Le sujet au travers de sa maladie va exprimer les difficultés intrinsèques qui le submergent mais qu'il ne parvient pas à dire, à mettre en mots. Le corps entier, dans ses organes et leurs altérations, va pouvoir incarner la pensée profonde du ça. « La maladie est pour Groddeck, la « voie royale » dans l'appréhension de l'être humain » . Or, la douleur qui est ressentie dans le corps exacerbe davantage la maladie en mettant la souffrance au coeur des préoccupations du malade. La douleur devient alors première et tout ce qui est de l'ordre des préoccupations psychiques, l'ensemble des pensées, les émotions, les souvenirs ... du sujet vont ainsi être relégués au second plan. Nous pourrions donc dire d'une certaine façon que la douleur va endormir le fonctionnement mental du sujet, ou tout au moins le ralentir pendant un temps. En effet, quand on a mal, il est plus difficile de se concentrer, notre caractère se modifie, notre dynamisme diminue, notre agressivité par contre peut augmenter. Ainsi, même si la douleur endort d'une certaine manière l'esprit, le corps physique est loin de se reposer véritablement.
Qu'apporte donc véritablement la douleur dans la maladie, outre le repos de l'esprit ?
En suivant cette première idée, nous pourrions essayer de mieux comprendre le rôle des douleurs éprouvées par un sujet qui chercherait à résister, grâce à elles, et de façon efficace, à ses désirs ou qui souhaiterait échapper à des demandes extérieures auxquelles il ne souhaite pas répondre. En effet, lorsque la douleur est criante, elle se rappelle fréquemment à l'esprit du malade, ce qui permet de le mettre régulièrement en garde contre ses pulsions propres ou les désirs des autres à son égard. Ces types de somatisation où la douleur est première ne protègent-elles pas un sujet de ses pulsions ou de tout rapprochement à autrui ?
Nous retrouvons cette idée chez C. Dejours lorsqu'il écrit que « les somatisations ne sont pas toujours néfastes » ; outre le fait que le corps parvienne à exprimer ce que les mots ne peuvent pas dire, les douleurs peuvent également apporter au sujet une sorte de protection, de remparts protecteurs contre les intrusions d'autrui à son encontre, une sorte de barrière contre les effractions possibles venant de l'extérieur (...)
[...] Or, le contenu de ce paquet auquel était jointe une carte d'anniversaire m'a profondément secoué. En effet, dans ce paquet se trouvaient l'ensemble des lettres que j'avais adressées à ma mère depuis mon enfance. La re-découverte brutale de ces lettres, mes propres lettres que j'avais destinées à ma mère, et qu'elle me renvoyait sans explication a été comme un véritable électrochoc et, la réaction, après- coup, dans mon corps, particulièrement douloureuse. Je m'explique. En recevant ce paquet j'ai été bouleversée, je ne comprenais pas les raisons de ce renvoi. [...]
[...] Dejours, Le corps d'abord, PBP p J.J. Antier, C.C. Jung ou l'expérience du divin, Presses de la renaissance p Sami-Ali, Corps réel corps imaginaire, Dunod p D. Sibony, L'enjeu d'exister, Editions du Seuil p. 197. [...]
[...] La maladie, et la souffrance qu'elle entraîne, serait le refuge adéquat pour éviter les conflits psychiques internes ou le moyen de payer ou de racheter des fautes commises. Ainsi, certains sujets peuvent ne pas s'autoriser à vivre pleinement leur vie, le corps qu'on a est le corps interdit, celui qui matérialise l'interdiction, corps de soi et de l'autre où la souffrance est double et double la négation du désir Ils sont sous l'emprise d'une injonction silencieuse extérieure qui leur insuffle depuis leur enfance que la vie est un combat de tous les instants et qu'il faut se battre pour survivre. [...]
[...] Ces failles du corps érotique seraient héritières de l'histoire des relations entre l'enfant et ses parents C. Dejours parle, dans ce cas, de désétayage de la pulsion sur la fonction physiologique. Une partie du corps ne serait pas investie au niveau libidinal et resterait sous le primat du physiologique. La zone exclue de la subversion libidinale deviendrait alors la partie du corps désignée pour produire le symptôme, voire la maladie et les douleurs qui s'ensuivent. D'autres auteurs prennent en compte cette dimension intersubjective comme éléments de réponse aux maladies psychosomatiques. [...]
[...] La maladie est pour Groddeck, la voie royale dans l'appréhension de l'être humain Or, la douleur qui est ressentie dans le corps exacerbe davantage la maladie en mettant la souffrance au cœur des préoccupations du malade. La douleur devient alors première et tout ce qui est de l'ordre des préoccupations psychiques, l'ensemble des pensées, les émotions, les souvenirs . du sujet vont ainsi être relégués au second plan. Nous pourrions donc dire d'une certaine façon que la douleur va endormir le fonctionnement mental du sujet, ou tout au moins le ralentir pendant un temps. [...]
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