L'idée selon laquelle l'être humain ne dispose pas de ressources attentionnelles illimitées n'est pas neuve. On en retrouve les germes chez W. James et, plus récemment, des modèles cognitifs ont vu le jour et se sont efforcés de l'étayer théoriquement et expérimentalement. De cet effort de compréhension est née une autre idée également très importante actuellement dans le domaine de recherches sur la cognition humaine (normale comme pathologique) : celle d'une distinction entre traitement automatique et traitement contrôlé de l'information aboutissant à une « engrammation » de cette information. Les critères définitionnels propres à ces deux types de traitement ou processus ne sont pas encore parfaitement établis consensuellement, nous y reviendrons, bien qu'une notable évolution à ce niveau se soit opérée ces dernières décennies. La résolution complète de cette équivocité définitionnelle est comme on peut s'en douter un des enjeux théoriques de la psychologie cognitive. Mais les efforts de théorisation ne peuvent être que vains s'ils ne sont pas directement en appui sur une exploration aussi exhaustive que possible des différents types d'informations pouvant être traités supposément de manière contrôlée ou automatique (on verra cependant que cette dichotomie est surfaite et nécessairement relative aux critères définitionnels adoptés).
On peut dire que l'article de Hasher et Zacks (Automatic and Effortful Process in Memory, 1979) constitue un effort sérieux de théorisation par rapport à la problématique qui nous occupe. Deux idées préliminaires soutiennent leurs propositions : d'une part, il existerait un continuum au sein des processus attentionnels nécessaires à allouer pour l'encodage des divers types d'informations existant (continuum allant de l'automaticité au contrôle conscient), et d'autre part que les ressources disponibles pour une activité cognitive donnée sont variables de manière inter et intra-individuelle. En outre, ces auteurs admettent d'emblée qu'il existe deux causes possibles à l'origine de l'automaticité d'un processus de traitement donné : l'hérédité (automaticité processuelle innée) et l'apprentissage (automatisation ontogénétique). Ces auteurs proposent que les processus dont l'automaticité est innée ne sont que minimalement influencé par l'âge, la culture, l'éducation et l'intelligence, ce qui constitue en fait une position peu rigoureuse parce que l'innéité d'un caractère phénotypique donné n'est pas opposable à la nécessité ou à l'influence notable d'une offre environnementale dans l'ontogenèse de l'individu pour que ce caractère puisse pleinement s'actualiser. Ils considèrent par contre que les processus qui sont soumis à une automatisation à mesure de leur pratique sont variablement automatisés selon les individus, justement en raison d'une supposée variabilité inter-individuelle de leur pratique et/ou de l'apprentissage résultant de cette pratique. L'idée que défendent ces auteurs est celle d'une sensibilité différentielle de ces deux types de processus aux interférences (ou perturbations) diverses possiblement présentes lors de leur emploi et manipulables expérimentalement : les processus ataviquement automatiques seraient insensibles aux perturbations alors que ceux qui deviennent automatiques suite à une certaine exercisation seraient perturbables suite à des manipulations ad hoc. Il faut toutefois noter que les auteurs admettent très justement que l'automaticité d'un encodage ne dispense pas le sujet de devoir prêter attention aux stimuli, même si ce peut se faire de manière incidente.
[...] Les résultats de cette étude supportent en fait l'hypothèse d'une implication directe des régions frontales dans la mémoire de l'ordre temporel, et ce d'autant plus que les sujets jeunes manifestèrent des performances équivalentes quelle que soit la condition d'encodage. Néanmoins, il est possible que la condition d'encodage intentionnel, par son absence de directive en ce qui concerne la manière d'encoder les items, ne puisse pas être considérée comme une condition permettant d'investiguer le rôle supposément stratégique des régions frontales par rapport à la tâche de mémoire d'ordre temporel proposée. [...]
[...] L'hypothèse mise ici à l'étude est que si le rôle des régions frontales est d'ordre stratégique, la proposition à certains sujets d'une stratégie efficace identique (uniformisation de l'intentionnalité de l'encodage) devrait être en mesure d'améliorer les performances d'encodage et de récupération de l'ordre temporel des informations délivrées. Le groupe de sujets jeunes en condition d'encodage intentionnel constitué par Bastin a été choisi plutôt que celui en condition incidente afin d'être sûr de ne manipuler qu'une seule variable (variable stratégie : présence versus absence), bien que ces deux groupes ne se distinguèrent pas ni en ce qui concernent leurs performances de reconnaissance ni au niveau des performances de discrimination de listes (cette dernière tâche étant une manière particulière d'évaluer la mémoire de l'ordre temporel, comme nous allons le voir). [...]
[...] Psychologie cognitive du traitement du contexte temporel L'idée selon laquelle l'être humain ne dispose pas de ressources attentionnelles illimitées n'est pas neuve. On en retrouve les germes chez W. James et, plus récemment, des modèles cognitifs ont vu le jour et se sont efforcés de l'étayer théoriquement et expérimentalement. De cet effort de compréhension est née une autre idée également très importante actuellement dans le domaine de recherches sur la cognition humaine (normale comme pathologique) : celle d'une distinction entre traitement automatique et traitement contrôlé de l'information aboutissant à une engrammation de cette information. [...]
[...] Les critères définitionnels propres à ces deux types de traitement ou processus ne sont pas encore parfaitement établis consensuellement, nous y reviendrons, bien qu'une notable évolution à ce niveau se soit opérée ces dernières décennies. La résolution complète de cette équivocité définitionnelle est comme on peut s'en douter un des enjeux théoriques de la psychologie cognitive. Mais les efforts de théorisation ne peuvent être que vains s'ils ne sont pas directement en appui sur une exploration aussi exhaustive que possible des différents types d'informations pouvant être traités supposément de manière contrôlée ou automatique (on verra cependant que cette dichotomie est surfaite et nécessairement relative aux critères définitionnels adoptés). [...]
[...] Pour tester cette hypothèse, nous avons donc repris le groupe de sujets jeunes en condition d'encodage intentionnel élaboré par Christine Bastin, et nous avons également constitué un groupe de sujets en condition d'encodage intentionnel avec utilisation d'une stratégie spécifique. Méthodologie Sujets Le groupe de la condition d'encodage intentionnel sans stratégie se compose de 16 sujets âgés de 20 à 26 ans (µ = ; ( = 1,53) et d'une moyenne d'années de scolarité de 15,75. Le groupe de la condition d'encodage intentionnel avec stratégie est quant à lui composé de 14 sujets de 19 à 25 ans (µ = 21,29 ; ( = 1,54) totalisant une moyenne d'années de scolarité de 14,64. [...]
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