Les troubles du comportement alimentaire sont un phénomène apparu récemment dans notre société occidentale et sont actuellement devenus un problème majeur de santé publique, notamment en France. Il est important d'alerter sur la boulimie qui est une maladie grave moins connue que l'anorexie ou l'obésité, mais qui provoque des ravages dans l'ombre et peut conduire jusqu'au suicide.
La personne boulimique semble nier ses émotions en adoptant un comportement alimentaire destructeur pour elle-même.
Exprimer ses émotions a longtemps été rejeté par notre société. René Descartes (1596-1650) prônait la rationalité et mettait un point d'honneur à séparer les émotions et le corps. Aujourd'hui, les travaux de recherches en sciences cognitives mettent en évidence le bien-fondé entre l'émotion, la pensée et le corps représentant un tout inséparable pour l'être humain. Ces hypothèses rejoignent les travaux sur les émotions (1884) de William James (1), psychologue américain.
Exprimer ses émotions serait donc devenu bénéfique pour la santé.
Au cours de ma première année de psychologie, j'ai découvert le concept d'alexithymie (2) (Pedinieli, 1992) qui se caractérise par l'absence de mot pour exprimer ses émotions (a : privatif ; lexi : mots ; thymie : émotions, humeur), un recours privilégié à l'action pour résoudre des conflits, la présence d'un langage factuel, et la restriction de la dimension imaginaire. Ce concept a prouvé sa validité clinique et il est désormais acquis qu'un défaut d'expression émotionnelle est à l'origine de nombreux troubles somatiques et psychiques.
Pour la personne boulimique, un taux d'alexithymie de 61% (3) a été identifié et démontre à quel point la difficulté à exprimer ses émotions est présente auprès de cette population.
(1) La théorie des émotions, William James & Carl Lange (1884).
Pour eux, l'émotion traduit une réponse aux modifications physiologiques. « Nous nous sentons triste parce que nous pleurons, en colère parce nous frappons quelqu'un et effrayés parce que nous tremblons
(2) terme inventé par Sifnéos
(3) source Internet
La découverte de ce concept a été révélatrice de questions que je me posais en relation avec ma propre histoire personnelle de boulimique. Intuitivement, j'ai souvent pensé que l'expression des émotions et santé étaient fortement liées. L'absence de mots ou plus précisément la connaissance restreinte du langage des émotions pourrait constituer une ouverture pour la somatisation, le mal-être et peut-être la boulimie.
Les causes de la boulimie sont actuellement inconnues et les pistes de recherche s'orientent depuis une vingtaine d'années au niveau biologique, psychologique, social, familial, etc.…
Par ailleurs, les recherches sur le lexique émotionnel sont très récentes et datent d'une dizaine d'années en psychologie cognitive. Aussi, en raison des difficultés éprouvées par les sujets boulimiques à verbaliser leurs émotions, il m'a paru tout à fait pertinent de mener une étude sur la spécificité du lexique émotionnel employé par cette population.
[...] Vous souhaitez savoir ce qui ne va pas. Il rétorque que vous ne pouvez rien comprendre, car vous ne travaillez pas ( ( ( ( ( 17 Quels sont les mots qui caractérisent une émotion ou un sentiment que vous préférez ? ( ( ( ( ( . Les questions cibles sont : et 11 pour tester l'hypothèse H1 : tristesse et colère et 13 pour tester l'hypothèse H2 : jalousie et 15 pour tester l'hypothèse H3 : anxiété et 17 pour tester l'hypothèse H4 : violence . [...]
[...] Le cadre théorique que j'ai choisi est celui de la psychologie cognitive, car elle aborde les troubles mentaux sous l'angle du traitement de l'information. Le langage est constitué de représentations mentales qui se construisent à travers le développement du langage. Exprimer ses émotions implique un traitement multiple d'informations intérieures et externes. Ce cadre m'a paru bien approprié pour effectuer une observation des capacités à faire le lien entre les représentations mentales et les émotions chez la personne boulimique. En d'autres termes, la construction du lexique émotionnel renvoie à la capacité de catégorisation. [...]
[...] Ces questions servent à observer la connaissance du lexique hors relations sociales. Nombre de personnes : 20 personnes Ce choix permet d'observer des différences individuelles significatives. Selon les résultats de l'enquête, je pourrai envisager une étude avec une plus grande population. Le questionnaire sera constitué de questions ouvertes et de questions qui impliquent des phrases à charge émotionnelle plus ou moins forte. Les sujets devront utiliser au moins 3 mots pour la réponse et au bout de chaque phrase, j'utilise une échelle de Lickert pour mesurer le degré d'émotion. [...]
[...] La littérature recense des cas parmi la population masculine. Bien que cette population soit minoritaire, il semble malgré tout que le nombre de cas de boulimie masculine soit en nette progression. Aussi, face à cette nouveauté, il serait intéressant d'orienter des recherches pour découvrir la spécificité du lexique émotionnel employé par la population masculine Résumé La boulimie est une maladie grave des troubles des conduites alimentaires qui débute majoritairement vers l'âge de 17 ans, au moment de la construction de l'identité. [...]
[...] La fierté la haine . La honte . L'humiliation l'envie . La méfiance . La sincérité la gratitude . Le mépris . La tromperie la rancune . L'approbation . La culpabilité Ce concept est intéressant par la structure qu'il propose. C'est ainsi que je vais comparer le lexique émotionnel des boulimiques à la structure proposée par Ekman, ce qui me permettra de voir comment le lexique émotionnel des boulimiques est constitué. [...]
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