Parmi la population française, 40% des gens se considèrent comme timides. Cependant, si la peur est une sensation naturelle et même saine chez les humains, et la timidité quelque chose d'apparemment banal, la combinaison des deux sentiments est-elle si inoffensive ? Est-ce que la timidité décuplée à un tel point que ça en devient de la peur, de la phobie des autres, permet une vie normale à qui l'éprouverait ? L'anxiété sociale est définie par Leitenberg en 1990 comme une « sensation d'appréhension, de conscience aiguë de soi et de détresse émotionnelle, ressentie dans les situations sociales actuelles ou anticipées». Mais nous allons ici parler après les phobies en général, des phobies sociales, qui sont particulières et encore plus handicapantes. Il s'agit de peurs sociales intenses qui vont jusqu'aux évitements sociaux et à une souffrance anxieuse majeure altérant la qualité de vie des patients qui en souffrent. Les patients sont pris à la fois par leurs émotions, une peur mêlée de honte, et leurs idées angoissantes, ayant trait au regard des autres. Cela provoque des comportements d'évitement, parfois très subtils qui ne les quitte jamais tant ils sont pris par leurs sensations, transpiration, rougeurs, tremblements…
[...] Ceci ayant évidemment comme conséquence d'accentuer l'appréhension et la phobie sociale. Cette composante particulièrement forte de la de phobie sociale rend aussi les sujets plus enclins à la dépression. La toxicité insidieuse des ruminations après les confrontations sociales Parmi les caractéristiques de la phobie sociale, le temps passé à repenser ou à imaginer des situations sociales pourtant craintes est très important. Ces patients ressassent des pensées négatives sur eux-mêmes de manière durable après leur confrontation sociale. Une fois de plus, ce mécanisme engendre une mésestime de soi, un sentiment de honte et d'indignité et marque l'esprit. [...]
[...] Le cerveau humain qui a beaucoup évolué garde sous ses couches cérébrales plus récentes, des structures primitives communes avec d'autres animaux. C'est une sorte de cerveau émotionnel primaire. Nos organes sensoriels reçoivent des informations de toutes sortes pouvant signaler la présence ou la possibilité d'un danger. Ces informations activent directement à l'amygdale cérébrale qui engendre une première réaction réflexe corporelle comme un sursaut, une mise en tension. Ensuite la pertinence de cette alerte est évaluée par diverses structures cérébrales voisines de l'amygdale et impliquées dans le ‘circuit de la peur' . [...]
[...] Toujours est-il que la phobie sociale est une maladie handicapante, à la fois physiquement, psychologiquement et socialement, et que ces patients en grande souffrance ne seront sans doute pas les premiers à sonner aux portes des futurs psychologues que nous sommes en parlant de phobie sociale, c'est pourquoi l'attention et la formation pour savoir diagnostiquer à temps sont indispensables. Bibliographie Psychologie de la peur, C. André, Paris, Odile Jacob André C. ‘Phobie, quand tu nous tiens'. Sciences Humaines 2005, Numéro 162 : 42-45 André C. ‘Phobie sociale'. [...]
[...] Traitements Le traitement a pour but premier de briser le cercle vicieux dans lequel sont pris les patients. Il faut en effet modifier les habitudes d'évitement et de dissimulation qui régissent et handicape la vie quotidienne du sujet. Les médicaments sont un bon moyen de sortir du gouffre infernal et permettent au patient d'affronter la maladie avec les premiers efforts de désobéissance à la phobie. Après cette première phase, un travail de longue haleine est mis en place afin de changer l'organisation psychique du patient pour qu'il maîtrise sa peur et qu'elle devienne vivable. [...]
[...] Deux médicaments ont obtenu leur reconnaissance et leur efficacité sur la phobie sociale en France : la paroxétine et la venlafaxine. Les Bensodiazépines sont soupçonnés d'agir sur un dérèglement de l'apprentissage émotionnel, les Béta-bloquants seraient utilisés pour désamorcer la spirale cognitivo- somatique de l'anxiété, et les sérotoninergiques pour leur fonction de régulateurs émotionnels. Les psychothérapies La confrontation avec la situation apporte plus que l'échange verbal pour les défenseurs des thérapies cognitivo comportementales. Il ne faut pas seulement réfléchir au passé et aux causes de ce qui tourmente le patient, mais aussi modifier activement les difficultés qu'il éprouve. [...]
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