Psychopathologie et pratiques corporelles : normalité et pathologie dans la pratique du tatouage et du piercing à l'adolescence

Résumé du document

De tout temps, l'être humain a tenté de se différencier de ses pairs tout en intégrant leur groupe ; que se soit par des parures, une attitude, ou des marques sur le corps. A notre époque, il n'est pas rare de croiser des adolescents percés ou tatoués, et même si des sourcils se lèvent encore à leur vue, ils sont de plus en plus nombreux à arborer de telles marques corporelles. Volonté de choquer ? Effet de mode ? Expression d'un mal être à prendre en charge ? Ceci soulève beaucoup de questions dont celle à laquelle nous allons essayer de répondre lors de ce travail d'étude en nous basant sur les travaux et réflexions de différents auteurs : à partir de quand peut-on estimer que le comportement d'appropriation du corps chez l'adolescent, par la pratique du piercing et/ou du tatouage, s'apparente à de l'automutilation ? Autrement dit, où se situe la frontière entre la normalité et la pathologie dans ce genre de pratiques corporelles ? Il ne s'agit évidemment pas de stigmatiser cette partie de la population en lui reprochant une attitude parfois jugée border-line ou marginale, mais bien de traiter d'un sujet qui peut avoir un impact véritable sur le comportement et la psyché (...)

Extraits

[...] Comme transition avec notre partie suivante nous citerons B. Andrieu : Les marques sur le corps ont toujours existé. Le terme 'mutilations' voudrait introduire, d'après la classification des explorateurs du une perte de l'intégrité corporelle. II. Définition et histoire des pratiques corporelles : Nous allons donc présenter maintenant la définition de pratiques corporelles, puis nous les replacerons dans l'Histoire. Si nous nous contentons d'une définition succincte, les pratiques corporelles seraient tout bonnement toute transformation physique durable volontaire ou non. Entendons par là cicatrices, tatouages, scarifications etc . [...]

[...] A-t-elle simplement désormais un attrait esthétique, ou dissimule-t-elle un malaise habilement refoulé sous des prétextes d'effet de mode, en particulier chez les adolescents? La marque corporelle aurait-elle perdue toute sa puissance sur le psychisme de son porteur et sur le regard des autres? III. Adolescence et recherche d'identité par la marque corporelle : Nous allons maintenant aborder notre sujet plus en profondeur. Il s'agira ici d'établir en quoi l'adolescence et sa quête d'identité sont liées à la pratique de marques corporelles telles que le piercing et les tatouages. [...]

[...] Pour conclure cette vision sociale du marquage corporelle, nous dirons donc que celle-ci permet de s'assurer une différenciation et au delà de l'imitation (donc de l'effet de mode), est un facteur d'intégration dans le monde adolescent. Voyons maintenant l'aspect psychologique qui sous-tend ce genre de pratique. De façon pour le moins synthétique, nous pourrions citer de nouveau J.J. Paillier : Ce qui ne peut être traité par l'appareil psychique, peut l'être in fine par la peau. L'adolescence avec tous ces changements amène le retour de l'œdipe avec une possibilité dangereuse et effrayante de pouvoir le concrétiser. [...]

[...] Robbe Sophie Isabelle Gernet 20600159 Psychopathologie et pratiques corporelles : Normalité et pathologie dans la pratique du tatouage et du piercing à l'adolescence. Année 2009/2010 Tables des matières : Introduction . p.3 Définition et histoire des pratiques corporelles . p .4 Adolescence et recherche d'identité par la marque corporelle . p.6 Quand la normalité devient pathologie . p.9 Conclusion . p.11 I. Introduction : De tout temps, l'être humain a tenté de se différencier de ses pairs tout en intégrant leur groupe ; que se soit par des parures, une attitude, ou des marques sur le corps. [...]

[...] La marque corporelle a également eu un rôle dans les sociétés dites primitives lors des rites de passage à l'âge adulte par exemple. Lors de ces rites, le tatouage, le piercing, la cicatrice auto-infligée depuis des générations ont presque un caractère religieux. C'est à ce moment de la vie que l'enfant devient adulte, qu'il acquiert sa place d'Homme au sein de sa société, qu'il peut participer à la guerre, la chasse et commencer sa vie sexuelle . Remarquons que ce genre de pratique limite l'âge adolescent, voire l'abolit totalement. [...]