Le sujet schizophrène présente, du fait de ses délires particulièrement hermétiques et incohérents, une dissociation de la personnalité entraînant de profondes perturbations affectives et une altération réelle des relations sociales. On peut avoir le sentiment qu'il est un peu avec nous mais il demeure toujours en retrait, peut-être pour mieux se protéger du risque de se sentir vivant ? Ces perturbations affectives se traduisent par un détachement apparent du sujet schizophrène, par rapport au monde extérieur et par des sentiments étranges.
Le sujet schizophrène se laisse aller à la dérive, se laisse submerger, emporté par son délire et il apparaît aux yeux des autres comme étant particulièrement éloigné de la réalité. Il peut d'ailleurs fortement inquiéter ses proches.
L'anti-psychiatrie est un mouvement qui fait porter une grande responsabilité à la société et si l'on suit sa pensée, la schizophrénie ne serait plus à considérer comme une maladie, mais plutôt comme un fait d'origine psychosociale. Ainsi, selon cette approche, la responsabilité des troubles présentés par un sujet n'incombe plus seulement à lui-même mais il y a véritablement une prise en compte de toutes les influences environnementales, plus ou moins néfastes qu'il aurait pu recevoir au cours de son développement et dont il aurait pu souffrir.
I- Portrait d'un jeune schizophrène et essai d'étude clinique :
Bastien est un jeune adolescent, âgé de 16 ans. Il se présente comme un individu calme, trop calme. Il peut, en effet, rester assis des heures sur une chaise sans manifester le désir de bouger ou de parler à autrui. Il est là, dans la pièce au milieu des autres jeunes, mais, en même temps, il semble être ailleurs.
Si on le sollicite pour effectuer avec nous une activité, il se lève et nous suit de façon très docile, sans exprimer la moindre émotion.
Il se déplace de façon très mécanique, tel un robot. Sa tête est très légèrement inclinée vers l'avant, mais la nuque demeure néanmoins rigide, ses bras sont ballants, les épaules tombantes et, seules les jambes semblent mobiles (...)
[...] Le sujet semble être conscient de son délire et il peut l'exposer de façon cohérente et logique. Ce qui est loin d'être le cas du sujet schizophrène qui présente, du fait de ses délires particulièrement hermétiques et incohérents, une dissociation de la personnalité entraînant de profondes perturbations affectives et une altération réelle des relations sociales. Le sujet présentant une psychose délirante chronique conserve un comportement extérieur adapté et il peut maintenir une activité socioprofessionnelle relativement adaptée. Il ne souffrira pas de ce bouleversement total, et sans cesse en mutation, de soi et du monde extérieur, tel que cela est décrit dans la nouvelle écrite par Kafka et qui s'intitule La Métamorphose. [...]
[...] L'univers sans père donne un pouvoir extraordinaire à la femme Cette mère se tenait repliée sur elle-même et ne cherchait pas à discuter avec les personnes présentes. Elle écoutait ce qui se disait autour d'elle à propos de son fils mais ne participait pas à l'échange. Elle s'enfermait dans une sorte de mutisme et les regards qu'elle nous lançait étaient chargés d'agressivité. Lorsque son fils était présent, il se tenait toujours à côté d'elle, son corps légèrement tourné vers elle et il la fixait. [...]
[...] Comme il ne dessine pas de façon spontanée, je lui présente en général les feutres et je lui propose un thème. Par exemple, si je lui dis peux-tu me dessiner un bonhomme ? il va répéter bonhomme, dessiner, oui Et tout en dessinant, il verbalise ce qu'il fait un trait, un rond, oui ! un trait un rond oui ! . Au final, si on le laisse faire librement, ce ne sera pas un bonhomme qui sera dessiné mais plusieurs, car Bastien persévère et ne s'arrête pas de lui-même dans le faire. [...]
[...] Pankow, L'être-là du schizophrène, Champs Flammarion p G. Pankow, L'être-là du schizophrène, Champs Flammarion p. 135. [...]
[...] De la schizophrénie : questionnements et réflexion Sommaire : Portrait d'un jeune schizophrène et essai d'étude clinique. II- Paranoïa ou schizophrénie ? III- Psychose délirante chroniques ou schizophrénie ? IV- Le mouvement antipsychiatrique et la schizophrénie. Résumé : Le sujet schizophrène présente, du fait de ses délires particulièrement hermétiques et incohérents, une dissociation de la personnalité entraînant de profondes perturbations affectives et une altération réelle des relations sociales. On peut avoir le sentiment qu'il est un peu avec nous mais il demeure toujours en retrait, peut-être pour mieux se protéger du risque de se sentir vivant ? [...]
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