Baisse du pouvoir d'achat, terrorisme, violences urbaines, et maintenant crise économique et financière. Comment pouvons-nous être témoins et parfois victimes de situations sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle, sans nous sentir paniqués et dans l'insécurité ? L'avenir est incertain, et les jours meilleurs de semblent pas prêts d'arriver. Je le sais, on nous le dit à la télévision, on nous le dit dans la presse, on nous le dit à la radio, matin, midi et soir.
Alain Minc, dans une interview radio donnée le 6 octobre dernier, disait de la crise qu'elle était essentiellement psychologique. « Toute la question » a-t-il dit « c'est de savoir comment on recrée la confiance ». Ces propos montrent bien à quel point le sentiment d'insécurité est malléable et utilisable et que le principal rôle de l'Etat est de rassurer la population par des discours et des actions.
Lorsque l'on analyse le sentiment d'insécurité, l'écart est souvent important entre la réalité et la perception de cette réalité. Le sentiment d'insécurité est parfois fondé, mais il peut être aussi irrationnel. Il peut être exacerbé par une surexposition médiatique par exemple.
Comment expliquer alors que nous ayons peur, et surtout que ce sentiment prenne de plus en plus de place dans nos vies ?
[...] Le sentiment d'insécurité peut, enfin, être évalué à l'aune des chiffres de la délinquance et de la criminalité. En effet, les individus sont sensibles aux chiffres, qui leur paraissent officiels et donc révélateurs d'une situation bien réelle. Entre 1993 et 2002, les chiffres officiels de la criminalité et de la délinquance ont progressé de 6%. L'année 2002 aura été la plus mauvaise. Entre 2002 et 2007, la criminalité et la délinquance ont baissé de 12%. Les résultats sont encore plus encourageants si l'on ne considère que la délinquance de voie publique qui nourrit le plus le sentiment d'insécurité : en 5 ans elle a reculé de 29%. [...]
[...] La télévision devient spectacle. Pourtant, la situation n'est pas nouvelle. Il y a toujours eu des crimes, des actes de violence autour de nous. Simplement, on tolère de moins en moins une insécurité qui n'a jamais autant frappé l'opinion en raison notamment de son retentissement médiatique. Sommes-nous tous en danger ? On peut l'imaginer si l'on en croit l'abondance de sujets sur la délinquance, le sentiment d'insécurité et la violence des jeunes qui paraissent régulièrement dans la presse, ou dans les émissions de société des chaînes françaises. [...]
[...] De plus, le sentiment d'insécurité peut s'expliquer par l'évolution de la société elle-même, qui est marquée par un affaiblissement du contrôle social lié à l'individualisme, par un recul de la citoyenneté, par une intégration souvent difficile de minorités déracinées, par la concentration de populations défavorisées dans des quartiers sensibles. Avec l'arrivée des immigrants dès la fin de la décolonisation, notre société s'est considérablement diversifiée et enrichie. Cependant, certains y voient là une perte de notre identité nationale. On n'identifie plus le nous, l'identité collective semble s'effriter. Ceci engendre un sentiment d'insécurité, qui peut se traduire par des comportements de rejets. [...]
[...] Les Etats-Unis pensaient leur territoire inviolable. Le sentiment d'insécurité s'accroît d'autant plus que l'ennemi est invisible, et peut frapper n'importe où et à n'importe quel moment. Les attentats de Madrid ont d'ailleurs rappelé que la menace peut toucher nos plus proches voisins et par là même que des mesures de sécurité sont à prendre sur notre territoire. Transition A/B : Ainsi, on peut voir que la notion de sentiment d'insécurité peut être très abstraite et subjective. Pourtant, c'est un fait existant dans nos sociétés. [...]
[...] II.La prise en compte politique du sentiment d'insécurité A. La disparition de l'Etat Providence Les hommes ne semblent pas capables de se protéger contre toutes les menaces. C'est pourquoi ils ressentent le besoin de faire appel à un pouvoir supérieur, l'Etat. On peut rappeler ici les théories de Weber d'une part, et celles du contrat social de Hobbes et Rousseau. Selon Weber, l'Etat détient le monopole de la violence physique légitime. Ce pouvoir lui permet d'imposer la sécurité, du moins de mettre en place les conditions propices à l'existence du sentiment sécuritaire. [...]
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