Mémoire de psychologie clinique, psychopathologique et santé mentale de Master II, relatif au travail d'élaboration psychique d'une intensité sans précédent, où le sujet se doit de gérer une traversée identitaire avec, pour unique appui, le tremblement de ses fondations.
[...] Tout d'abord, il me paraissait plus qu'urgent de faire signe au mari des réelles difficultés de sa femme. Il avait, en effet, jeté le traitement du médecin de famille au fond des toilettes en menaçant sa femme d'une rentrée prochaine à Montfavet, chez les fous si elle touchait à ça. Je pensai alors que l'inclure dans la démarche thérapeutique pouvait faire en sorte qu'il trouve une place de soutien auprès de sa femme, plutôt que de rester dans cette attitude rigide d'un je n'en veux rien savoir qui commençait à friser la maltraitance. [...]
[...] J'avais érigé entre le sujet mère et moi-même tout un bouclier anti- feu qui retardait la rencontre. Le crochet par le nouveau-né et le détour par le père me menèrent tous deux sur la seule problématique qui puisse être soutenue psychiquement, à savoir la traversée identitaire que présente le devenir mère. Bien sûr mes premières questions restent présentes malgré tout, mais je pense qu'elles ne tiennent plus la même place de paravent qu'elles tenaient au départ de ma recherche, elles se complètent. Il faut parfois de longs mois avant de se rendre disponible à une rencontre. [...]
[...] Lacan disait que ce qui n'est pas pris dans le Symbolique fait retour dans le Réel : Ce qui n'est pas venu au jour du symbolique réapparaît dans le réel Alors nous assistons à des passages à l'acte d'une crudité froide hors réalité : le mari de Mme V. est dans la cuisine, elle est enceinte de huit mois, il prend un couteau qu'il se plante dans l'aine, au niveau du sexe. Sa femme contient l'hémorragie de la fémorale en attendant les secours. Le choc provoque l'accouchement, une petite fille naît, ils la prénomment Angélique. Elle décèdera à l'âge de huit mois. Plusieurs tentatives pour enrayer le Réel de la différence des sexes : se couper le sexe, faire appel à la figure de l'ange, mourir. [...]
[...] Il en revient alors au psychologue d'aiguiller cette entreprise en favorisant l'accès à un nouveau lieu d'écoulement. Si je reprends le terme d'écoulement, c'est pour faire référence à la phrase énigmatique de FREUD dans laquelle il dit que c'est par le goulot du moi que s'écoule la matière psychique, et que celui-ci cherche un bouchon de quelques manières possibles. Ainsi, des vomissements et des hémorragies coulent à flot et un corps s'assèche. Il est question d'un flux qui demande à sortir, d'un courant pouvant tout emporter sur son passage ; élan vital, enfant, désir. [...]
[...] Plus profondément, la parole historisante du psychologue permet à l'enfant de reprendre appui sur ses propres ressources inscrites dans son corps et dans son histoire relationnelle. Françoise DOLTO soulignait déjà, dans son ouvrage de 1984[1], l'importance de faire retour à ce temps princeps quand des aléas bloquants avaient figé l'évolution de l'image inconsciente du corps. De plus, cette rencontre venait à point nommé pour cette enfant qui, souffrant d'asthme, révélait un désir rétrograde d'une image du corps fixée à la sphère ORL originaire. [...]
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