Les débats autour du titre de « psychothérapeute » ont montré l'importance sociale de cette profession et le désir des pouvoirs publics de lui assurer rigueur et qualité. Ils témoignent aussi du fait que cette pratique est entrée dans les mœurs et que de plus en plus de personnes y recourent lorsqu'elles sont confrontées à un mal-être ou à des difficultés diverses.
Aujourd'hui, les psychothérapies sont très nombreuses et nous comprenons que le profane dans ces conditions se sente un peu perdu. Face à cela le premier pas semble être de définir clairement ce que nous entendons par psychothérapie. Nous retiendrons pour sa simplicité celle proposée par D. Anzieu : « Méthode de traitement des souffrances psychiques par des moyens essentiellement psychologiques […] ». Cette définition permet de ne pas confondre la psychothérapie avec certaines pratiques de médecine ‘douce', techniques de développement personnel, gymnastiques ou autres démarches spirituelles.
Le paysage de la psychothérapie a beaucoup changé depuis les années soixante, où n'existait en France que la chimiothérapie, pratiquée par les psychiatres, et la cure psychanalytique avec quelques-uns de ses dérivés. Ce changement a été provoqué, en grande partie, par l'arrivée des ‘nouvelles thérapies' venues des Etats-Unis de telle sorte que l'on assiste alors à une véritable éclosion des techniques thérapeutiques. Certaines s'inscrivent dans le courant psychanalytique, dominant à cette époque aux Etats-Unis et en Europe. D'autres appartiennent à un nouveau courant, celui des thérapies comportementales qui s'appuient sur les théories expérimentales de l'apprentissage. Les thérapies cognitivo-comportementales connaissent actuellement un essor important lié à leur ‘bonne' capacité à être évaluées, mais au vu de ces méthodes d'apprentissage peut-on réellement parler de psychothérapie ?
C'est à partir des théories de T. Nathan sur l'influence comme moteur de la psychothérapie et du programme TEACCH concernant l'autisme que nous chercherons à mettre en évidence dans quelle mesure les thérapies cognitivo- comportementales ne peuvent prétendre au statut de psychothérapies.
[...] Les thérapies cognitivo- comportementales en visant l'éradication des troubles se traduisent par la disparition du sujet. Ainsi, au bout du traitement comportemental de l'autisme, là où le thérapeute cognitivo- comportemental lui considère qu'il y a une tentative d'adaptation du sujet à la réalité, nous ne pouvons que voir l'expression d'un sujet étouffé dans sa valeur de singularité et dans son désir. Le sujet se voit forclos. Le programme TEACCH n'est qu'un exemple parmi d'autres mettant en évidence que derrière la palette des théories cognitives subsistent des techniques comportementales autoritaires qui cherchent à rectifier un comportement pathologique par un nouvel apprentissage ; et ce parfois avec virulence. [...]
[...] Des punitions (renforcements négatifs) sont là pour l'aider en matière de rappel à l'ordre ainsi que des récompenses (renforcements positifs). Le programme TEACCH relève que le prétendu cognitivisme qui se veut ici appliqué à la thérapeutique n'a pas grand-chose à voir avec les sciences cognitives puisqu'il sert davantage à voiler la brutalité du comportementalisme. En effet, le programme TEACCH peut tenir en deux simples mots à savoir comprendre et intervenir Ainsi, lorsqu'il s'agit de la compréhension le programme n'hésite pas à faire appel aux termes ‘scientifiques' de la psychologie cognitive : théorie de l'esprit, autocontrôle Il y a ici l'idée qu'il n'y a pas de sujet de l'inconscient mais seulement un déficit cognitif. [...]
[...] D'autre part, les thérapies cognitivo- comportementales fondent leur autorité sur leur évaluation qui montrerait une efficacité supérieure à tout autre traitement chimique, psychothérapeutique ou psychanalytique. Ce résultat serait vérifié par des études "contrôlées" qui confirmeraient cette réussite en particulier pour les phobies, les troubles anxieux, compulsifs et sexuels. Toutefois, elles restent une technique de conditionnement comme l'indique le rapport de l'INSERM (2004) sur l'évaluation des psychothérapies : Les thérapies comportementales et cognitives représentent l'application à la pratique clinique de principes issus de la psychologie expérimentale. [...]
[...] De fait, ces critiques relatives à la violence inhérente aux thérapies comportementales n'ont semble-t'il plus lieu d'être. En effet, depuis que les recherches sur le conditionnement ont été complétées et prolongées par l'étude des processus cognitifs, les thérapies comportementales sont ainsi devenues cognitivo-comportementales. Dès lors, elles ne redressent plus uniquement les comportements puisqu'elles prennent également en compte des schémas cognitifs et cherchent à les modifier. Le thérapeute s'intéresse alors davantage à la parole du patient, à ses opinions, croyances, sentiments. [...]
[...] Les thérapies cognitivo- comportementales n'ont en effet pas hésité à glisser des psychothérapies aux thérapies qui plus est autoritaires en négligeant le préfixe ‘psy' pour passer à des solutions brèves négligeant la souffrance psychique et le désir de subjectivation. Toutefois aux tenants des psychothérapies autoritaires, fondées sur l'imposition par le thérapeute d'une technique, s'opposent ceux qui prennent appui sur la demande du sujet : psychanalystes et psychothérapeutes relationnels. Ainsi, à l'heure où les thérapies autoritaires sortent victorieuses de l'évaluation de l'INSERM, il y nous le comprenons, un véritable enjeu de société à soutenir celles qui localisent le savoir du côté du demandeur, [ ] font jouer l'équivocité de la parole et soulignent l'existence d'une part d'inévaluable Bibliographie Association Française de Thérapie Cognitivo- Comportementale, Source Site Internet, www.aftcc.org/therapie.php. [...]
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