L'utilisation du conte en psychothérapie

Résumé du document

Pour qu'une histoire métaphorique accroche vraiment notre attention, elle doit divertir et éveiller la curiosité. Mais pour enrichir notre expérience, elle doit, à l'instar des contes de fées pour les enfants, simuler notre imagination, afin de nous aider à voir plus clair dans nos émotions, nos angoisses et nos aspirations, et nous faire prendre conscience de nos difficultés, tout en suggérant des solutions aux problèmes qui nous troublent.

Bien sûr tous les contes et autres histoires métaphoriques n'ont pas le même impact, sur notre inconscient. Les contes de fées puisés dans le folklore, ont infiniment plus de choses à apprendre sur les problèmes intérieurs de l'être humain et sur leurs solutions, que n'importe quel autre type d'histoires. Cela est d'ailleurs aussi vrai pour les enfants que pour les adultes ; même si le procédé d'interaction est différend au regard des "mécanismes de l'esprit" de l'enfant et de l'adulte.

Extraits

[...] C'est ce que j'ai voulu transmettre dans le choix de l'écriture d'un conte, sur un problème de société très concret : le conflit interpersonnel(26). Le poète Schiller avouait sur ce point, "trouver plus de sens profond dans les contes de fées qu'on lui racontait dans son enfance que dans les vérités enseignées par la vie". Les contes ont une signification personnelle très riche parce qu'ils permettent des changements d'identification selon les problèmes que doit affronter chacun d'entre nous. Nous évoluons, nous donnons un sens à la vie, nous découvrons la sécurité intérieure en comprenant et en résolvant tout seul nos problèmes personnels et non pas en écoutant les explications des autres. [...]

[...] Tel est le message que les contes de fées de mille manières différentes délivrent à l'enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie intégrante de l'existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves inattendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire" (29). Cette dernière phrase, a été évocatrice de sens pour moi, dans le travail de conception et d'écriture du conte sur la gestion des conflits. [...]

[...] Le conte (de fées plus particulièrement) est orienté vers l'avenir et sert de guide, dans des termes que peuvent saisir notre conscient ou notre inconscient. Le conte montre qu'établir des liens avec l'autre permet de dissiper nos angoisses et de satisfaire nos aspirations : le besoin d'être aimé, la peur d'être considéré comme un bon à rien, l'amour de la vie, la peur de la mort. "Le conte de fées prend très au sérieux ces angoisses et ces dilemmes existentiels. Il présente les solutions que l'individu (enfant ou adulte) peut saisir selon son niveau de compréhension". [...]

[...] Le conte fait ainsi appel au processus de libre association du patient, propre au processus psychanalytique. Le conte permet cela grâce au processus d'implication, par l'apport d'un matériel imaginatif où le patient peut puiser ce qui lui convient le mieux et la suggestion d'images qui lui permettent de saisir facilement tout ce qu'il doit nécessairement comprendre. Les contes merveilleux renforcent la diversité et la richesse du processus de libre association, car ils "expriment de façon extrêmement sobre et directe les processus psychiques de l'inconscient collectif. [...]

[...] Sous cette forme pure, les images archétypiques nous fournissent les meilleures des clefs pour nous permettre la compréhension des processus qui se déroulent dans la psyché collective"(27). C'est pour cette raison que les ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse offrent le matériel le plus riche et le plus complet qui soit pour favoriser la croissance harmonieuse de la personnalité de l'enfant, de l'adolescente et de l'adolescent(28). L'importance de raconter des contes aux enfants est aujourd'hui reconnue. Leur lecture favorise la diminution des peurs et l'augmentation de l'imagination et constitue un moment privilégié à partager avec eux. [...]