Freud a découvert le pouvoir occulte des forces pulsionnelles inconscientes qui nous arrivent à notre insu. Il a découvert la vanité du Moi. Il a découvert le complexe d'Œdipe, ce moment structurant où l'affranchissement du désir de la mère permet de recevoir la Loi du père. Car Freud aimait aussi Moïse, qui franchit la Mer Rouge et gravit le Sinaï… Mais comme lui, il ne fit peut-être qu'apercevoir au loin la Terre Promise, laissant la plus radicale, la plus géniale sans doute de ses disciples, Mélanie Klein, y pénétrer : car c'est elle qui découvrit, à l'origine de toute violence, la violence de l'origine, le fantasme paranoïde d'omnipotence qu'elle génère, la cruauté et le sadisme qui en découle. Que peut valoir une vie qui commence entre les cris de la mère qui les donne et les pleurs de l'enfant qui la reçoit se demandait Balthasar Graciàn ? Rien tant que l'on reste sous l'emprise de ce commencement répond M.Klein en montrant comment poursuivre la route vers une maturité lucide et pacifiée
[...] Rien d'étonnant s'il arrive des accidents En somme, l'évolution a bricolé un singe surdoué Or, justement, Stanley Kubrick, dans le film 2001, Odyssée de l'espace, nous fait assister à l'apparition de sa première idée géniale : ayant machinalement ramassé le robuste fémur d'un herbivore desséché, il découvrait, dans une jubilation extrême, qu'il pouvait s'en servir pour fracasser le crâne de ses rivaux : c'était bien parti. Dès lors, tout un courant de pensée va s'efforcer d'inscrire la violence humaine dans le prolongement de son origine animale. De la griffe à la flèche, du croc à la hache, et demain à la bombe, il y a continuité d'une même prédisposition biologique à la destruction de l'ennemi. [...]
[...] La transformation des Erinyes (qui représentent le besoin de violence retombant sur le sujet de la violence comme coupable –persécuteur -ennemi) en Euménides (qui symbolisent les instances réparatrices) peut donc être considérée comme paradigmatique pour décrire soit le processus qui par la résolution des angoisses psychotiques primaires, mène à la guérison, soit le passage de la guerre à la paix Conclusion Et Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit : prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t-en au pays de Morija et là, offre le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai ( Abraham crut et ne douta point. Il se pressa comme pour une fête et de bon matin il fut à l'endroit désigné ( Et le sort d'Isaac se trouva dans la main d'Abraham tenant le couteau. Telle était la situation du vieillard devant son unique espérance. [...]
[...] Appliquons cela à la pulsion de mort. Dès1915, dans son article Pulsions et destins des pulsions, Freud écrivait : Le système nerveux est un appareil auquel est imparti la fonction d'écarter les excitations à chaque fois qu'elles l'atteignent, de les ramener aussi bas que possible ; il voudrait même, si seulement cela était faisable, se maintenir rigoureusement dans un état de non excitation Il suscite donc une activité protectrice, inhibitrice ou agressive, qui vise à supprimer ce qui l'excite, à écarter ce qui le perturbe. [...]
[...] Car chercher à tenir un discours rationnel sur la violence c'est déjà résister à son emprise puisque c'est refuser de se soumettre à sa loi qui est loi du silence des cris. Bibliographie - Sigmund Freud, Essais de psychanalyse, Payot, Paris - Sigmund Freud, Le malaise dans la culture, PUF Quadrige, Paris - Sigmund Freud, Métapsychologie, Folio Essais, Paris - Sigmund Freud, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, Folio Essais, Paris - Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, Payot, Paris - Sigmund Freud, Inquiétante étrangeté et autres essais, Folio Essais, Paris - Mélanie Klein, Essais de psychanalyse, Payot, Paris - Mélanie Klein, Envie et gratitude, Gallimard, Paris, TEL - Franco Fornari, Psychanalyse de la situation atomique, Gallimard, Paris - Françoise Héritier, De la violence, tome 1 et Opus Odile Jacob, Paris, 1996/1999 - Rodrigué, Le siècle de la psychanalyse, tome 1 et Payot, Paris - Erich Frömm, La passion de détruire, Laffont, Paris - Julia Kristeva, Le génie féminin : Mélanie Klein (tome Fayard, Paris - J. [...]
[...] Alors qu'il est en train de parler de la pulsion de mort, Freud rappelle ce qui s'est passé avec la pulsion sexuelle : le concept de sexualité dut, bien sûr, être étendu au point d'englober bien des choses qui ne pouvaient être rangées sous le chef de la fonction de reproduction ; cela n'allait pas sans faire du bruit dans le monde rigoriste, distingué, ou tout simplement hypocrite. Dans le règne animal en effet, la fonction reproductrice se confond avec l'instinct sexuel. Il en va tout autrement pour l'homme. On pourrait rapidement présenter les choses de la façon suivante. Le nourrisson, en proie à la faim, cherche par un mouvement instinctif de fouissement, mouvement latéral de la tête à saisir le sein maternel. Il s'y accroche alors avidement et se livre à la succion. [...]
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