L'intervention du psychologue clinicien auprès des patients en soins palliatifs est maintenant reconnue comme un élément indispensable dans leur prise en charge globale. Dans la plupart des structures de soins, qu'elles soient publiques ou privées, les projets d'établissements ménagent, dans une certaine ambivalente, une place grandissante mais aussi assez floue à la psychologie clinique. Qu'elle se fasse en unité fixe, à domicile ou au sein d'une équipe mobile, cette intervention psychologique prend place dans des horaires classiques de travail, mettant ici en avant un premier paradoxe. En effet, alors que les angoisses et l'isolement se font plus présents quand arrive la nuit, le psychologue, dont un des rôles est d'apporter une réponse à cette angoisse, n'est pas présent. Certains diront alors qu'il est absent quand on a le plus besoin de lui. D'autres personnes avanceront l'idée que les personnels présents la nuit, même débordés, sont à même de répondre à cette angoisse. De ce constat, qui amène bon nombre de questionnements, nous avons élaboré un projet professionnel nous permettant de concilier, dans le cadre de notre statut de psychologue clinicien en équipe mobile de soins palliatifs, les exigences liées à notre cadre de travail et les besoins exprimés par les patients et les équipes de soins, à l'approche de la nuit.
[...] Nous allons donc aborder la spécificité du psychologue en structure de soins palliatifs. B. Le psychologue en structure de soins palliatifs La donnée la plus visible concernant l'implication professionnelle des psychologues cliniciens dans les structures de soins palliatifs est qu'ils ne peuvent travailler seuls. Cette notion qui semble incontournable au sein des équipes mobiles s'inscrit dans un mouvement de prise en charge globale du patient, dont le pendant théorique est le concept d'interdisciplinarité, (que nous évoquerons en détail dans notre deuxième partie). [...]
[...] Elle implique qu'il y ait des interactions et un enrichissement mutuel entre plusieurs spécialistes. Un exemple récent en est l'éthologie humaine, rencontre entre l'étude du comportement animal et la psychologie de l'enfant ou le cancer vu sous le regard croisé des biologistes, des médecins, des psychologues, des philosophes. Nous en trouvons une définition , dans un traité de psychologie médicale publié dans les années 70 : Dès qu'une activité nécessite une action coordonnée qui ne peut être accomplie par un seul homme, une équipe s'avère indispensable . [...]
[...] De manière générale, les psychologues, surtout en province, sont en nombre insuffisant dans les structure de soins et leur positionnement est là encore spécifique. Ils ne sont pas des personnels administratifs, ni médico-techniques, ils ne sont pas non plus médecins ou infirmiers. Au niveau statutaire, (hiérarchie, grille salariale, temps FIR, etc ils sont difficilement assimilables à d'autres catégories et font l'objet d'un traitement particulier par l'administration. Tous ces éléments concourent à une individualité et bien souvent une méconnaissance du psychologue malgré ses efforts d'intégration dans la structure. [...]
[...] En tant que psychologue, nous avions aussi accès au vécu commun des soignants et des patients en soins palliatifs, dans lequel étaient retranscrites des difficultés supplémentaires mais aussi spécifiques à la nuit. Le manque de personnel engendrant une crainte de la part des soignants ; la nuit déclenchant chez les patients des douleurs au niveau somatique et des angoisses au niveau psychique. On remarquera d'ailleurs la double dimension psychique et somatique de l'insomnie, principal symptôme lié à la nuit Réflexion au niveau de l'équipe. [...]
[...] En ce qui nous concerne, nous ne portons pas de blouse et notre arrivée dans les services et les chambres de nos patients provoque une réaction de surprise. Si nous considérons maintenant une autre particularité liée à l'organisation de ce créneau, nous observons l'énorme avantage que peut constituer pour notre pratique clinique la gestion facilitée du temps. Notre pratique s'est d'ailleurs rapidement trouvée modifiée par la possibilité de passer plus de temps dans les services, plus de temps auprès des soignants mais aussi plus de temps auprès des patients. [...]
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