L'étude de la zone muette des représentations sociales est une étude complexe en tant qu'elle concerne un "sous-ensemble spécifique de cognitions ou de croyances qui tout en étant disponibles, ne sont pas exprimées par le sujet dans des conditions normales de production…" et qui, " si elles étaient exprimées (dans certaines situations), pourraient mettre en cause des valeurs morales ou des normes valorisées par le groupe", selon Guimelli et Deschamps en 2000.
La première étape d'une telle étude concerne la mise en évidence des représentations sociales elles-mêmes, tandis que la deuxième concerne directement la mise en évidence de la zone muette et des conditions permettant son apparition dans les discours des sujets. Il nous parait alors essentiel de retracer le contexte théorique dans lequel nous nous insérons inévitablement au travers de notre recherche.
Ici, la zone muette est recherchée au travers du thème des musulmans, puisqu'il s'agit d'un thème pouvant porter à controverse et pouvant entraîner des croyances cachées.
Ce dossier est une sorte de mini-mémoire dont l'intérêt est de pouvoir cerner la conception d'une recherche expérimentale de psychologie sociale.
[...] Nous chercherons donc par la suite des moyens de donner ces informations explicitement. Nous faisons alors l'hypothèse qu'une présentation des enquêteurs en tant qu'individus ayant des attitudes discriminatoires à l'égard du groupe des musulmans, devrait avoir pour effet un démasquage de la zone muette. Ainsi, les sujets devraient ressentir une pression normative moins forte quant à la non discrimination du groupe socialement protégé, voire percevoir une valorisation de ces comportements discriminatoires. Et par là même, dans une condition de présentation des motivations des enquêteurs en tant qu'individus très tolérants voire pro- musulmans, les sujets devraient percevoir une pression normative très forte et devraient, par un biais de désirabilité sociale, s'y conformer au mieux pour donner la meilleure image possible d'eux même à leurs interlocuteurs. [...]
[...] Une autre raison peut expliquer la similitude des résultats entre les deux groupes : la protection normative de l'objet d'étude, les musulmans. Face à certaines interprétations des difficultés sociales, un sujet peut être tenté d'incriminer telle ou telle catégories "d'étrangers", mais s'il pense en même temps qu'il n'est pas "bien" d'être raciste, cette situation générera chez lui un conflit où les aspects sociaux et cognitifs seront étroitement associés. Cette pression normative aboutit à l'expression d'un consensus déterminé par les valeurs dominantes et socialement valorisées dans une société. [...]
[...] La deuxième hypothèse porte sur le contexte de substitution. Conformément aux expériences déjà réalisées (Guimelli et Deschamps, 2000), on s'attend à un démasquage de la zone muette dans une condition de substitution, par comparaison à un masquage de celle-ci lors d'une condition normale. La troisième hypothèse est celle de l'effet attendu par la décontextualisation normative. Cette technique consistant à faire varier la présentation de l'enquêteur vis-à-vis des enquêtés, de nombreux travaux ont mis en évidence sa significativité dans l'influence des productions des sujets. [...]
[...] Précisons que les annexes concernant les questionnaires ne présenterons qu'un seul ordre afin de ne pas trop alourdir le dossier. VI Le recueil des données Cette étape de l'expérimentation est la plus éprouvante en tant qu'elle nécessite des ressources attentionnelles toutes particulières afin d'éviter des erreurs d'inattention. Il s'agit de relever les réponses des sujets sur un logiciel informatique le plus adapté possible. Nous utiliserons pour cela Microsoft Excel qui nous permettra d'intégrer facilement les données à un quelconque logiciel statistique. [...]
[...] Aux vues des résultats, nous sommes donc en mesure d'affirmer que les étudiants en Droit ont des représentations plus négatives des musulmans que les étudiants en Lettres, et par là même utilisent plus facilement des stratégies de démasquage du fait d'une pression normative beaucoup moins grande de la part de leur groupe d'appartenance. (cf. Annexe 3 : Analyse des effets de la différence de cursus) En ce qui concerne l'hypothèse d'un effet de la consigne sur les représentations, nous avions déjà observé des différences significatives dans le cadre du questionnaire. Cela nous est alors confirmé lors des associations. Par exemple, on retrouve à nouveau une différence forte dans l'évocation de la notion d'"extrémisme", apparaissant 33 fois en condition de substitution et plus que 14 fois en condition normale. [...]
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