La relation soignant-soigné peut donc se décliner comme un kaléidoscope, comportant différentes dimensions: éducative, thérapeutique, coopérative, autoritaire, acceptation, dépendance voire maternage.
Il est impératif pour le soignant de prendre conscience du registre privilégié dans lequel il se situe et ou il est placé par le patient compte tenu de sa culture, de son age, de sa personnalité et de son fonctionnement intrapsychique, ainsi que son histoire et du moment particulier où se déroule cette interaction. Si toute relation se construit à deux, elle dépend néanmoins du contexte, notamment institutionnel ou privé, dans lequel elle se noue, se déroule et prend fin.
La relation soignant-soigné est d'emblée inscrite dans une temporalité (elle a un début et une fin annoncés même si la date de cette dernière demeure inconnue des deux protagonistes).
[...] En ce qui concerne le soignant, l'intensité de ses attentes dépendra de la position hiérarchique qu'il occupe imaginairement pour le patient et réellement dans sa pratique. L'infirmier(e) ne se situe jamais dans un colloque singulier vis-à-vis du patient parce les soins qu'il / elle lui prodigue le sont sur prescription d'un tiers (médecin) incontournable dans la relation. L'ambivalence est très souvent présente dans la relation patient-médecin (demande de protection-guérison, toute-puissance prêtée au médecin non sans crainte de son pouvoir, effets indésirables des traitements). [...]
[...] L'incertitude est majeure quant à l'avenir (guérison, aggravation, mort voire péjoration d'une anticipation mortelle pour certaines personnes ou pour les malades atteints de pathologie chronique à évolution mortelle), aux soins (effets des traitements, attendus, redoutés, acceptés, imposés) et à la durée de l'hospitalisation. S'ajoute à cette anxiété mêlée d'espoir, la perte de maîtrise et d'autonomie (être placé sous le contrôle et le regard des autres, ne plus pouvoir intervenir sur l'extérieur autant qu'avant la dépendance par rapport aux soignants avec le risque d'une régression rejetée ou désirée, passage d'un registre actif à passif, position debout à celle couchée). [...]
[...] Ce type de relation confie donc un réel pouvoir au corps soignant (médecins en premier, mais aussi infirmiers et paramédicaux en général) situant donc ce dernier en position "haute". Ce pouvoir est d'ailleurs d'autant plus agissant qu'il est occulté et nié du côté du soignant. Il est donc nécessaire de reconnaître ce pouvoir, d'en évaluer l'ampleur variable selon chaque individu, afin de l'utiliser au mieux pour en limiter les effets voire les excès. On peut d'ailleurs s'enquérir de ce qui motive puissamment chez les soignants le choix de leur métier: avoir du pouvoir pour protéger les autres, mais aussi soi-même sur un plan fantasmatique de la maladie et de la mort; exercer une protection à l'égard d'autrui grâce à un pouvoir dont le soignant tire sa légitimité de la formation qu'il a reçue et du rôle institutionnel qui lui est attribué. [...]
[...] Psychologie médicale. Paris, Masson Laplanche.J.-L., Pontalis J.-P., Vocabulaire de la psychanalyse. Paris, PUF Memmi.A. La dépendance. Paris, Folio Manoukian.A., Masseboeuf.A. La relation soignant-soigné. Paris, Lamarre, 1995. [...]
[...] La relation a généralement le corps comme objet, mais passe le plus souvent par l'intermédiaire de la parole. La relation soignant-soigné est une relation d'inégalité et d'espérance, susceptible de réveiller toutes les quêtes antérieures et tous les conflits qui peuvent y être liés, relation passant par le corps et s'exprimant par la parole, telles nous semblent être caractéristiques de la relation de soin. Son analogie avec celles de la relation parents-enfants explique pour partie qu'au cours de la relation soignant-soigné, se réactiveront de part et d'autre certaines conduites maternantes et parentales, et conduites régressives sinon infantiles. [...]
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