Schizophrénie paranoïde, approche psychiatrique, psychanalyse, diagnostic différentiel, symptôme, Eléments de la sémiologie
Le cas présenté ici fait apparaître un ensemble de symptômes caractéristiques du spectre schizophrénique (de type paranoïde selon la typologie précédemment établie par le DSM-IV). Nous proposons ici d'établir un diagnostic différentiel, basé sur deux modèles théoriques distincts. Il s'agit, d'abord, d'un trouble psychotique chronique, faisant intervenir un ensemble de symptômes représentatifs. La présence cumulée de deux de ces symptômes, rencontrés lors de l'anamnèse, se comportant comme des « outils de diagnostic », favorise ainsi l'établissement d'une première approche diagnostique. Ainsi, dans le cas de Mr Li, âgé de 40 ans, la persistance de multiples troubles observés sur une périodicité chronique, c'est-à-dire supérieure à 6 mois, offre d'abord de supposer l'existence d'une psychopathologie fonctionnelle installée, observable sous un phénotype unique, celui de la schizophrénie.
[...] On retrouve ici l'idée que quelque chose qui n'existe pas dedans, est à l'extérieur et fait retour. Dès lors, dans la phénoménologie de la voix du délire psychotique, témoignant seulement de la discordance du sujet dans la structure, qui tente de donner forme à ce qui n'a pas pu entrer dans le circuit de la signification dans le symbolique, l'ordre symbolique apparaît en recherche de réorganisation. C'est ainsi qu'il est caractérisé, dans cette expérience psychotique, par le fait de marquer une faille, dans la mesure où il n'y a pas d'Autre de l'Autre. [...]
[...] Dans le même temps, le sentiment de trahison et d'identification projetée vis-à-vis de la Mère se joue à l'extérieur, puisque la voix hallucinatoire, cette « voix parle, la voix de ma conscience comme si c'était quelqu'un d'autre » et « cette voix de commandement », à travers la transfuge de la sœur de l'amoureuse, continuent d'intimer au patient, comme la voix du Père, constituant un retour dans le réel de ce blocage psychique. Cette clinique de la psychose, à travers les hallucinations auditives mais également les douleurs cardiaques traduit ainsi une tentative de faire retour des éléments non résolus. Dès lors, la théorie psychanalytique percevant que la psychose s'établit dans une distorsion primaire du sujet à la réalité, toute manifestation psychotique apparait alors comme une tentative de restauration du sujet de son lien objectal. La persécution, entrevue dans une métaphore délirante du sujet, constitue ainsi un système, entièrement crée par le sujet. [...]
[...] En effet, l'entretien ici retranscrit avec la thérapeute, fait figurer une « anomalie cognitive fondamentale », entraînant l'expression dominante d'un « comportement dirigé par des représentations » ainsi que des « perturbations de la métareprésentation » ou du « métaprocessus », puisque le rapport établi par le patient avec son activité professionnelle démontre comment ces associations spécifiques génèrent des « misconnections » impactant sa place sociale. La désorganisation apparente du discours clinique apparait ainsi à plusieurs endroits dans l'échange avec le thérapeute, « vous êtes résolu à payer votre loyer ? /J'ai des douleurs cardiaques », participant d'une représentation singulière, a priori incohérente, et pourtant dominante de la construction de la pensée chez ce patient. [...]
[...] La situation le demandait. Oui, certainement il était nécessaire » ou bien de la traduction de son angoisse et de son incapacité à l'égard de son « manque de ressources financières » faisant écho au soutien financier de son père, lorsqu'il étudiait. Son rapport au travail procède de cette même forclusion du Nom du Père, existant comme élément de sortie de la relation duelle entre l'infans avec la Mère, le patient l'inscrivant dans cette même dynamique de mise à distance, « quand je serai convaincu que cela est nécessaire ». [...]
[...] Par ailleurs, la question de la perturbation de l'affect apparaît ici, au cœur du questionnement diagnostique pour ce patient puisque, selon les critères de la CIM-10, dans le cas de la schizophrénie paranoïde, il y a « peu ou pas de perturbation de l'affect, du langage ou de la volonté" alors que certains indices de perturbation émotionnelle et affective transparaissent ici, traduisant l'implication intrasubjective du patient ; « c'est l'expérience que j'ai vécue, éprouvée » rétorque-t-il au thérapeute. En revanche, la paranoïa décrite ici comme symptôme principal, se distingue du trouble paranoïde, généralement considéré comme étant davantage porteur d'illogisme, et de créativité. [...]
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