A l'aide de sa méthode de travail, le sociologue va centrer son travail autour d'une question intrigante : comment se fait-il que des enfants de milieux populaires accumulant tous les handicaps familiaux (parents d'origine étrangère, niveau de revenu, position professionnelle peu élevée des parents…) peuvent se retrouver aux premières places de leur classe, tandis que d'autres, mieux dotés (meilleur logement, parents mieux diplômés…) sont sur le point de redoubler ou accumulent les mauvaises notes en classe ?
Si les statistiques prônent le niveau socio- culturel dans l'explication de « l'échec » et de la « réussite » scolaire des enfants, Bernard Lahire tient à entrer dans le détail et comprendre, à l'aide d'autres critères, pourquoi, dans le milieu populaire à première vue homogène (à cause de leurs revenus et leur niveau scolaire proche), certains élèves s'en sortent et d'autres non. Que se passe t-il vraiment au sein des différentes configurations familiales (combinaison spécifique de traits généraux) et à quel(s) endroit(s) se cache l'hétérogénéité de ce milieux précaire, occultée et masquée par certaines formes de sociologie ?
[...] Mais pas l'unique transmission du patrimoine culturel des parents aux enfants ; NON, il s'agit d'un héritage bien plus ample que cela. L'enfant intègre en lui l'éthos familial (c'est-à-dire l'ensemble des valeurs) qui lui sont transmises inconsciemment. Inversement, l'enfant ne recevra pas l'éthos de la (ou des) personne dans sa famille si celle-ci est indisponible. C'est le cas, avec l'exemple du patrimoine culturel parental, du portrait d'une famille d'origine kabyle. L'élève, Smaïn a obtenu 4,3/10 à son évaluation et se trouve en situation d'échec à l'école. [...]
[...] Que se passe-t-il vraiment au sein des différentes configurations familiales (combinaison spécifique de traits généraux) et à quel(s) endroit(s) se cache l'hétérogénéité de ce milieu précaire, occultée et masquée par certaines formes de sociologie ? L'enquête L'echantillon Pour répondre au mieux à sa problématique, tout en mettant en avant son intérêt pour l'individu, Bernard Lahire décide de mener son enquête à l'aide d'entretiens réalisés directement au sein de 26 familles minutieusement choisies. Pour ce fait, le sociologue a évidemment choisi des enfants issus de familles précaires afin de répondre le plus justement possible à son objet d'étude qui est le milieu populaire. [...]
[...] Bernard Lahire est contre ça. Si pour lui les statistiques peuvent être un bon point de départ et un outil important dans une enquête, il ne conçoit pas que l'on puisse s'arrêter à cette simple méthode. Il va même utiliser, pour introduire une partie de son ouvrage évoquant les statistiques, une phrase de L.Wittgenstein qui dit clairement au lieu de désir de généralisation, je pourrais tout aussi bien parler de mépris pour le cas particulier suivi page 30 du propre commentaire de l'auteur parce qu'on a affaire à des êtres sociaux et non à des choses ! [...]
[...] Lorsqu'ils vérifient leurs devoirs mais ne restent pas constamment derrière eux, qu'ils les valorisent s'ils ramènent de bonnes notes l'enfant deviendra autonome et comprendra qu'il travaille pour lui et non pour ses parents. Inversement, si les parents (par amour trop développé pour le chouchou ou au contraire par manque de confiance envers leur enfant) se sur- investissent dans la scolarité de l'élève, surveillent les devoirs, punissent lorsqu'il y a mauvaises notes, donnent beaucoup d'exercices en plus, vont trop aider leurs enfants dans leurs devoirs L'enfant va devenir dépendant de l'adulte, il n'arrivera pas à travailler seul, à se motiver seul, il aura toujours besoin du maître derrière lui à l'école (or celui-ci ne peut aider individuellement chaque élève tout le temps) C'est le cas de Ryad, dans le portrait qui est le petit dernier. [...]
[...] Bernard Lahire choisit de retranscrire ses entretiens en mêlant le style direct et le style indirect. Il laisse très souvent les phrases intactes, telles qu'elles ont été prononcées par une personne interrogée, afin de nous rendre compte des difficultés de français de certaines familles, ou de mieux comprendre dans quel environnement vit l'enfant. Au hasard, je vais mettre des phrases écrites en style direct dans le livre pour vous montrer un peu ce que peut contenir l'ouvrage : p.108 il est un p'tit peu bordélique. [...]
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