Dans cet article, Lamiel critique rigoureusement les différentes recherches portant sur une étude éventuelle de la personnalité et les décrit comme étant scientifiquement non robustes. En effet, l'idée centrale, ici, est que les régularités empiriques découvertes par les méthodes statistiques appropriées à la psychologie contemporaine de traits ne constituent en aucun cas la connaissance des personnes. Selon Lamiel, ces méthodes ne permettent pas de généraliser des connaissances sur des personnes mais elles engendrent des connaissances sur des variables de personnes c'est à dire sur des variables de différences individuelles. Ainsi, pour établir une science de la personnalité, il serait nécessaire d'abandonner ces méthodes traditionnelles en faveur d'autres méthodes plus adaptées. Par conséquent, l'abandon du paradigme néo-galtonien traditionnel en faveur d'une approche néo-wundtienne (c'est à dire une approche où les recherches théoriques établies seraient effectuées sur des sujets différents, du cas par cas) semblerait essentiel. Cette approche néo-wundtienne réintégrerait dans une science de la personnalité la possibilité de découvrir, dans le fonctionnement psychologique et comportemental des individus, ce qui pourrait être considéré, de manière générale, comme vrai dans le sens originel du «gemein allen» (« commun à tous ») et non dans le sens statistique « en moyenne ».
Afin de pouvoir clarifier cette position Lamiel a énoncé dans sa critique les différentes causes de l'échec de la recherche néo-galtonienne comme cadre pour une psychologie scientifique de la personnalité.
[...] Cette psychologie a pour but de faire convenir le modèle de Galton, d'une part, aux objectifs prédictifs au niveau de la population comme une science appliquée et d'autre part, aux objectifs explicatifs au niveau individuel comme une science de base. C'est ainsi, que le paradigme néo-galtonien s'est mis en place. Pour Galton, les statistiques jouent un rôle primordial : il a mis au point une méthode statistique corrélationnelle (avec des écarts-type, des moyennes). Il faisait des observations sur un échantillon de sujets ce qui le conduisait à affirmer des conclusions au niveau de la population. Galton espérait à partir des résultats issus des populations tirer des conclusions sur l'individu, décrire des phénomènes et les expliquer au niveau individuel. [...]
[...] Cette psychologie de Danziger appelé néo-galtonienne semblerait convenir pour la recherche des lois généralisées. C'est pourquoi pour le vérifier, il effectue une expérience où il étudie l'efficacité de deux méthodes d'instruction sur les performances de sujets en orthographe. Vingt enfants ont été aléatoirement affectés à une de ces deux méthodes d'instruction. Un examen orthographique normalisé est administré en fin d'année scolaire afin d'évaluer les performances des enfants. Il analyse les données en effectuant des corrélations et des analyses de régressions : il observe que 20% de la variance peut être expliquée par la variable «méthode d'instruction» et que 80% de la variance est inexpliquée par cette variable (c'est l'erreur de variance). [...]
[...] Pour Lamiel, On ne peut en aucun cas établir une base empirique, pour n'importe quel individu, à partir de la validité d'une loi empirique sans examiner les résultats pour chaque individu de manière spécifique. Le deuxième point est qu'une diminution progressive d'erreur de variance (résidu) ne garantit pas que l'erreur rétrodictive au niveau de l'individu diminue d'une bonne manière : l'augmentation globale de variance expliquée peut être due soit à plusieurs individus qui changent dans le même sens soit à quelques individus qui ont des résultats qui augmentent et d'autres qui ont des résultats qui diminuent. [...]
[...] Comme les tendances psychologiques ne sont pas connues, on peut juste dire qu'il y a une tendance au niveau de la population. D'un point de vue scientifique, on ne peut pas vérifier un énoncé conditionnel sur un individu. On ne peut pas dire en ce qui concerne un individu qui a déjà volé qu'il a 90% de chance qu'il revole de nouveau. C'est impossible, sinon quoi qu'il fasse il sera lié à l'énoncé conditionnel. On ne peut pas attribuer une étiquette à un individu et se baser sur cette étiquette pour le juger. [...]
[...] Ceci serait démontré en représentant le comportement de chaque sujet par le même modèle statistique, c'est à dire un modèle de régression linéaire. Dans de telles lois nomothétiques, les modèles invariants statistiques sont employés nécessairement comme un résumé de plusieurs sources de structures hétérogènes caractérisant les personnes humaines individuellement. Dans ce modèle, seules les variations interindividuelles sont prises en compte. Ces variations interindividuelles dépendraient de la variation entre des personnes I dans une population donnée. Toutefois, l'objectif du modèle idiographique est de connaître ce qui caractérise l'unicité des personnes. [...]
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