Le discours du maître à l'oeuvre dans l'institution hospitalière : place et prise en charge du patient psychotique

Résumé du document

L'objet d'étude de ce court dossier se centre sur la question de la place et de la prise en charge des sujets psychotiques au sein de l'institution hospitalière en tant que fonctionnant sur le modèle du discours du maître.

Extraits

[...] Cortexte chiffre, quantifie et finalement évalue à l'aide de statistiques. Le patient est un chiffre parmi d'autres, le psychologue un professionnel parmi d'autres, c'est le discours de la science qui n'a que faire et ne peut rien dire de la singularité de chaque cas. Cortexte personnifie l'image même du maître moderne. Aussi, comme le souligne Jacques-Alain Miller[2], si le maître autoritaire se constitue sur le modèle d'un chef, d'un maître paternaliste s'appuyant sur une structure verticale du pouvoir à travers la sanction, le maître moderne, lui, ne se définit plus sur cette figure d'un père dominateur. [...]

[...] Cette exclusion semble faire retour dans l'institution comme un symptôme. Le symptôme comme vérité d'une institution divisée qui ne parvient pas à ramener ces jeunes patients sur le droit chemin C'est l'institution, le discours médical, qui détient la connaissance. Il ne semble rien vouloir savoir de la souffrance de l'enfant qu'il réduit à des symptômes dont le discours de la science, qui élimine toute singularité, ne peut rien dire. Le maître médical sait ce qui manque au bien du patient compris comme malade Il se situe dès lors dans une attitude de connaissance apparemment froide, objective et sans participation qui exclut celle de la compréhension, qui est à l'opposée, subjective et participante. [...]

[...] Or, si le discours du maître est toujours à l'œuvre au sein de l'institution, il ne peut être reconnu qu'en étant articulé au discours de l'analyste. C'est pourquoi, comme nous le voyons à travers le psychologue hospitalier, ce n'est que si la psychanalyse est à l'œuvre dans l'institution, que le discours du maître peut être révélé. Aussi, nous comprenons que c'est seulement à partir du discours de l'analyste que nous parvenons à réaliser que l'objet a est le quatrième élément du discours du maître. [...]

[...] En effet, l'institution hospitalière, à l'image du maître, convie les psychologues à remplir les formulaires du logiciel, réclamant analyses et justifications. Le maître réclame un savoir-faire, tout en assurant une certaine emprise sur son sujet. À travers la machine, ce sont les actes du psychologue qui sont examinés, vérifiés et contrôlés. Ainsi, l'institution tente de prendre connaissance du contenu des séances, elle connaît le nombre de patients de chaque psychologue et incite les professionnels à minimiser la durée des entretiens. [...]

[...] L'institution hospitalière s'établit sur le discours du maître, mais d'un maître médical. Or, ce discours qui élimine tous les autres et surtout celui du malade lui-même se fonde sur une visée totalitaire. Le discours médical ne veut rien savoir de ce qui n'est pas son discours, car ce serait inarticulable avec son système conceptuel et nous ne pourrions parvenir à aucune pratique proprement médicale. Le délire, du latin delirare s'écarter du sillon voilà ce qui semble notamment déranger le discours du maître médical qui tente de rabattre un sujet hors discours dans un discours. [...]