Encore de nos jours, la discrimination à l'embauche est une réalité à laquelle nombre de demandeurs d'emploi se retrouvent confrontés, et ce malgré des préventions de plus en plus nombreuses (testing, curriculum vitae anonyme) et des punitions de plus en plus sévères. Le fait de traiter des individus de manière différente en fonction de caractéristiques telles que l'origine ethnique, l'apparence physique, le sexe, etc., découle directement de stéréotypes. Mais il est entendu que, malgré une connaissance collective des nombreux stéréotypes véhiculés par la culture, ne manifestent un comportement discriminatoire que ceux qui sont influencés par ces stéréotypes, qui les prennent en compte dans leurs jugements et qui y adhérent. Cependant, il convient de se demander si ces stéréotypes sont ou non capables d'agir sur le comportement des individus de manière implicite, sans qu'ils en soient conscients. Un recruteur qui met un point d'honneur à prendre en compte les demandes des candidats de manière égalitaire ne réalise-t-il pas ses choix, malgré lui, en fonction des stéréotypes qu'il a en mémoire ?
Les mesures auto-rapportées ont longtemps été privilégiées pour mesurer les processus cognitifs tels que les attitudes et les stéréotypes. Mais elles présentent des limites : les sujets fournissent les informations qu'ils veulent bien fournir (biais de désirabilité sociale) et celles qu'ils ont directement en mémoire (biais de disponibilité). Pour contourner ces limites, des mesures indirectes ont été élaborées, telles que le Test d'Association Implicite (TAI) de Greenwald, McGhee et Schwartz (1998). Ce test « permet de mesurer la direction et l'intensité d'associations entre concepts ». Il se base sur le postulat que les stéréotypes peuvent être décomposés à la fois en un processus contrôlé, conscient et explicite et en un processus automatique, inconscient et implicite (Devine, 1989), ce dernier étant celui qu'il se propose d'appréhender. Il consiste en une tâche de catégorisation informatisée : le sujet doit classer différents mots-clés qui apparaissent à l'écran et qui représentent différents concepts dans deux catégories (ex : mots plaisants et déplaisants à classer dans les catégories Blanc et Noir). Les temps de réaction sont mesurés et on suppose qu'ils devraient être faibles lorsque l'association entre deux concepts est forte (ex : les Blancs Américains associent plus rapidement Blancs et mots plaisants et Noirs et mots déplaisants) et élevés lorsqu'elle est faible (ex : les Blancs Américains associent moins rapidement Blancs et mots déplaisants et Noirs et mots plaisants). Ce décalage illustrerait la présence de préjugés implicites (...)
[...] - 5e étape : elle prend la même forme que la troisième, mais cette fois, le concept Masculin est appareillé avec le concept Science et le concept Féminin avec le concept Lettres On est donc dans la tâche de discrimination combinée consistante. second questionnaire : questions évaluant le stéréotype de genre concernant la science et les lettres ( associe-t-on plus les hommes aux sciences et les femmes aux lettres ? le concept de soi en science et en lettres ( la science est-elle importante pour moi ? [...]
[...] Références bibliographiques Blaison, C., Chassard, D., Kop, J.L., Gana, K. ( 2006 L'IAT ( Implicit Association Test ) ou la mesure des cognitions sociales implicites : revue critique de la validité et des fondements théoriques des scores qu'il produit. L'année psychologique 305-336. Cheryan, S., Meltzoff, A.N., Kim, S. ( 2011 Classrooms matter : The design of virtual classrooms influences gender disparities in computer science classes. Computers & Education 57, 1825-1835. 9/10 Devos, T., Nosek, B.A., Hansen, J.J., Sutin, E., Ruhling, R.R., Banaji, M.R., Greenwald, A.G. [...]
[...] et que si l'on peut effectivement modéliser une attitude par l'association entre un objet donné et une valence, toute association entre un objet donné et une valence observée dans un IAT n'est pas forcément le reflet d'une attitude. ( ) les associations Pizzas-Pièces de monnaie et Serpents-Rivières donnent lieu à des réponses plus rapides ( Les sujets utilisent probablement la similarité de forme entre les concepts, même si cette caractéristique n'a jamais été évoquée dans les consignes. III. Résultats Associons-nous, de manière implicite, plus facilement les Hommes à la Science et les Femmes aux Lettres que les Hommes aux Lettres et les Femmes à la Science ? [...]
[...] Ils ne reçoivent aucune récompense pour leur participation, on se contente de discuter de l'étude à la fin de l'expérience pour leur présenter son intérêt, ses limites et pour recueillir leurs impressions. II.2 La procédure Les sujets reçoivent pour consigne d'allumer leur ordinateur et de se connecter sur le site https://implicit.harvard.edu/implicit/france/ . Une fois sur le site, les participants sont informés de la confidentialité de leurs réponses et sont mis en garde contre les interprétations des résultats qui leur seront fournies : celles-ci pourraient leur paraître désobligeantes ou erronées. [...]
[...] Discussion L'ensemble de ce dispositif expérimental nous a offert la possibilité de répliquer des études de laboratoire et nous a ainsi permis à la fois la validation et la nuance de notre hypothèse. Elle se confirme dans ses grandes lignes car la grande majorité des participants ont associé le masculin au scientifique et le féminin au littéraire, et non pas l'inverse. Les attitudes et les stéréotypes à l'égard de ces concepts existent donc sous une forme inconsciente qui échappe au contrôle cognitif intentionnel. [...]
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