La psychanalyse comme la littérature peuvent toutes les deux nous éclairer dans la réception mais aussi dans la création de nouvelles formes de beauté.
[...] La psychanalyse a remis en cause ce lien au sens en le désacralisant. Ce qui permet de dévoiler l'ambition de la littérature (être au cœur du mystère humain), c'est l'écoute analytique du lecteur. On peut dire à l'inverse que la littérature permet à la psychanalyse de se renouveler. Elle est un allié qui permet de nommer le plus loin possible les secrets de la vie psychique que les écrivains ont prospecté souvent sans forcément en avoir conscience. Elle peut enrichir la manière d'interpréter des analystes (Proust et son interprétation d'un rêve). [...]
[...] Que reste t il d'une œuvre lorsque la psychanalyse l'a interprétée ? Certains auteurs cependant récusent la psychanalyse car elle peut tarir leur inspiration, d'autres la trouvent trop réductrice. On peut en effet se demander ce qu'il reste de l'œuvre d'art une fois que le psychanalyste l'a interprétée. Il n'est pas possible d'interpréter une œuvre d'art, la psychanalyse ne considère pas les auteurs, leurs textes comme immatures. Les personnages la plupart du temps sont extrêmement complexes et s'appuyer sur la biographie d'un auteur pour analyser son œuvre aberration, la psychobiographie est inefficace. [...]
[...] Le dépressif est celui qui ne supporte pas une rupture de l'histoire (naissance, deuil) alors que le mélancolique semble avoir toujours été dans cet état. Il fait œuvre à parti de ce rien. Le beau pourrait être la mémoire du terrible. Quel est ce terrible ? Freud y fait allusion dans ses textes sur l'aphasie où il parle de la terreur de l'aphasique : la peur de ne plus avoir les moyens de communiquer que l'on est censé dans un monde insensé. [...]
[...] Certains auteurs de la littérature moderne mettent bien en évidence cette quête du mystère. Mallarmé avec ses textes a révolutionné le langage poétique, il voulait créer un mot total. L'étrangeté de Mallarmé rendait compte du mystère de la langue. Mallarmé le mélancolique disait avoir rencontré le néant et rechercher le signe de ce gouffre central. La lecture de ses textes nous invite à nous approcher du gouffre, à nous appuyer au bras de Mallarmé pour contempler à travers lui cette vision vertigineuse. [...]
[...] Le mélancolique est inapte à se laisser leurrer par l'objet consolateur. L'art qui révèle le mystère Dans les toiles de Magritte il y a de l'insolite mais pas de fantastique, pas d'énigme. Certaines peintures surréalistes sont de cet ordre, elles ne manquent pas d'insolite mais manquent de mystère. Devant une image pleine, reste t il de la place au rêve ? Le cinéma a encore plus échoué que la peinture à révéler le mystère. Il a pourtant été très aimé des surréalistes. [...]
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