La mélancolie constitue un mystère qui traverse tous les siècles. Aristote lie mélancolie et génie créateur lorsqu'il considère, dans son ouvrage, que les hommes d'exception sont tous mélancoliques. Leurs dons supérieurs à la moyenne seraient dus à la présence non excessive de bile noire. Une trop forte concentration de cette humeur pourrait par contre entraîner un mal-être profond allant jusqu'à la folie, provoquer des crises d'épilepsie…
Freud s'empare du sujet en 1917 dans « Deuil et mélancolie ». Cet ouvrage fait partie du recueil Métapsychologie, écrit entre 1915 et 1917. Il aborde tour à tour les concepts fondamentaux du système psychanalytique : la dualité des pulsions, l'explication du refoulement qui implique l'existence d'un inconscient, et le travail du rêve. Ce thème fait écho au deuil de masse de la Première Guerre mondiale, dont la violence extrême a fortement désillusionné Freud, qui souffrait en outre de la peur de perdre ses deux fils aimés, mobilisés au front.
[...] L'auteur avance l'hypothèse de la répétition d'un traumatisme originaire sans représentation, déclencheur de l'épisode mélancolique[6]. La suite des travaux de Freud met en exergue un nouveau visage de la mélancolie, non plus comme processus pathologique, mais comme phénomène fréquent et typique contribuant à la formation du caractère. En s'identifiant à l'objet perdu le Moi tenterait de se faire aimer du ça afin de l'inciter à abandonner ses investissements objectaux soutendus par des motions érotiques. Ainsi, l'issue du complexe d'Œdipe ressortit du double conflit identificatoire aux imagos parentales permettant au sujet de se séparer d'elles tout en les gardant vivantes à l'intérieur de lui. [...]
[...] Même si Freud décrit des formations délirantes dans la mélancolie : délire de petitesse la crainte délirante du châtiment il crée une entité nosologique particulière pour cette affection qu'il nomme psychonévrose narcissique puis névrose narcissique du fait des instances en jeu : la mélancolie résulte selon lui du combat entre le Moi et le Surmoi, défini comme une partie inconsciente du Moi concentrant les exigences et interdits parentaux. Tandis que dans la psychose la lutte se situe dans les relations du Moi avec la réalité extérieure et aboutit à une néo-réalité interne construite de toutes pièces. Aujourd'hui encore les débats se poursuivent pour déterminer à quel type de structure appartient la mélancolie. Marie-Claude Lambotte, professeur de psychopathologie à l'université de Paris XIII, récuse l'hypothèse de la psychose. Elle privilégie une approche phénoménologique. [...]
[...] Deuil et mélancolie, Sigmund Freud La mélancolie constitue un mystère qui traverse tous les siècles. Aristote lie mélancolie et génie créateur lorsqu'il considère, dans son ouvrage, que les hommes d'exception sont tous mélancoliques. Leurs dons supérieurs à la moyenne seraient dus à la présence non excessive de bile noire. Une trop forte concentration de cette humeur pourrait par contre entraîner un mal-être profond allant jusqu'à la folie, provoquer des crises d'épilepsie Freud s'empare du sujet en 1917 dans Deuil et mélancolie Cet ouvrage fait partit du recueil Métapsychologie, écrit entre 1915 et 1917. [...]
[...] Le processus de création apparait selon lui comme une tentative de mise en ordre du chaos interne pour éviter le débordement pulsionnel engendré par la montée des pulsions destructrices Aristote (pseudo-), L'Homme de génie et la mélancolie, traduction et présentation par J. Pigeaud, Paris : Rivages Poche Freud S.(1917), Deuil et mélancolie in Métapsychologie, p Freud S.(1917), Deuil et mélancolie in Métapsychologie p Kernier N. de, Marty F., Chambry J., Chambry S. (2005), Tentative de suicide et processus identificatoire à l'adolescence, La psychiatrie de l'enfant, P.U.F 89-114. Freud, S. (1973) Névrose et psychose in Névrose, psychose et perversion, Paris: P.U.F p Lambotte, M-C. (2009), La mélancolie, névrose ou psychose? Psychanalyse Freud S. [...]
[...] Le caractère archaïque de l'identification est souligné par Freud qui le considère comme une des premières formes de lien du bébé à ses parents. Le détachement de la libido de l'objet lors de la régression narcissique entraîne une déliaison pulsionnelle, et une libération des pulsions de mort dirigées originellement vers l'objet de désir, qui étaient jusqu'à présent liées aux motions d'amour du fait de l'ambivalence présente dans toute relation d'objet. La voie est donc dégagée pour le déferlement de cette haine contre l'objet logé dans le Moi, sous la forme d'une violence sauvage d'un monde sans langage selon l'expression de C. [...]
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