[...] L'objectif de cette synthèse sera d'aller plus loin que les simples apparences et d'analyser le profil psychologique de cette vieille femme au regard de son processus de vieillissement. Pour se faire nous suivrons le déroulement chronologique du film.
[...] De milieu assez bourgeois, Tatie Danielle à été confronté à une perte importante, celle de son mari Edouard dont elle semble ne pas avoir fait le deuil. On remarque qu'elle idéalise beaucoup son défunt mari et qu'elle lui attribut une errance hallucinée : tout au long du film elle continue à dialoguer avec sa photo accrochée sur le mur comme s'il était toujours là. Tatie Danielle lui dit qu'elle se sent seule et lui fait souvent part de son envie de le rejoindre « Viens vite me chercher, mon Edouard ». Edouard représente ici une perte sèche, et plus précisément une perte d'objet d'amour. Par la communication qu'elle entretient avec lui, Tatie Danielle tente de trouver un certain soutien, un appui.
[...] Ensuite, on peut également mettre en évidence des mouvements régressifs. Tatie Danielle utilise la régression dans le but de se protéger contre l'angoisse provoquée par les pertes sèches et contre le renvoi de sa propre image vieillissante. Cela permet ainsi à Tatie Danielle de contrebalancer cette frustration et de retrouver momentanément un plaisir à fonctionner par la relance d'une fixation. La première régression que l'on peut observer chez la vieille femme est une régression anale. Elle est caractérisée par un besoin accru de contrôle sur les êtres et sur les choses et se manifeste par la formation d'exigences capricieuses de satisfaction immédiate, l'amplification de l'autoritarisme, et par un certain sadisme envers Odile. La régression lui permet ainsi de conserver du plaisir (...)
[...] Pour se faire nous suivrons le déroulement chronologique du film. Au début du film, Tatie Danielle coule des jours paisibles dans sa maison d'Auxerre et ne cesse d'houspiller sa domestique, Odile. Son grand plaisir est de tracasser cette vieille gouvernante, pourtant toute dévouée. Tatie Danielle impose sa présence d'une façon impérative : sa gouvernante ne doit y avoir d'attention que pour elle et se plier à ses moindres désirs. Il ressort en fait que la vieille femme est plutôt malheureuse et qu'elle se sent seule. [...]
[...] Dans ce passage, Tatie Danielle semble adopter un mécanisme de protection puisqu'elle ne manifeste aucune émotion. En effet, elle ne réagit pas à la mort de sa gouvernante, quitte sa maison sans problème et ne semble pas non plus être touchée d'être séparée de son chien. Pourtant, c'est l'ensemble de son cadre de vie, de ces repères identitaires qui vont être bouleversés. Sa réaction s'apparente à un déni de la réalité. Elle se détache de la réalité et elle se substitue à un monde imaginaire, plus confortable pour se protéger contre l'angoisse : Je pense qu'on va bientôt aller à Paris Garde à vous Dès son arrivée à Paris, on peut remarquer que son neveu et sa femme vont avoir des comportements assez infantilisants. [...]
[...] Tatie Danielle lui dit qu'elle se sent seule et lui fait souvent part de son envie de le rejoindre Viens vite me chercher, mon Edouard Edouard représente ici une perte sèche, et plus précisément une perte d'objet d'amour. Par la communication qu'elle entretient avec lui, Tatie Danielle tente de trouver un certain soutien, un appui. Cela lui est bénéfique car les réponses qui lui parviennent sont faites à son image et répondent donc à ses besoins. Il semble que la mort d'Edouard est à l'origine d'un déséquilibre et d'un manque de repères identitaires chez la vieille femme. D'autres pertes sèches sont également à noter. [...]
[...] La vieille femme va alors essayer de la retenir en utilisant le chantage affectif : J'ai payé les réparations de ta voiture, t'es offerts ma broche, tu n'as pas le droit de m'abandonner ! Cependant cela ne fonctionne pas et Sandrine va partir en abandonnant la vieille femme à elle-même. A ce moment là, le monde de Tatie Danielle s'écroule puisque l'emprise sur son environnement humain perd toute efficacité. L'abandon est vécu ici de façon catastrophique et s'étaye sur un sentiment extrême d'abandon. [...]
[...] Enfin on peut remarquer qu'elle ne craint pas d'être prise en photo ce qui suggère qu'elle s'accepte enfin telle qu'elle est. Face à tous ces éléments, on peut conclure que Tatie Danielle a besoin d'être entourée et cadrée. Cela lui permet alors d'investir les autres mais aussi de lui créer un cadre de vie structurant. Il semblerait que Tatie Danielle soit méchante pour rendre son existence plus supportable et pour contrebalancer la frustration lié à ces pertes sèches, la plus importante étant certainement la mort de son mari. [...]
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