Les théories naïves biologiques chez les enfants de 6 ans

Résumé du document

Le développement des connaissances chez l'enfant ne se construit pas uniquement sur la base d'un enseignement. En effet, l'enfant acquiert des notions intuitives par l'observation quotidienne du monde qui l'entoure. Selon Wellman et Gelman en 1992 « les enfants possèdent des théories sur certains aspects du monde ». Les enfants produisent des inférences par lesquelles des connaissances spécifiques se trouvent en situation d'être généralisées à des secteurs plus larges. Ce type de connaissances est appelé théorie naïve, cette explication mentale justifie les connexions entre traits d'un concept pour un schéma causal explicatif (un concept étant une représentation mentale décrite sous forme d'une liste de traits pour Murphy en 1992). De même, Krascum et Andrews en 1998 parlent d'un effet facilitateur des théories naïves sur l'apprentissage. Cependant, les idées divergent quant à l'origine de ces théories naïves : si les auteurs du courant des « théories des théories » (Gopnik et Meltzoff) postulent à l'existence de structures conceptuelles innées, les « experts » tels que Wellman et Gelman pensent que c'est lors d'interaction avec le milieu que l'enfant construit des systèmes conceptuels de plus en plus riches. L'acquisition du concept du vivant est l'une des composantes des théories naïves. Toute fois, cette position se distingue de celle de Piaget qui postule que les enfants (étant préopératoires) sont incapables d'avoir une explication plausible dans n'importe quel domaine (pour lui, le terme « théorie » implique trop de cohérence dans l'explication causale).
Le monde biologique est organisé autour de concepts tels que croissance, reproduction, nutrition, vivant par opposition à non vivant. Par exemple, des études ont montré que dès l'âge de 3/4 ans, les enfants ont saisi des différences entre les êtres vivants et les objets manufacturés. Ils savent que les plantes poussent, qu'elles se décomposent…, contrairement aux artéfacts (Hickling et Gelman, 1995; Springer, Ngyuen et Samaniego, 1996). En général les propriétés qui structurent le monde biologique sont maîtrisées pour le domaine animal avant le domaine végétal, dont l'appartenance au monde vivant est niée par l'enfant.

Extraits

[...] Manuel de psychologie de l'enfant, 343-384. Annexe 1 Pourcentage de bonnes réponses dans la condition sans contexte PROPRIETES Annexe 2 Pourcentage de bonnes réponses dans la condition avec contexte PROPRIETES Annexe 3 Consigne générale On va faire un petit exercice ensemble. Je voudrais savoir si tu connais des choses. Je vais te montrer des images une à une. Tu les regarderas bien et je vais te poser des questions sur chaque image. Croissance : Tu sais que les personnes grandissent, toi tu deviendras un papa/une maman si tu manges bien comme il faut. [...]

[...] De même, ils donnent en moyenne plus de propriétés du vivant chez les animaux que chez les végétaux. D'autre part, les enfants donnent en moyenne, plus de bonnes réponses pour la propriété croissance suivi de nutrition puis respiration et enfin maladie qui est en moyenne le moins acquis. Cependant, la propriété croissance est la plus maîtrisée pour la catégorie des végétaux : 91,7% (ce qui peut être expliqué par l'enseignement scolaire). Pour la modalité contexte, on remarque qu'en moyenne les enfants n'ont pas tous acquis les propriétés du non vivant pour les artéfacts maladie n'est pas totalement acquise avec de bonnes réponses). [...]

[...] Ensuite on présente une des images à l'enfant et après s'être assuré qu'il la connaît en la nommant (dans le cas contraire l'expérimentateur lui donne brièvement la réponse), on lui demande s'il pense que l'image possède la propriété en question ainsi qu'une justification de sa réponse. Puis on répète la question pour les neuf items successivement avant de passer à la catégorie suivante. Exemple : pour la propriété maladie Tu sais qu'une personne peut être malade. Elle peut attraper un rhume ou bien avoir des boutons (contexte : si des microbes l'attaquent). A ton avis, est-ce que cette chose-là peut aussi être malade? Présentation de l'image : tu connais ça? [...]

[...] Présentation de l'image : Tu connais ça? Qu'est ce que c'est? Alors est ce que ça peut grandir? à répéter pour les 9 items. Justification : Peux-tu me dire pourquoi tu penses ça? Maintenant je vais te poser d'autres questions. Respirer : Tu sais qu'on a besoin de respirer pour vivre. Toi, moi, on respire tous pour apporter de l‘air à notre corps. A ton avis, est ce que cette chose là respire aussi? Présentation de l'image : Tu connais ça? [...]

[...] Young children's naive theory of biology, Cognition 171-188. Inagaki, K., Hatano, G. (1996). Young children's recognition of commonalities between animals and plants, Child development 2823-2840. Poulin-Dubois, D., Tilden, J. (2000). Le développement et la distinction animé-inanimé : effet de l'apparence, Psychologie Française 141- 146. Thibaut, J-P., Gelaes, S., Cordier, F., Meunier, B. (2005). Le développement des connaissances chez l'enfant de 4 à 10 ans, ANAE 35- 40. [...]