Tout être humain à besoin de donner du sens à son existence et aux événements qui
rythment cette existence. Pour cela, il élabore tout un système d'interrogations et
d'interprétations. C'est une quête de sens qui commence souvent par une quête de cause, et
qui met en scène un sujet parlant, c'est-à-dire un sujet dont le langage organise les
représentations de l'origine en général, et de son origine en particulier. Sans cela, ce serait le
désordre, l'irreprésentable, le chaos psychotique. Le sujet élaborerait des questionnements
déréglés aboutissants à des certitudes inébranlables. On comprend donc que la psychose, et
notamment le délire, constituent un champ de recherche intéressant. On peut d'ores et déjà
assimiler les processus délirants à une quête de sens. Notre hypothèse est donc la suivante : la
quête de sens, en tant que mécanisme interprétatif et intuitif, peut mener à un délire. Reste à
distinguer la réalité et le délire, l'exactitude et l'irraisonnée, ou même le normal et le
pathologique.
Cette quête de sens, donc, concerne l'existence même du sujet : naissance, vie et mort.
Mais elle peut écouler aussi de situations particulières, c'est-à-dire de phénomènes
spécifiques, insolites, embarrassants, effrayants. Ce sont des phénomènes désagréables
puisqu'ils comportent généralement une dimension de hasard et d'imprévu. Parmi ces
événements, nous pouvons inclure la maladie grave/incurable et l'atteinte somatique.
Ainsi, une santé défaillante entraîne un ensemble de questionnements sur la cause, sur
l'évolution (guérison, aggravation, stabilité) et donc sur le sens de la lésion organique. C'est
une quête de sens qui permet de rendre compréhensible ce qui est impensable et absurde. Par
ailleurs, la maladie est un événement d'autant plus désagréable et intolérable qu'elle n'est pas
seulement imprévue : elle est aussi et surtout non souhaitée et non souhaitable. Tout est fait
pour l'éviter. Finalement, nous pouvons reformuler notre hypothèse de départ et proposer la
suivante : une quête de sens inhérente à une maladie grave peut mener à un délire. Nous nous
Quête de sens : une marche vers le délire ? (maladies graves et atteintes somatiques). 2
proposerons alors de démontrer de quelle manière cela s'effectue et de voir de quels types de
délires il s'agit.
Notre plan se décomposera en deux parties. Dans un premier temps, nous nous
concentrerons sur une définition générale de la quête de sens. Nous verrons à partir de quoi
elle émerge, comment elle se met en place et vers quoi elle évolue. Pour cela, nous devrons
nous appuyer notamment sur les notions d'événement, de hasard, de temporalité, et
développer ce que nous entendons par « théories causales et explicatives ». C'est dans un
second temps que nous traiterons du glissement vers le délire et que nous étudierons plus
particulièrement le cas de maladies graves ou d'atteintes somatiques.
[...] Il faut prendre en compte la singularité et l'unicité du sujet, ainsi que sa personnalité. Finalement, la quête de sens délirante, en tant que processus d'élaboration visant à expliquer, interpréter et comprendre, peut être propice à la mise en place d'un délire seulement si le sujet présente des traits de personnalité (personnalité pré-morbide) enclins au déclenchement d'une psychose ou de vécus délirants. Quête de sens : une marche vers le délire ? (maladies graves et atteintes somatiques) Bibliographie : BRISSAUD, E. [...]
[...] Ainsi, la quête de sens s'engage dès lors qu'un événement particulier survient. L'événement peut être défini comme un phénomène marquant. Ce peut être un acte, un passage à l'acte, une parole, une manifestation de l'inconscient, etc. Certains parlent même d'événements de vie pour décrire des situations traumatisantes (accident, agression, deuil, Finalement, tout peut faire événement. Le sujet peut le subir ou en être témoin. Ce qui importe, c'est la portée que cela aura sur lui et la manière dont il se débrouillera avec ce qui lui arrive. [...]
[...] La maladie se manifeste par des atteintes et des blessures organiques. On parle aussi de symptômes fonctionnels, au sens médical du terme. Mais en tant qu'événement pénible/désagréable/effrayant, la maladie peut aussi constituer une atteinte psychique et une Quête de sens : une marche vers le délire ? (maladies graves et atteintes somatiques) blessure narcissique. Nous entendons par là que le symptôme médical peut induire un symptôme au sens de la psychanalyse. Dans les deux cas, le symptôme reflète quelque chose d'insoutenable. [...]
[...] (1909). Les Folies raisonnantes, Le Délire d'interprétation. Paris: Félix Alcan. VALABREGA, J-P., (2001). Les mythes, conteurs de l'Inconscient. Paris: Payot et Rivages. Quête de sens : une marche vers le délire ? (maladies graves et atteintes somatiques). [...]
[...] C'est la tuchê qui brise l'automaton, selon l'approche lacanienne. S'il a besoin de s'expliquer ces événements accidentels et imprévus, c'est pour combler un trou, combler une incompréhension et répondre à une énigme. C'est ainsi que le sujet élabore une quête de sens. Le sujet explique l'événement par le biais de théories personnelles et parfois par l'intervention d'une puissance régulatrice du cours des choses, c'est-à-dire le destin : c'est une fatalité, ça devait arriver. La quête de sens suppose donc l'élaboration de théories personnelles. [...]
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