Freud nous livre un véritable « manuel de la formation de la pensée » qui, s'il utilise encore beaucoup des termes neurologiques, fait déjà une bonne place aux processus inconscients. Nous retrouvons en effet dans ce travail l'essentiel des fondements de la psychanalyse :
- le point de vue économique sous-tendu par la surdétermination de représentations avancées à la manière d'écran dissimulant des éléments refoulés de nature sexuelle
- le continuum normal-pathologique.
Nous notons les prémices de la dualité pulsionnelle, que Freud ne développera que bien plus tard : la pulsion de mort associée au Principe de Nirvana : retour à l'état inorganique. Freud l'explique ici comme une tendance du système nerveux à l'inertie, c'est à dire, au niveau 0. La décharge de l'excitation nerveuse correspond au fonctionnement primaire du psychisme.
[...] Le frayage permettrait d'abaisser au minimum les barrières de la conscience.[9] Je comprends cela comme lorsqu'un événement nous fait pleurer : la puissance du souvenir lié au frayage entraîne une déliaison de déplaisir et suscite la réaction de décharge. - Freud résume en quelques lignes l'essentiel de ce qui constituera la trame de l'Interprétation des rêves lorsqu'il évoque le parallèle entre les processus du rêve et les mécanismes des psychonévroses[10]. Il explique l'émergence du rêve par la baisse de l'excitation intrapsychique du fait du retrait volontaire du Moi. [...]
[...] Ceci nous permet de définir la psychose comme une défaillance de la fonction du Moi face aux perceptions internes et externes. Le processus du jugement constitue donc une émanation du Moi permettant de mettre en balance le souhait et sa réalisation. À nouveau c'est l'observation du décalage entre les deux , provoquant une frustration, qui motive le travail de la pensée[15]. Les processus secondaires se caractérisent selon moi par un mode d'accès à la satisfaction, qui passe par l'action sur la réalité contrairement au principe de plaisir se contentant d'une reproduction hallucinatoire du désir. [...]
[...] - la douleur constitue pour lui un affect prototypique dans la mesure où il laisse facilement voir ses traces. Ses frayages pourraient être comparés selon moi à des séquelles (dans le langage courant) provoquant la reviviscence de la même intensité d'affect dans des situations analogues (par un ou plusieurs aspects). Plus loin, Freud explique que la douleur venue de l'extérieur entraîne une effraction du dispositif-écran soit du parce-excitation et entraîne une déliaison de déplaisir. Nous pouvons l'entendre comme le modèle prototypique de l'action traumatique, lorsque la quantité d'excitation dépasse le seuil supportable pour le Moi. [...]
[...] Par l'énonciation, les mots accèdent à une réalité pour l'individu et permettent la constitution de la mémoire[20]. Dans sa deuxième partie, Freud tente de comprendre le fonctionnement des névroses avec l'appui des conceptions économiques avancées auparavant. Il décrit les représentations surfortes, que nous pouvons entendre comme symptômes, c'est-à-dire des signifiants, maillons de la chaîne signifiante.[21] Selon Freud la névrose simple se définit par la présence d'une contrainte persistante et incompréhensible à premier abord[22], qui révèle en négatif la présence d'un refoulement. [...]
[...] - l'affect a une place particulière dans cet ouvrage. Défini comme la reproduction des traces d'expériences vécues, il se rapproche du processus primaire non inhibé »[19]s'apparentant à une décharge de l'excitation qui court-circuite la pensée en court. Les processus secondaires tentent donc empêcher la déliaison d'affect. Dans la cure, la résurgence de l'affect, constituée par la verbalisation d'éléments sensoriels, accompagnés d'une sensation de déplaisir et d'une tendance à la décharge, tandis que la pensée est interrompue, marque le retour du refoulé - Le recours aux mots est pour Freud un moyen privilégié d'éconduction de la pensée. [...]
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