L'auteurs de ce livre, nous fait remarquer que la pensé occidentale ne parvient pas à penser sans fondement, par crainte de manque d'objectivisme dû à l'angoisse cartésienne , le nihilisme constitue une réponse en recherchant un nouveau soubassement, définitif, solide et infranchissable afin d'éviter l'obscurité, le chaos, et la confusion. Une peur de l'avidité mène à une quête d'objectivité même si nous savons pertinemment qu'il n'est possible d'en trouver. Pour un chercheur occidental, la simple absence de socle objectif est banalisé, mais bien au contraire d'après Varela, elle constitue une opportunité inouï et il réalise cela comme positif car cette conjoncture peut servir de point de référence et donc de « fondement ». D'ailleurs, ce biologiste explique qu'il ne faut pas craindre le manque d'objectivité, car de toute façon là où la recherche trouve un point de référence absolu, cela constitue en fait une interprétation plaquée sur un processus impersonnel indéfiniment mouvant. En reprenant la pensé de Nietzsche, il perpétue le fait de ne pas renoncer à l'esprit avide à l'origine du nihilisme. Cette interrogation cartésienne relative à une distinction ontologique entre la pensé et le corps, sont le reflet d'une attitude particulière abstraite, un mode de pensé désincarner. En adoptant ce genre de position, la recherche reste prisonnière d'un point de vue très spécifique, chargé de présupposés, qui sont d'autant plus intrusifs que cette opinion est ignorante d'elle-même.
[...] L'inscription corporelle de l'esprit Présentation de l'auteur : Francisco Varela né en 1946, chercheur chilien décédé à Paris le 28 mai 2001 dont les idées circulent depuis une vingtaine d'années dans la recherche cognitive et au delà. Ce chercheur était formé à l'immunologie, aux neurosciences, à la phénoménologie de Merleau-Ponty et Husserl, et à la méditation bouddhique. Varela n'a cessé dans ses travaux au Chili, aux Etat unis et en France – au CNRS et au CREA- d'interroger la cognition et les différents modèles construits pour la comprendre, laissant une œuvre polymorphe et influente sur plusieurs discipline, dont la base est une thèse philosophiquement forte qu'il s'agira de présenter et de discuter, en basant mon propos principalement sur un ouvrage traduit en français : « l'inscription corporelle de l'esprit » paru en 1991 et traduit en 1993 aux éditions Seuils, en collaboration avec Evan Thompson et Eleonor Rosch. [...]
[...] Nous circulons entre ces deux formes de notre corporéité. Cette idée rejoint celle de Merleau Ponty qui pense que le sujet a la faculté de s'accoutumer à cet espace et ainsi de changer soudainement de niveau spatial pour investir le monde présenté. Un niveau spatial est un nouvel ordre d'actions, un certaine possession du monde par le corps, et inversement. Nous sommes dans un monde qui semble avoir été là, avant que la réflexion ne commence, mais celui-ci n'est pourtant pas séparé de nous, la reconnaissance de ce cercle ouvre un espace entre soi et le monde, révèle un entre deux. [...]
[...] L'enaction dans la vie opératoire Les problèmes épistémologiques, qui se traduisent par des problèmes de logique formelle et aussi des dynamiques de câblages neuronaux, sont surtout " plombés " par notre habitude et attachement à confondre désignation et réalité : la fonction du langage dans la cognition est à la fois source permanente de production de catégories, mais aussi et en même temps décomposition/recomposition intégrative de celles ci (qui par ailleurs correspondent à des nominations relativement stables dans le langage). L'hypothèse que les niveaux d'implémentation, entre soft et hard. Donc parler de l'ordinateur « neuronal », c'est déjà plonger dans la perplexité la moitié des chercheurs du domaine, pour lesquels ce que fait le cerveau n'est plus directement pertinent pour comprendre la cognition mais la manière d'appréhender ces informations. Plutôt que de travailler avec des symboles et des règles, il faut travailler avec des systèmes formés de variables réelles en utilisant des équations différentielles. [...]
[...] Il est apparu, avec le travail de Thelen, que si les expériences utilisant une mesure de l'attention visuelle des enfants qui ne sont pas encore doués de capacités motrices ont pu servir à la critique de la théorie piagétienne de l'origine sensori-motrice de la connaissance, c'est parce qu'elles sont interprétées dans un cadre conceptuel bien particulier, possiblement partagé par les empiristes, qui appréhende la connaissance en terme de représentation. La simple question de savoir si le concept d'objet ou tel aspect de ce concept est inné ou acquis ne se pose que dans un cadre de pensée représentationniste Non représentationnisme et cognition incarnée sont les maîtres mots de la théorie de l'énaction. Un processus de co-dépendance peu se lire dans l'analyse de la relation entre la perception et le mouvement. [...]
[...] C'est pourquoi il entend moins imposer ou instituer une nouvelle façon de voir que pallier une lacune méthodologique. Le paradigme de l'énaction est cette réponse qui consiste à voir la cognition autrement que comme système de règles formelles, et autrement que comme un réseau de neurones. La méthode qu'il prône, pour étrange qu'elle soit, est celle de la méditation bouddhique. Proche de la phénoménologie qui entend revenir aux choses mêmes telles qu'elles se manifestent pour nous, cette attitude de recherche met à bas toute velléité d'accéder à un quelconque fondement stable et universel. [...]
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