Traumatismes psychiques, Seconde Guerre mondiale, survivants, blessés, combattants, champs de bataille, commotionnés, traumatisme de guerre
La Seconde Guerre mondiale intervient alors que l'expérience de la Grande Guerre apparaît encore très présente dans la mémoire de millions de survivants. En fait, nombreux sont ceux qui n'ont jamais véritablement quitté le champ de bataille : il y a ceux rentrés sans blessures apparentes ou mutilés dans leurs chairs, mais dont on a jamais soupçonné qu'ils aient pu souffrir également dans leurs âmes et dont les cauchemars de la guerre n'ont cessé de les poursuivre. Et puis il y a tous ceux que les médecins ont diagnostiqué « commotionnés » ou « psychonévrosés » ou « hystériques » ou « neurasthéniques », des hommes brisés nerveusement, tremblants, secoués de tics, incapables de tenir debout, d'autres pliés en deux ne pouvant de redresser, retrouver sur le champ de bataille en position fœtale, se protégeant de la mort… Pour tous ceux-là, aucune mesure comptable n'a été faite après la guerre, ni aucune prise en charge médicale, ni aucune aide pour se réadapter à la vie civile. Ils ont été livrés à eux-mêmes et pour les plus atteints d'entre eux, abandonnés dans les asiles civils.
[...] Il faut attendre le milieu des années 1960, pour que les psychiatres s'intéressent de plus près aux séquelles différées soit vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais dans l'immédiateté du conflit, la question de la survenue de troubles mentaux ou nerveux chez les survivants n'ayant pas fait l'objet d'une prise en charge médicale n'a pas été identifiée par les soignants, même si des signes sont apparus dans la société au point que certains psychiatres ont évoqué un syndrome post-traumatique[5]». [...]
[...] Huston John, Freud, passions secrètes min. Sandler S.A., War Medicine, July 1945. Shades of gray National archives and records administration 111-PMF-5047. David B. Davis, John W. Bick, Hysteria in military personnel Bull. US Army Med Department, July p.82-86. Garner H.H., Psychiatric casualties in combat War Medicine, Nov- Dec p.343-357. [...]
[...] Les médecins mentionnent également des états de terreur, des migraines, de l'hallucination, de l'amnésie et d'autres manifestations dites psychosomatiques ou conversion hystériques en particulier des gastro-entérites, diarrhées, vomissements, nausées, paniques, fugues, tremblements, surdité, mutisme, perte de la vue, paralysies, troubles de la parole, aphonies, tics plus inscrits dans les corps. À ce titre, on trouve des cas de camptocormies mentionnés par les médecins, perçus comme une entité clinique inédite pendant la Première Guerre mondiale. La camptocormie est décrite pendant la Seconde Guerre mondiale comme la maladie la plus grotesque et bizarre de l'armée[39]» et dont on peut voir également quelques cas dans le film intitulé Shades of Gray[40]». Observés par les médecins David B. Davis, John W. [...]
[...] Alors que la pensée freudienne, dessinée au lendemain de la Première Guerre mondiale, insistait sur cet aspect : la rencontre avec la mort fait seule effraction dans la psyché. Une pensée largement diffusée aux États-Unis et en Grande-Bretagne dans l'entre-deux-guerres, mais que les auteurs ont peu mise en avant pour cette question de la cause des traumatismes psychiques. On l'entend néanmoins dans le commentaire du film réalisé par John Huston pour le Signal Corps : Les psychiatres écoutent ces hommes raconter les histoires tant bien que mal. [...]
[...] N'oublions pas que ces images étaient destinées à un large public, et qu'il ne fallait pas choquer le spectateur. Le pourcentage de retour au combat est un élément très souvent avancé pour vanter l'efficacité d'une méthode. Le procédé de l'abréaction n'y échappe pas et l'on trouve de très nombreuses données chiffrées énoncées par différents auteurs dans les publications médicales. Dans l'étude menée par les psychiatres français, sur un petit nombre, ils aboutissent à la conclusion que les deux tiers de leurs patients retournent au combat. [...]
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