Nous avons choisi d'étudier « Asiles, Etudes sur la condition des malades mentaux » de Erving Goffman (1968). Nous tenons à souligner que « Asiles » n'est pas unanimement considéré comme une œuvre susceptible d'apporter une contribution à la théorie des organisations et aux sciences de gestion. Certains auteurs considèrent en effet que le travail de Goffman s'apparente plus à une théorie du moi. Nous pensons pourtant que « Asiles » constitue une référence incontournable en théorie des organisations et nous nous attacherons à le démontrer dans la quatrième partie de cette note de lecture.
[...] - l'embrigadement : l'activité du reclus est entièrement soumise à la réglementation et au jugement de l'autorité. En conclusion de cette description des diverses techniques de mortification, Goffman souligne que l'élément commun à tous ces procédés est la perte de l'autonomie. Par ailleurs il relève que les institutions totalitaires proposent une justification rationnelle à ces mortifications propres à chaque type d'institution ; ainsi dans les institutions religieuses elles ont pour objectif d'influer sur la personnalité, dans les camps de concentration elles ont pour unique raison d'être leur caractère mortifiant L'institution a forcé le reclus à se défaire de son ancienne personnalité et c'est le système des privilèges et des adaptations secondaires qui vont constituer l'édifice à l'intérieur duquel la recomposition de la personnalité va se réaliser. [...]
[...] Goffman relève qu'il existe au sein de chaque institution des pratiques qui conduisent à un abandon des rôles autrement dit qui tendent à rapprocher les membres du personnel des reclus. Il peut s'agir de l'existence d'un journal intérieur, de réunions (de type thérapies de groupe de compétitions sportives ou encore de fêtes. Il existe d'autres rites institutionnels permettant de créer plus directement une certaine unité entre personnel et reclus : il s'agit de toutes les activités servant la présentation de l'institution. [...]
[...] Il met tout d'abord en exergue le fait que l'activité du personnel repose sur le matériau humain. Autrement dit le personnel travaille sur des objets qui sont des hommes et qui peuvent revêtir les mêmes caractéristiques que des objets inanimés. Cependant ce sont les caractéristiques spécifiques du matériau humain qui déterminent l'univers professionnel du personnel. Effectivement, le personnel est tenu de respecter les principes d'humanité autrement dit certaines règles et droits du reclus. Cela le confronte naturellement à différents dilemmes (par exemple ouvrir la grille du parc à l'intention des malades autorisés à sortir implique l'enfermement de patients qui auraient pu sortir dans l'enceinte du parc). [...]
[...] Cependant une lecture attentive de l'œuvre révèle que tout en élaborant une théorie du moi, Erving Goffman s'est livré à une analyse scrupuleuse d'un grand nombre de concepts fondamentaux en théorie des organisations tels que la notion de hiérarchie, les relations de pouvoir entre individus, le développement de systèmes informels au sein des organisations ainsi que l'existence de structures à dominante idéologique. Erving Goffman, Asiles, paris, Editions de minuit p.41 Ibid., p.45 Ibid., p.46 Goffman appelle reclus les personnes dirigées. C'est à dire un genre de vie et un ensemble d'activités jugées valables jusqu'au moment de l'admission Erving Goffman, op. cit., p.55 Erving Goffman, op. [...]
[...] Erving Goffman se centre non sur l'individu, mais sur l'interaction, usant de métaphores didactiques. Avec La présentation de soi (la mise en scène de la vie quotidienne, tome il développe la métaphore théâtrale, considérant les personnes en interaction comme des acteurs qui mènent une représentation. Dans Les rites d'interaction, il parle de métaphore du rituel pour rendre compte des rencontres face à face. Après un séjour à Harvard, au Center for International Affairs, il occupera une chaire à l'université de Pennsylvanie. [...]
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