnelles. Les interdits et les limites déclinent alors qu'on assiste à une montée en puissance des exigences narcissiques. Les besoins de dépendance de l'adolescent ne s'expriment plus dans la soumission aux contraintes ou dans l'adhésion aux valeurs de la société, et vont donc ainsi s'exprimer au grand jour.
[...] "Évolution des problématiques à l'adolescence - l'émergence de la dépendance et ses aménagements" de Philippe Jeammet et Maurice Corcos Lecture analytique La classe des jeunes un phénomène psychosocial récent L'émergence d'une classe des jeunes s'est faite dans le contexte de l'adolescence des baby-boomers: ce sont les fameux teenagers. On constate un allongement de l'adolescence qui s'accompagne d'une dissociation avec le temps physiologique de la puberté. La fin de l'adolescence surtout pose question: quand intervient-elle ? De ce fait, on peut affirmer que l'adolescence devient essentiellement un phénomène psychosocial. [...]
[...] On assiste à une dimension autodestructrice et d'autodestruction des potentialités du sujet, qui concerne essentiellement les activités et les potentialités investies auparavant par le sujet et par ses parents. L'énergie qui nie porte en elle l'objet du ressentiment. Le sujet cache dans sa négation son envie. (p.45) Les échanges relationnels vivants sont remplacés par le repli sur soi et sur des objets de substitution: drogue, alcool, aliment, préoccupation dysmorphophobique, symptôme . Nous sommes ici dans une relation de maîtrise. Ces adolescents se créent une identité négative, qui se soutient du seul refus. [...]
[...] On est en fait dans le registre du paradoxe qui pourrait se formuler de la façon suivante: "ce dont j'ai besoin, cette force qui me manque pour être autonome et que je prête aux adultes dont je dépends, parce que j'en ai besoin, et à la mesure même de ce besoin, c'est ce qui menace mon autonomie." (p.34) La peur d'être débordé et de perdre le contrôle de la situation est une crainte majeure du moi adolescent, ce qui se traduit par la peur de devenir fou, la gêne de se montrer en public, la gaucherie, la peur de rougir, mais aussi par la compulsion à se regarder dans le miroir, le sentiment de ne pouvoir cacher ses émois, d'être transparent ou deviné, ou encore une peur de s'endormir et une inversion des rythmes veille / sommeil. L'aménagement de la dépendance Malgré les différences (de sexe, de milieu social . il existe une communauté d'enjeux dans l'adolescence, qui fait de cet âge une période critique à risques spécifiques. Si dans la majorité des cas, les adolescents vont bien, il y a une possibilité de conduites pathogènes susceptibles de réorganiser la personnalité autour d'elles et de figer l'adolescent dans la répétition de ces conduites. [...]
[...] La question de l'aménagement de la dépendance rejoint la question centrale de la maîtrise du lien et du contrôle de la distance aux autres. Le Moi cherche à rendre dépendant de lui l'objet dont lui-même dépend. L'aménagement de la dépendance peut se faire par les défenses psychiques. Dans leur caractère archaïque, que ce soit sur le plan psychique ou comportemental, ces défenses s'expriment préférentiellement par des couples d'opposés (par exemple, idéalisation / dénigrement) et par le clivage (par exemple, la fusion.) Il y a un appel à l'aide dans l'idéalisation, puisque c'est contre-investir la destructivité interne. [...]
[...] Deux points de vue sur l'adolescence en psychanalyse En psychanalyse, on trouve deux points de vue sur l'adolescence, qui sont plutôt complémentaires. D'une part, l'adolescence est vue comme la répétition et le deuil de l'enfance L'adolescent va mettre à l'épreuve les acquis essentiels qui se sont produits dans l'enfance et va en révéler les faiblesses. L'adolescence est une période de retour du refoulé, d'où la proximité des fantasmes incestueux et parricidaires. Il y a donc un travail de transformation et de maturation propre à l'adolescence, qui permet: -l'intégration du nouveau corps pubère, -l'achèvement des identifications sexuées, -l'autonomisation et la séparation d'avec les objets parentaux. [...]
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