Le syndrome de Münchhausen (ou Munchausen) est difficile à définir : il se caractérise par le besoin de simuler une maladie. Les patients atteints de ce syndrome présentent de multiples cicatrices d'opérations à la suite d'hospitalisations répétées pour des affections simulées. Les patients prétendent être atteints d'une maladie qu'ils provoquent eux-mêmes mais avec un but essentiellement inconscient, puisque le sujet cherche à se retrouver dans un rôle de malade.
La quête de ce statut est particulièrement obstinée et répétitive, et le patient a souvent un familier du milieu médical. Le syndrome de Munchausen se définit par des troubles factices, c'est-à-dire des affections simulées ou induites par le patient sans motif visible, conduisant à des examens et traitements inappropriés mais également à des déplacements d'un hôpital à un autre.
Souvent diagnostiqué tardivement (en moyenne vers 30-40 ans), le syndrome de Munchausen est une pathologie rare qui a suscité une abondante littérature. L'ignorance et les lacunes par rapport à ce syndrome entraînent de nombreux problèmes et questions de statut du patient, de morale, de classification…
Le syndrome de Munchausen se situe aux frontières de la mythomanie ou de la conversion hystérique et de la simulation. Il se distingue de la simulation, acte volontaire et conscient, opéré en vue d'obtenir une satisfaction précise et n'entre pas non plus dans le cadre des phénomènes de conversion. En réalité, il se situe entre ces deux pôles.
Le patient atteint du syndrome de Munchausen est-il coupable ou victime ? Comment distinguer une maladie réelle de trouble factice ? Dans le cas du syndrome de Munchausen par procuration, pourquoi une mère agirait-elle ainsi ? Comment reconnaître cette forme de maltraitance ? Le syndrome de Munchausen est une pathologie psychiatrique précise ou un trouble de la personnalité ?
[...] Lorsque le SMP n'a pas été découvert dans l'enfance, les enfants ne savent pas qu'ils ont été victimes jusqu'à ce qu'ils le découvrent par hasard, dans un article ou une revue, l'existence de cette forme de maltraitance. IV. Defis pour les médecins 1. Médecin manipulé Dans le cas d'un syndrome de Munchausen, la relation médecin-patient est rompue. Le personnel médical est pris au piège dans une relation faussée. En effet, il existe un contrat implicite de sincérité évident entre le patient et son médecin : le patient indique ses douleurs et ses symptômes pour que le médecin puisse l'aider au mieux. [...]
[...] Certaines développent à l'âge adulte des syndromes de Munchausen simples. Par leur besoin maladif d'attention, les malades, ici les mères, passent à l'acte de manière compulsive, sans prendre réellement conscience de la morbidité des troubles dont elles sont atteintes. Ces mères, de la même manière que dans la forme simple du syndrome, acquièrent des connaissances médicales grâce à différentes expériences personnelles. Dans l'ouvrage autobiographique Ma mère, mon bourreau l'auteur, Julie GREGORY, victime du SMP, écrit : maman a consulté sa collection d'ouvrages médicaux ( ) : Encyclopédie des maladies, Les organes et leurs fonctions, Catalogues des pilules. [...]
[...] La distinction entre troubles factices et troubles réels étant difficile, il faut rester vigilant pour ne pas passer à côté du syndrome de Munchausen ou au contraire sous-estimer les troubles réels. Il faut sensibiliser les médecins aux enjeux inconscients de la relation médecin-malade, ainsi que la constitution d'équipes soignantes pluridisciplinaires incluant des psychologues et des psychiatres, pour permettre une meilleure conduite thérapeutique quand existe un doute sur un abus de soins. L'attitude soignante doit viser à maintenir un lien thérapeutique avec le patient et un suivi stable et durable. [...]
[...] L'altérateur adhère à ses mensonges, il se trompe lui-même. Il se joue des médecins mais également de lui-même. ASHER évoque un intense désir de tromper chacun autant que possible et ajoute qu'ils mentent par amour du mensonge mensonge qui porte sur leur identité, leur vie et leur pathologie. On remarque notamment l'omniprésence du thème du deuil, du malheur et de la malédiction dans leur propos. En effet, ils racontent souvent avoir perdu des proches dans des conditions assez tragiques, récit qui vient appuyer leur histoire médicale. [...]
[...] En effet, le syndrome de Munchausen partage les histoires fantastiques et l'automutilation de la mythomanie vaniteuse (cf. annexe 1). Ces caractères se manifestent par la mise en œuvre de fausses maladies avec une simulation des lésions externes et des troubles organiques. En 1908, Georges DIEULAFOY (1839-1911), professeur de clinique médicale à l'Hôtel-Dieu, introduit le terme de Pathomimie. Il s'agit d'une maladie où le malade s'inflige et entretient des lésions qu'il se crée lui-même. Il fabrique une pathologie et multiplie les examens médicaux allant jusqu'à subir des interventions chirurgicales pour accréditer l'existence d'une maladie. [...]
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