Le transfert dissocié est un concept issu de la psychothérapie institutionnelle, je vais donc pour commencer vous introduire brièvement celle-ci.
La psychothérapie institutionnelle est née après la seconde guerre mondiale, c'est une remise en question de l'asile.
En effet, au sortir de la guerre certains psychiatres sont frappés par l'état déréliction dans lequel furent plongés les malades mentaux pendant la guerre dans les asiles. De plus leur aspect concentrationnaire choque certain d'entre eux ayant connu les camps de concentration nazis.
A l'image emblématique de PINEL libérant les fous de ses chaînes, vient alors s'ajouter celle de FRANÇOIS TOSQUELLES psychiatre, psychanalyste « modèle » de l'hôpital de SAINT ALBAN en Lozère. En effet, les mesures mises en place par celui-ci sont telles qu'il n'y a eu aucun décès à cause de la guerre à saint Alban (contre 40 000 en France). Celui-ci est depuis considéré comme fondateur de la psychothérapie institutionnelle. L'histoire veut que lorsqu'il vint se réfugier en France, il ait dans ses bagages, seulement deux livres :
- Celui de HERMANN SIMON, « Aktivere Krankenbehandlung in der Irrenansalt. » dans lequel on trouve la thèse qu'un établissement est un organisme malade qu'il faut constamment soigner et qu'on ne peut soigner les individus d'une collectivité sans soigner cette collectivité.
- ET la thèse de JACQUES LACAN, « De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité »…Alors très peu connu en France mais déjà traduite en espagnol.
Ainsi « Le retour à Freud » de JACQUES LACAN va grandement influencer le courant de la psychothérapie institutionnelle. Toutefois, si la base de réflexion de la psychothérapie institutionnelle se trouve être analytique, celle-ci doit s'en dissocier. En effet, dans sa praxie la psychothérapie institutionnelle est le dispositif complet de soins mis au service du sujet-patient dont généralement la psychanalyse. Il s'agit donc d'une co-construction entre le sujet malade et ceux chargés de le soigner. La psychothérapie institutionnelle vise donc à structurer et à aménager les équipes soignantes psychiatriques de telle façon que celles-ci soient aptes à la pratique de psychothérapie, quitte à en modifier les cadres en fonction des pathologies. Par conséquent il ne s'agit pas uniquement d'améliorer le sort des malades mais de penser un lieu « contenant » travaillé par les soignants qui puisse s'articuler à la structure de l'ordre langagier.
Saviez-vous qu'il n'y pas si longtemps, lorsqu'une ASH nettoyait la chambre d'un patient, Peu importe qu'elle fut fortement investie ou pas du tout. Celle-ci n'étant pas considérée comme une soignante, elle n'était pas autorisée à lui parler.
Ainsi selon Ginette Michaud : « la psychothérapie institutionnelle est la prise en compte des concepts analytiques dans toute la pratique institutionnelle qui parvient à organiser l'espace de vie des malades psychotiques en fonction de leurs structures, de leur investissement de l'espace, des relations de transferts aux lieux et aux personnes…visant une modification des lieux de soins de telle façon que tout ce qui est de l'ordre de l'aliénation sociale ne redouble pas l'aliénation mentale déjà supportée par les malades. »
On peut par exemple tenter de diminuer le clivage entre patient « qui sait rien » et « soignant qui sait tout », en supprimant le port de la blouse dans les services ou celle-ci n'est pas nécessaire.
