Historiquement, le rôle de la phonologie dans l'activité de lecture a été l'objet d'une immense controverse qui a donné naissance à plusieurs modèles et postulats tentant de décrire les principales étapes pour accéder aux représentations lexicales1. Il est commode, étant donné ce contexte théorique qui l'exige, d'introduire notre sujet par une simple lecture des principales conclusions issues de ce débat. Malgré l'extrême position de certains auteurs qui défendent l'absence d'une moindre intervention phonologique, plusieurs travaux se sont accordés pour assigner à la phonologie un rôle primordial lors de l'activité de la lecture. Plusieurs raisons supportent cette supposition: l'activation spontanée d'une sorte de "petite voix interne" lors de la lecture d'un mot ou d'une phrase. L'apprentissage quasi-automatique de la parole qui précède chronologiquement un apprentissage long et exigeant de la lecture et qui semble ainsi servir d'une base pour ce parcours d'apprentissage complexe. Les divers effets de voisinage phonologique (phonologic neighborhood) dans des tâches de reconnaissance visuelle de mots qui mettent en évidence l'activation d'une composante phonologique lors de la lecture (Rey, Jacobs, Schmidt-Weigan et Ziegler, 1998). Les arguments issus de la neuropsychologie en faveur d'une déficience phonologique, due à un hypofonctionnement du lobe temporal postérieur, comme origine de la dyslexie de développement2 (Paulesu, Demonet, Fazio, McCrory, chanoine, Brunswick et al., 2001)...
[...] A travers ce balayage de quelques arguments théoriques ou expérimentaux, il semble évident que les capacités phonologiques sont en étroite liaison avec les habiletés lexicales et orthographiques. La Psycholinguistic grain size Theory offre un cadre hypersophistiqué pour tous les travaux qui discutent cette relation. Pour les auteurs, Il est primordial d'intégrer plusieurs axes de recherches qui détaillent plus le développement phonologique et linguistique, l'interaction mutuelle entre ces composantes et les effets qu'ils suscitent par rapport à la spécificité des langues. [...]
[...] (1983). Categorising sounds and learning to read: A causal connection. Nature 419-421. Muneaux, M., & Ziegler, J. (2004). Locus of orthographic effects in spoken word recognition: Novel insights from the neighbour generation task. Language & Cognitive processes 641-660. Paulesu, E., Demonet, J., Fazio, F., McCrory, E., Chanoine, V., Brunswick, N., et al. (2001). [...]
[...] - La théorie des deux routes qui prétend à l'accès direct à la lecture mais aussi à une possible médiation phonologique (ex.: Seidenberg, 1985). Une nouvelle théorie s'est greffée à ces trois approches en proposant un modèle d'activation multiple qui soutient l'existence d'une activation prélexicale et non optionnelle des composantes orthographiques et phonologiques lors de la lecture (Ferrand et Grainger, 1992) Récemment, Siok, Perfetti, Jin et Tan (2004) ont montré que des enfants dyslexiques chinois ne manifestaient pas cet hypofonctionnement typique mais plutôt une réduction de l'activité du gyrus frontal médian gauche. [...]
[...] Dans l'une des études pilotes dans ce domaine, Bradley et Bryant (1983) ont tenté de dévoiler le type de relation entretenue entre la conscience phonologique (attaque-rime) et l'apprentissage de la lecture. Pour ceci, ils ont développé une tâche de dépareillage (oddity task) dans laquelle des enfants pré-lecteurs âgés de 4-5 ans devaient faire sortir le mot différent en terme de son son initial, médian ou final parmi trois ou quatre mots présentés. Ces mêmes enfants testés à l'âge de 8-9 ans, faisaient la preuve que les niveaux de conscience phonologique enregistrés 3 ans auparavant déterminaient en grande partie le niveau de lecture atteint. [...]
[...] Les arguments issus de la neuropsychologie en faveur d'une déficience phonologique, due à un hypofonctionnement du lobe temporal postérieur, comme origine de la dyslexie de développement2 (Paulesu, Demonet, Fazio, McCrory, chanoine, Brunswick et al., 2001) . L'ensemble de ces données, bien qu'il visât prioritairement la valorisation des bases phonologiques dans l'accès au décodage lexical, dévoile la nécessité d'une certaine configuration phonologique pour aboutir à la lecture. Autrement dit, la structure phonologique n'est pas seulement un simple relai de décodage des mots mais la base même de cette faculté. [...]
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