Le champ du travail social, s'inscrivant dans l'évolution contemporaine, a recourt de façon de plus en plus récurrente à la contractualisation, amenant les institutions sociales et les pratiques qui l'exercent, à se confiner dans un artifice de rationalisation, tout cela étant encouragé par la promotion du « droit des usagers ».
[...] Alors que cette loi contractualise les prestations dispensées, les éducateurs s'inscrivent dans une relation affective avec les jeunes et les familles, ils rejouent la des relations bancales, voire manquantes. Or cette rencontre affective ne saurait être contenue dans une prestation contractuelle, garantie et évaluable. Le second paradoxe réside dans la contractualisation de l'autorité. En tentant de contractualiser l'éducation prodiguée aux usagers, on cherche à traiter ces rapports sociaux comme une marchandise, un produit de consommation qui entre dans le réel. Or selon Freud[17], il existe 3 impossibles : Eduquer, Guérir et Gouverner. Au sujet de l'éducation, Lacan y reviendra au moins à deux reprises pour démontrer quoi ? [...]
[...] Frustrer quelqu'un, c'est lui enlever quelque chose à quoi il a droit. Or, de quel droit s'agit- il ? Si ce n'est du droit imaginaire de la toute puissance narcissique.[10] Le sujet est maintenant sujet de la frustration, sachant que la rencontre avec l'Autre est abordable et n'est plus une énigme. C'est le signifiant de la transparence qui apparaît également dans le texte de loi, qui enlève l'énigme de l'approche avec l'institution. Cette transparence de l'établissement est représentée par le livret d'accueil fourni à tout nouvel arrivant, qui précise les modalités de la prise en charge ainsi qu'un pole d'évaluation renforcée, qui précisera les coûts engendrés ainsi que le fonctionnement interne de l'établissement (Une charte des droits et liberté de la personne accueillie et le règlement de fonctionnement de l'établissement ou du service). [...]
[...] On y retrouve également la notion de profitable. L'usager serait alors celui utilise un service. N'est-il pas intéressant de remarquer comment le terme d'usager ne recouvre pas la notion d'investissement, pourtant nécessaire, voire fondamentale à la réussite d'un projet, ici éducatif ? Cette notion d'usager vient en parallèle avec l'institution, désormais prestataire de services. On retrouve alors un paradoxe entre l'usager qui utilise le service sans que d'emblée il soit signifié qu'il y prenne part, et la question de la participation qui apparaît dans le texte de loi. [...]
[...] Son opposabilité en fait un document de référence, à même de pouvoir prévenir les litiges, voire d'en faciliter la résolution. Cette notion de contrat est l'un des apports fondamentaux de la Loi 2002-02. Elle l'a imposé comme fondement des relations entre les personnes accueillies et les services ou établissements médico sociaux. Quel est donc le lien entre la dimension de l'accueil, nécessaire dans ces institutions, et celle de la contractualisation ? Le contrat découle directement de ce que l'on appelle la nouvelle gestion publique. [...]
[...] Le juridique est alors en position de force. L'exigence de transparence, lorsqu'elle se généralise à l'excès, n'est plus la quintessence de la démocratie mais plutôt son antipode. C'est un choix de paresse, contraire aux principes élémentaires de la liberté : plutôt que d'établir la preuve d'une infraction ou d'un dysfonctionnement, s'ils se produisent, l'on en renverse le fardeau en imposant, par la transparence et dans l'espoir naïf que cette exigence préviendra tout manquement, de rendre des comptes a priori. On donne ici aux usagers un pouvoir sur l'imaginaire. [...]
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