Et pour Maud Mannoni : « La politisation du mouvement psychiatrique et psychanalytique a un sens dans la mesure où elle permet d'ouvrir les questions que l'idéologie bourgeoise à chercher à forclore. L'œuvre politique à entreprendre par psychanalyste et psychiatre consisterait en un travail de réflexion théorique (basé sur une réalité clinique) pour dégager ce que les préjugés bourgeois, les attitudes conservatrices maintiennent une situation de fait qui n'ouvre sur aucune issue. Si une bataille est à engager, elle doit viser les structures administratives d'un état totalitaire telles qu'elles sont actuellement mises en place en France. L'administration est une mère de psychotique, elle cherche dans les structures mise en place à oblitérer toute vérité qui risquerait de surgir de l'expérience. » Ainsi « pour les institutionnalistes, un cadre (les institutions, c'est-à-dire le langage, la loi, les relations interpersonnelles, la structure familiale) est indispensable à la constitution d'une personnalité. C'est sur ce cadre, dans lequel le patient se trouve « pris », qu'il faut agir. »
Pour cela, il faut incessamment recommencer à soigner l'établissement et ses équipes pour les sortir de leurs élans mortifères par la reconnaissance d'un « collectif » au travail et non plus d'une organisation rigide et vide de toute recherche de sens.
Si par exemple, un patient demande de quoi dessiner à un infirmier qui devra faire remonter sa demande à la hiérarchie. Si tenter que celui-ci fasse la démarche. Quand le patient obtient son bout de papier et son crayon il n'aura peut-être plus du tout envie de dessiner. Et la prochaine fois, il ne fera peut être même pas la démarche.
[...] Le patient sujet de sa folie, sujet de ses soins P. ASTRE, M. AYAT, B.KAMMERER, in PRATIQUES en santé mentale N°2. Ginette Michaud : essai sur la schizophrénie et le traitement des psychoses Maud Mannoni : enfance aliénée Sigmund Freud : de la psychothérapie. in La technique psychanalytique Sigmund Freud : les nouvelles voies de la thérapie psychanalytique.»,1918. Lacan Jacques : la psychiatrie anglaise et la guerre in l'évolution psychiatrique Lacan Jacques : d'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose Tosquelles François : introduction au problème du transfert en psychothérapie institutionnelle in psychothérapie institutionnelle. [...]
[...] Jaques, a développé sa théorie à partir des conceptions Freudiennes[18] d'identification par introjection (où le moi s'identifie à un objet en l'incorporant : ex le chrétien incorpore le Christ comme idéal) et l'identification projective (qui est un remplacement du moi idéal par un objet externe : ex le soldat remplace son moi idéal par le chef). Ainsi, pour se défendre de leurs angoisses paranoïdes, les individus placent inconsciemment des objets internes mauvais et des pulsions mauvaises dans certains membres de l'institution. C'est le cas du second de la marine ou du sergent dans l'armée. [...]
[...] Dans une conférence consacrée à l'Evolution psychiatrique[7] en 45, Lacan exposera les travaux de Bion et Rickmann depuis considérés comme les fondateurs de la psychothérapie institutionnelle en Angleterre. Lacan dédie cette conférence à ceux qui voient la condition de toute cure rationnelle des troubles mentaux dans la création d'une néo-société, où le malade maintienne ou restaure un échange humain, dont la disparition à elle seule double la tare de la maladie. Ainsi Avec Lacan nous sommes au-delà d'une adaptation de la méthode psychanalytique, mais aussi dans la création d'une collectivité à visée thérapeutique. [...]
[...] Espèce d'inconscient topographique, il se passe des choses dans certains lieux. Et ce quelque chose c'est du Dire, de la présence, une émergence permettant une articulation possible de la parole. Il est donc nécessaire de créer collectivement des espaces ou quelque chose puisse se produire. Autrement dit, créer collectivement des espaces des scènes où la multiréférenciabilité transférentielle puisse se fixer. Si on n'y arrive, ça va permettre d'avoir quelque chose qui va articuler l'espace avec ce qui peut en être d'une dimension analytique. [...]
[...] La psychothérapie institutionnelle est née après la Seconde Guerre mondiale, c'est une remise en question de l'asile. En effet, au sortir de la guerre certains psychiatres sont frappés par l'état déréliction dans lequel furent plongés les malades mentaux pendant la guerre dans les asiles[1]. De plus leur aspect concentrationnaire choque certains d'entre eux ayant connu les camps de concentration nazis. A l'image emblématique de Pinel libérant les fous de ses chaînes, vient alors s'ajouter celle de François Tosquelles psychiatre, psychanalyste modèle de l'hôpital de Saint Alban en Lozère. [...]
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