Cet article, publié en 2005 dans l'Année Psychologique, est l'œuvre d'Hélène Giraudo, chercheuse au CNRS.
Il expose un ensemble de données récentes, commentées par l'auteur, obtenues dans le cadre du paradigme d'amorçage masqué associé à la tâche de décision lexicale. Le paradigme d'amorçage permet de différencier les effets relevant du partage d'une information morphologique formelle ou sémantique.
L'auteur affirme ici que l'information morphologique est représentée en mémoire à l'interface des niveaux de traitement lexical et sémantique.
[...] Les effets d'amorçage morphologique sont situés au niveau des unités morphologiques, l'effet d'amorçage devrait interférer avec les effets des fréquences des mots morphologiquement complexes. Dans le modèle supralexical, on s'attend à ce que le niveau d'activation des unités morphémiques dépende seulement de la fréquence de surface de l'amorce. C'est ce que confirment les expériences. De plus, l'effet d'amorçage résulte de l'interaction entre la fréquence de surface et la nature des relations entre l'amorce et la cible, qui doivent être morphologiques. [...]
[...] La thèse exposée ici, qui suggère que les informations morphologiques dérivationnelles sont représentées à un niveau supralexical de traitement, met en avant la morphologie dérivationnelle. En effet, la morphologie dérivationnelle s'occupe de la formation de mots nouveaux à partir de mots existants. La formation des mots fait appel aux bases lexicales, qui correspondent en général à des noms, des verbes et des adjectifs. Elle fait également appel à des affixes, reliés à une base, qui ne correspondent pas à des noms, des verbes, ou des adjectifs. [...]
[...] Ce qui permet d'affirmer que l'accès au lexique est médiatisé, en termes de fréquence, par un modèle supralexical. Rôle et représentation des affixes dérivationnels en mémoire Les affixes dérivationnels sont des morphèmes non autonomes. La présence d'un pseudo-morphème dans une séquence de lettres occasionne un coût supplémentaire de traitement. Les linguistes ont donc interprété ce résultat comme la preuve que l'analyse morphologique prélexicale de toute séquence de lettre comportant un morphème potentiel est systématique. Ce qui va dans le sens du modèle sublexical. [...]
[...] Les affixes et la racine du mot vont activer la représentation lexicale qui va décliner tous les mots affixés avec cette racine. Cela voudrait dire que toute séquence de lettres pouvant correspondre à un morphème entraînerait un traitement morphologique de cette dernière. Cependant, cela ne fonctionne pas avec les pseudo-morphèmes, comme lait dans laitue qui selon ce modèle, aurait un traitement morphologique. D'où une modification de ce modèle proposant que seuls les mots morphologiquement complexes sont accédés par le niveau morphologique. La représentation morphémique est ici localisée avant la représentation sémantique. [...]
[...] L'amorçage permet de manipuler les relations linguistiques partagées entre l'amorce et la cible. L'amorce peut avoir soit un effet excitateur sur la cible, soit un effet inhibiteur, visible en fonction du temps de décision lexicale (temps le sujet met pour reconnaître le mot cible). Le paradigme d'amorçage permet de différencier les effets relevant du partage d'une information : -Morphologique (laitier, laitage) -Formelle (laitue, laitage) -Sémantique (yaourt, laitage) L'amorçage est dit masqué lorsque le temps d'exposition du mot amorce au sujet est inférieur à 57 msec. [...]
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