Corps torturé, méprisé, blessé affichant de ce fait un nouveau mythe : celui d'une laideur terrifiante. Le laid prédomine dans l'art corporel ; il s'agit à présent d'afficher cet angoissant, cette folie sans mot, cette cruauté. Nous sommes face à une mise en scène renvoyant à un théâtre barbare. Barbarie sans fin et dominante, de par le surgissement multiforme d'outils tranchants. Cela nous renvoie à une multiplication de ce théâtre de la cruauté pour paraphraser Antonin Artaud.
Exposer un théâtre de l'horreur aurait-il comme but, pour « l'artiste », de tenter d'être reconnu en tant que sujet à part entière ? Sujet qui trouverait alors son identité, et qui pourrait à présent se reconnaître en tant que personne dans le miroir ? Reconnaissance visible de par la ligne de démarcation entre la beauté et la laideur.
[...] L'artiste aurait tenté de les combler par des réinvestissements, des expressions de la destructivité, entraînant ainsi ce dernier à faire un voyage à travers la folie Désublimation, dénarcissation : la folie du sujet body art. Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé que pour se sortir, en fait, de l'enfer Antonin Artaud. Se sortir de l'enfer tel est les paroles d'Antonin Artaud. Oui, mais est-ce qu'en représentant de l'horreur, de l'effroi soit cet enfer interne qui aurait fait effraction dans le corps du sujet, cela ne pourrait pas engendrer un processus où la folie dominerait dans l'œuvre de création ? [...]
[...] Nous nous sommes ainsi interrogés sur l'existence d'une activité délirante dans la pratique même de l'art corporel. Si l'on reprend le point de vue de Freud, nous pouvons dire que la libido de l'artiste body art se retrouverait dans le sujet. Ce dernier serait alors submergé par la libido et un vécu de catastrophes internes (dans la mesure où nous avons supposé l'existence d'une dimension traumatique) qu'il va tenter de projeter sur le monde extérieur. Effectivement, ayant refoulé l'événement traumatique (vécu incestueux et perte d'un enfant à la naissance chez Alice Odilon, perte d'un enfant chez Orlan, opérations médicales ainsi que conflits familiaux chez Léo, attouchements sexuels chez Mélanie le sujet, qui n'aurait pu exprimer verbalement sa déserte au moment de l'effraction dans le pare excitant le ferait dans l'après coup par un investissement pulsionnel tourné vers des processus artistiques. [...]
[...] Création mortifère, qui relèverait, comme nous avons pu le voir précédemment un processus de désublimation et de dénarcissisation. L'événement oublié dans la conscience même du sujet peut se manifester au travers de plusieurs facettes. Plusieurs facettes, mais, chez le sujet body art, ces dernières sembleraient ne se tourner que vers thanatos. Pour quelles raisons ? Yves Bonnefoy dans l'un de ses ouvrages mentionnait Voici avec la tombe et dans cet éclatement de la mort qu'un même geste dit l'absence et y maintient une vie Un même geste, soit la répétition d'un acte par le sujet ne serait donc pas anodin. [...]
[...] Ce lien, entre l'acte et la mort nous a remémoré la théorie des passions dans la mesure où, cette dernière a pris naissance suite aux découvertes scientifiques (dualisme cartésien, circulation du sang de Harvey). C'est-à- dire que la théorie des passions nous indique que le corps est au service de l'âme tel les sujets body art qui nous donnent cette impression de ne vivre que par la chair du souvenir Ce sont les émotions, l'agitation de l'esprit qui vont entraîner des maladies mentales, des désordres au niveau psychique et un déséquilibre au niveau des humeurs. [...]
[...] Le sujet body art, appui sur cette mise en spectacle qui fait, que nous spectateurs, chercheurs, sommes pris dans ce voyage à travers la folie Ces différents liens entre les concepts de dénarcissisation, de désublimation ainsi que de folie, nous ouvrent d'autres portes. Autres portes débouchant sur la notion de limites, le concept de passage à l'acte que nous avons pu évoqué rapidement ainsi que sur des expériences traumatiques comme autant d'effractions manifeste. Référence à l'iconographie chrétienne. Citation tirée du texte de Simone Korff-Sausse Ils ne sont pas beaux le devenir psychique de la laideur in Beauté du corps Champ psychosomatique L'esprit du temps, Paris p 99. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture