Parfois, lorsqu'en écrivant, et plus souvent encore en parlant, nous substituons malgré nous un mot imprévu à celui que nous voulions utiliser, nous faisons un lapsus. Selon l'encyclopédie Wikipédia, le lapsus est « une faute commise en parlant (lapsus linguae) ou en écrivant (lapsus calami) et qui consiste à substituer un terme attendu par un autre mot ». Nous entendons souvent parler de « lapsus révélateur ». Mais révélateur de quoi ? Pourquoi sommes-nous parfois gênés lorsque nous commettons cette faute de langue ? Quel lien y a-t-il entre le mot prévu et celui qui surgit à l'oral ou à l'écrit sans qu'on en ait conscience ? Et si oui, comment passe-t-on du mot que l'on a en tête à celui qui est prononcé malgré nous ?
Ce thème s'inscrit parfaitement dans le cadre du TD puisqu'il allie le langage à la psychologie clinique. En effet, le lapsus est un phénomène probablement aussi vieux que le langage lui-même puisque, apparemment, tous les êtres doués de parole ont un jour ou l'autre commis un lapsus. Ce phénomène a été exploré d'une part par les linguistes, et d'autre part par les psychologues et les psychanalystes. C'est cette seconde approche que nous allons appréhender à travers l'œuvre de l'auteur incontournable quant aux lapsus et plus généralement à tout ce qui nous échappe : Sigmund Freud, qui fut le premier psychologue à porter une attention particulière aux actes manqués dont fait partie le lapsus. Parmi ses ouvrages, nous avons choisi celui qui nous semblait le plus détaillé et le plus complet sur ce sujet, Psychopathologie de la vie quotidienne, puisque deux chapitres sont consacrés aux lapsus, le chapitre 5 pour les lapsus commis en parlant, le chapitre 6 pour ceux faits en écrivant ou en lisant. Ce livre contient de nombreux exemples, ce qui nous permettra de comprendre plus facilement la production des lapsus et de répondre à notre problématique : comment fonctionne le lapsus ?
[...] Nous avons dit précédemment que les lapsus surviennent quand le désir inconscient s'impose à la pensée consciente. En fait, ces deux intentions sont en conflit puisqu'elles sont opposées car l'une a été refoulée et l'autre non. Il y a donc des tensions dans notre psyché. Le rôle du lapsus est de les résoudre, de régler ce conflit intérieur en faisant un compromis entre les processus primaires (caractérisés par le système inconscient) et les processus secondaires (régis par le conscient et le préconscient). [...]
[...] Ainsi, M. Ferrand affirmait, en cours de Psychologie Clinique, que ces accidents de langue sont des lucarnes qui s'ouvrent sur les différentes dimensions de la vie psychique et de la conflictualité Maintenant que nous en savons plus sur les lapsus oraux, de nouvelles interrogations nous viennent en tête : qu'en est-il des lapsus commis en lisant ou en écrivant ? Les lapsus faits en écrivant nous semblent être assez proches des lapsus faits en parlant puisqu'ils résultent tous les deux d'une création de discours. [...]
[...] On le reconnaît parce que le lapsus calami, tout comme les autres actes manqués, a un sens, une signification. Le mot écrit à la place de celui qu'on avait prévu n'est pas choisi au hasard. Voici un exemple que nous donne Freud de sa propre expérience : Sur une feuille de papier, sur laquelle j'inscris mes petites notes journalières d'un intérêt purement pratique, je trouve, à ma grande surprise, parmi les dates exactes du mois de Septembre, la date erronée : «Jeudi Octobre.» Il ne m'est pas difficile d'expliquer cette anticipation, qui n'est que l'expression d'un désir. [...]
[...] Zeitschr. f. Psychoanalyse de 1916 : Assis dans un tramway, je pense à tant de mes amis de jeunesse qui, bien qu'ayant toujours été considérés comme faibles et chétifs, sont aujourd'hui capables de supporter les fatigues les plus dures, auxquelles je succomberais facilement, si j'étais à leur place. Alors que je pense à ces choses peu réjouissantes, je lis en passant, à moitié attentif, le mot EisenKONSTITUTION (constitution de fer) inscrit en grosses lettres sur l'enseigne d'une maison de commerce. [...]
[...] Selon le livre Les lapsus, ou comment notre fourche a langué des linguistes Mario Rossi et Evelyne Peter-Defare, publié au PUF en 1998. [...]
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