Totémisme, exogamie, totem et tabou, Freud, sur le totémisme, Durkheim, le totémisme aujourd'hui, Lévi-Strauss
L'article sélectionné ci-dessous constitue une partie du chapitre IV intitulée « Le retour infantile du totémisme », de Totem et tabou, écrit par Sigmund Freud. Cela renvoie plus précisément à la partie consacrée à l'origine de l'exogamie et à ses rapports avec le totémisme.
Dans ce passage, après avoir repris la définition de Frazer définissant le totémisme comme « un système qui, chez certains peuples primitifs de l'Australie, de l'Amérique et de l'Afrique, remplace la religion et fournit les principes de l'organisation sociale » et énoncé les différentes interprétations qui ont pu ressortir de cette étude, Freud aborde la question du totémisme par une approche psychanalytique, en liant le principe d'exogamie à celui de totémisme. Le totémisme consiste, plus pragmatiquement, en la croyance d'un clan selon laquelle il est intrinsèquement lié à un animal ou une plante, qui serait l'ancêtre de ce même clan. Cela entraine certaines restrictions vis-à-vis de l'être vivant désigné comme totem : cela peut passer par le fait de ne pas le tuer ou le manger par exemple, et il en découle notamment des prescriptions, comme un profond respect du totem, le fait de le considérer comme un membre du clan. Selon Frazer, « le totémisme est l'identification de l'homme avec son totem ».
[...] Freud développe son analyse en étudiant le cas de plusieurs enfants et adolescents vis-à-vis de leur totem et des pulsions qu'ils peuvent avoir envers des membres de leur lignée. Tel qu'il l'écrit : La loi ne défend que ce que les hommes seraient capables de faire sous la pression de certains de leurs instincts et le principe d'exogamie lié au totémisme a précisément cette visée la. Freud explique donc le lien entre totémisme et exogamie comme une conséquence des rapports incestueux vers lesquels les jeunes semblent naturellement poussés, développant ainsi son analyse par l'exposition de son fameux complexe d'Oedipe qui justifie pour lui le fait que ce soit l'exogamie qui soit à l'origine du totémisme, afin de préserver un équilibre social au sein des tribus. [...]
[...] C'est dire qu'à ce moment tous les membres d'un même totem étaient compris dans une seule et même phratrie. Selon Durkheim, ce qui différencie le système totémique des Aruntas de ceux que l'on trouve couramment en Australie, c'est que le système des Aruntas a été modifié, et n'est plus ce qu'il était à l'origine. Ainsi, selon Durkheim, il n'y a jamais eu de principe endogame au sein des sociétés totémiques, puisque les phratries ont toujours pratiqué l'exogamie, et se sont toujours différenciée par des totems. [...]
[...] Après l'étude d'un deuxième cas parlant du rapport entre un jeune garçon et les poules, Freud en arrive à la conclusion que le totémisme est intrinsèquement lié au phénomène du complexe d'Oedipe, et donc du phénomène incestueux, plus tard prohibé par l'insertion d'une loi totémique prohibant l'endogamie. Ainsi pour Freud, l'exogamie, puis le système totémique, sont nés du complexe d'Oedipe. Selon Durkheim, le processus ne peut être analysé tel que Freud l'entend, et irait même dans un sens opposé, ou inverse. [...]
[...] Ainsi, selon lui, l'exogamie n'est pas inconnue des Aruntas, puisqu'elle est pratiquée entre certains clans. Ces clans sont en réalité des subdivisions de chaque totem, que l'on nomme phratries Or, l'interdiction de relations matrimoniales au sein d'une même phratrie est bien présente chez ce peuple, et marque donc déjà la présence de l'exogamie. Et Durkheim constate que le principe d'exogamie au sein des phratries est une pratique généralisée en Australie et sur d'autres continents. La théorie de Durkheim est ainsi que ces phratries existaient avant les clans totémiques, ou constituaient en fait elles mêmes des clans distincts, puisque l'on constate que le totem des phratries et celui du clan sont différents. [...]
[...] Ce procédé s'explique selon Freud par le complexe d'Oedipe du jeune homme. En effet, dans le cas analysé par Freud, un enfant de 5 ans a la phobie des chevaux, car il voit en cet animal le symbole de son père, personne dont il avait souhaité la mort, car il était entré inconsciemment en concurrence avec lui pour conquérir sa mère. La relation de l'enfant à l'animal, et par analogie selon Freud, du primitif à l'animal, est donc intrinsèquement liée au tabou de la pratique incestueuse. [...]
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