« Désenchantement » est un terme emprunté à Marcel Gauchet qui l'applique à l'évolution des sociétés modernes et post-modernes. Il s'agit de la déception et du désemparement qui caractérisent notre époque en matière de valeurs et de croyances collectives.
Guillaumin pense à quelque chose de voisin qui s'applique au devenir psychique des adolescents. Il admet deux origines au désenchantement adolescent : D'un coté il appartient à toute adolescence d'accomplir la séparation par rapport à l'environnement familial, d'où la nécessaire élaboration d'une perte. D'un autre coté la société offre aux adolescents et post-adolescents qui doivent gérer cette perte, une sorte de compensation, un réenchantement par l'adhésion à des valeurs et des buts collectifs qui récupèrent à leur profit les énergies psychiques désorganisées qui autrement seraient vouées à la dépression (...)
[...] Ces dernières évoluent très souvent soit dans le sens d'une rapide séparation (acting), soit dans le sens de la recherche d'un appui direct et amical, nuancé d'admiration et de confiance parfois agressive, pris sur le thérapeute. On passe souvent d'un transfert technique à un transfert pédagogique (comme la vie en donne normalement l'exemple). La fiabilité du thérapeute est là essentielle et notamment ses propos et sa conduite appuyés sur son apprentissage professionnel exigeant Le contre-transfert à l'égard de l'adolescent en affaire avec la drogue La question du contre-transfert à l'endroit du jeune drogué est fondamentale. Et notamment le contre-transfert des parents eux-mêmes. [...]
[...] Gutton, Guillaumin considère que l'adolescence se termine au moment où l'égalité corporelle et mentale entre les deux générations est atteinte. Ensuite il y a une autre étape qui est celle de l'introjection profonde qu'appelle désormais la perte de cette différence, voire son renversement en son contraire. Le problème des suites de l'adolescence est bien celui du deuil des objets omnipotents de l'enfance. Ce travail doit opérer sur la matière vive, confuse, mêlée d'un irreprésenté gros de l'héritage de la perte de la croyance dans les parents de l'enfance. [...]
[...] Cela implique une orientation en direction du contrôle et de la maîtrise de la relation (rapport avec l'analité). Ça montre d'ailleurs où s'est arrêté le travail de réintériorisation des objets naguère incorporés et idéalisés dans la latence puis expulsés à l'issue de l'adolescence. Il s'agit de réintégrer dans l'identité des composantes pulsionnelles qui ont dû en rester exclues à la fin de l'adolescence. Exemples de procédés. La fragmentation des relations d'objets qui investit divers partenaires ; le sujet en contrôle le sens général. [...]
[...] A l'adolescence l'investissement esthétique est assez proche de la recherche philosophique, religieuse, idéologique, philosophique. La différence essentielle c'est que dans l'expérience esthétique on attribue une sorte de transcendantalité permanente à au moins un morceau de la réalité perceptive. Cette réalité perceptive spécifique l'objet esthétique est étroitement subordonnée à l'état psychique particulier qui peut produire ou reproduire sa rencontre. Au contraire sur le versant mystique ou religieux l'élation spirituelle ne réclame pas d'autres conformités au réel que celles que le rite institue. [...]
[...] Ces syndromes traumato-déficitaires se retrouvent dans l'adolescence et la post-adolescence sous la forme de fonctionnement sans gros problème donnant cependant le sentiment d'une individuation indéfiniment incomplète, où une sorte d'anaclitisme persistant est de règle. Guillaumin évoque le rapprochement avec les états-limites et les personnalités dépressives. Il note toutefois que leur origine est double : On trouve des sujets chez qui l'excès et la désorganisation chronologique des rencontres traumatiques avec le réel (intervenues à contre temps) ont empêché la mise en place de structures psychiques souples et assez fermes. [...]
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