L'obscurité au sens propre est l'absence de lumière, la nuit, le noir des ténèbres, alors qu'au sens abstrait c'est ce qui pour nous est difficile à comprendre, mystérieux, énigmatique. L'homme n'est pas un être transparent pour lui-même, il n'est pas doué d'une clairvoyance absolue. Il possède en lui des parts d'obscurité auxquelles la conscience ne peut accéder. Nos obscurités sont doubles, elles recouvrent aussi bien nos désirs refoulés que notre part abjecte. Un miroir est un objet qui reflète et révèle des vérités pour celui qui se place devant, il permet à ce dernier de constater, de juger et de s'améliorer.
[...] Dans une vision plus moderne, la psychanalyse révèle les parts obscures de l'âme. Les mythes forment le premier moyen d'expression de la pensée humaine. Le mythe est un récit fabuleux, d'origine orale et populaire, qui met en scène des êtres incarnant des forces de la nature ou des aspects de la condition humaine. C'est dans cette deuxième incarnation que le mythe se fait le miroir de nos obscurités par la reproduction des fantasmes et des angoisses de l'homme. Le moyen employé pour dépeindre les traits de caractère proprement humains est la mimesis, c'est-à-dire l'imitation. [...]
[...] Il y a comme une part de monstre en nous, qui fait partie intégrante de nos obscurités dont la psyché est le miroir. Julia Kristeva est l'auteure d'un essai sur l'abject. Elle reconnaît en l'homme une part d'avilissement extrême, cette partie terriblement noire et obscure qui à la fois suscite fascination et horreur. Dans nos sociétés, l'homme qui va dévoiler complètement sa part abjecte n'est plus considéré comme appartement à l'humanité. Il est rejeté hors de la société, car il est alors vu comme un monstre ou un barbare indigne de vivre parmi les autres. [...]
[...] Pour ne pas avoir à assumer la dure réalité de nos obscurités, l'homme s'invente un monde imaginaire peuplé de monstres et de dieux. Les dieux étant représentés par anthropomorphisme, ils possèdent les mêmes défauts que les hommes, ce qui nous déculpabilise en partie. Quant aux monstres, c'est sur eux que sont rejetés les pires atrocités et défauts, telle que l'avidité, désir de posséder et d'engloutir. Le monstre représente en fait les fautes, les transgressions à la morale, les tabous dont sont capables les hommes. [...]
[...] En effet le miroir que représente la psyché est à double reflet, il peut aussi bien nous renvoyer nos obscurités profondes que les lumières de nos vertus. Selon le philosophe Jean-Jacques Rousseau, chaque homme possède en lui un sentiment inné et universel de justice et de morale qui le conduit à faire la part des choses entre le bien et le mal. L'homme possède une voix intérieure qui fait de lui quelqu'un de naturellement bon et juste et il ne peut être corrompu par la société. [...]
[...] Confrontés au miroir de nos obscurités, comment avons-nous tendance à réagir? En général, de manière négative, en refusant de regarder la vérité en face et en se voilant la face. L'homme est plutôt orgueilleux et prétentieux de nature, il se croit parfait et voit plus ses qualités et ses points positifs. C'est le propre de l'homme de ne voir que les défauts des autres, mais pas ses propres défauts. Selon un proverbe chinois, On a une bouche pour critiquer les autres, mais on n'a pas de miroir pour se juger soi-même L'homme a un côté narcissique, quand il regarde dans le miroir, c'est pour s'admirer bien plus que pour se juger. [...]
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