La pyromanie, étymologiquement, vient du grec « pyro » signifiant « chaleur, feu » et de « mania » signifiant « folie » ou encore manie, terme employé aujourd'hui. Jusqu'au XVIIIe siècle, la pyromanie en tant que maladie mentale était peu connue et les pyromanes étaient considérés comme des criminels simples d'esprit. C'est en Allemagne, grâce notamment à Friedrich Benjamin Osiander, que la pyromanie va commencer à être considérée comme un trouble du comportement.
Elle aurait ensuite été conceptualisée par le psychiatre français Charles Chrétien Henri Marc, au cours du XIXe siècle. En effet, psychiatre spécialisé dans les monomanies, il se pencha plus particulièrement sur la kleptomanie et la pyromanie. La pyromanie est donc avant tout une monomanie. Plus généralement, elle se caractérise comme une obsession, un délire, centré sur une préoccupation unique, celle d'allumer un feu en l'espèce.
Selon le docteur Legrand du Saulle, la monomanie est caractérisée par des hallucinations, des délires, des impulsions et par des désordres dans le développement des passions. La monomanie incendiaire plus précisément consiste en une envie instinctive et irrésistible pour le feu, suivie ou non d'effets, et sans motifs. Le véritable pyromane obéit à une impulsion et peut ainsi aussi bien incendier la maison de son voisin que la sienne.
Le pyromane se distingue donc de l'incendiaire criminel, lequel agit pour des raisons diverses telles que la vengeance ou le motif crapuleux par exemple.
[...] Les sujets pyromanes ensuite restent souvent sur les lieux de l'incendie et figurent parmi la foule aux abords du sinistre. Il aura parfois lui-même appelé les secours, il pourra participer aux opérations (en tant que pompier par exemple) et ressentira de la gratification et du plaisir, ainsi qu'un soulagement important (critère 4 Le pyromane n'agit en effet pas sous le coup de la colère ni par intérêt : le pyromane n'est pas celui qui causera un incendie par vengeance, par revendication écologique, pour dissimuler un crime. [...]
[...] La pyromanie est donc avant tout une monomanie. Selon Jean-Etienne Esquirol, psychiatre français, la monomanie est une espèce de folie dans laquelle le délire est partiel et qui présente tous les signes qui caractérisent les passions : le délire du monomaniaque est exclusif, fixe et permanent comme les idées de l'homme passionné Plus généralement, elle se caractérise comme une obsession, un délire, centré sur une préoccupation unique, celle d'allumer un feu en l'espèce. Si l'on étudie plus précisément ce qu'est une monomanie, le docteur Legrand du Saulle[4], consacre tout un chapitre de son œuvre à la monomanie incendiaire, synonyme de pyromanie. [...]
[...] L'usage de drogues ou d'alcool n'est le plus souvent pas caractéristique des pyromanes les plus jeunes, cela peut cependant être associé aux troubles mentaux des pyromanes plus âgés. Il aura déjà eu affaire à la police, notamment pour des nuisances sonores ou des actes de vandalisme. Après l'incendie, il y a deux profils possibles de pyromanes : il y a ceux qui ne bougent pas et restent sur les lieux de l'incendie pour le contempler brûler et s'enfuiront lors de l'arrivée des secours. [...]
[...] Burgess et Robert K Kessler, le pyromane agit selon un cycle, suivant ses pulsions. Lorsqu'il passe à l'acte, la tension qui était accumulée en lui et toute son anxiété vont diminuer, dès lors que sa pulsion, parfois sexuelle, sera satisfaite. Mais ce cycle est voué à recommencer, dans la mesure où ces tensions recommenceront à le dominer et le pousseront ainsi à récidiver. Ainsi habituellement, un pyromane ne s'arrête pas et il est également rare qu'il s'arrête d'agir pendant plusieurs années comme le font parfois les tueurs récidivistes. [...]
[...] Ainsi, il faut successivement étudier les origines possibles de la pyromanie, avant d'en étudier les aspects cliniques, de sorte à pouvoir élaborer un profil du pyromane, utile lorsque les autorités de police ou de jugement auront à se saisir d'une affaire d'incendie criminel. En effet, l'enjeu de l'enquête consistera notamment à distinguer selon que l'incendie volontaire ait été provoqué par un incendiaire criminel ou par un individu pyromane, lesquels n'ont pas le même profil et ne pourront être appréhendés ni jugés de la même façon. L'un, en mettant le feu, obéit à différents mobiles (vengeance, crapuleux tandis que l'autre souffre d'un trouble mental. La distinction est donc essentielle. [...]
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