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Certaines analyses critiques soutiennent la thèse selon laquelle l'individualisme est à l'origine des mal-être sociaux, parce que celui-ci implique directement une conception narcissique de l'individu. L'individualisme serait en lien direct avec le développement des pathologies narcissiques comme le soutient Gilles Lipovetsky, notamment dans L'ère du vide, essais sur l'individualisme contemporain. En effet l'individualisme, défendant la réalisation de soi qui a comme condition la défense des libertés individuelles, met au centre du dispositif politique et social l'individu, pour qu'il puisse être libre de ses choix et, de cette manière, tendre à sa propre réalisation. Pour que l'individu puisse être en mesure de choisir le mode de vie qui lui convient le mieux, la pluralité des choix doit être possible. Avec l'individualisme on assiste donc à un « procès de personnalisation » de la société qui propose une pluralité de choix, susceptible de répondre aux exigences et aux attentes des différentes personnalités individuelles. La montée de l'individualisme dans les sociétés modernes va donc de pair avec la société de consommation, qui renouvelle sans cesse une multiplicité de produits susceptibles de répondre à la réalisation des différentes individualités.
[...] En d'autres termes le pouvoir politique n'apparaîtrait plus comme une instance autoritaire se plaçant au-dessus des hommes, il apparaît au contraire clairement comme étant constitué par les hommes pour les hommes eux-mêmes. Le pouvoir politique devient un lieu de réalisation personnelle, les hommes politiques eux-mêmes apparaissent dans leur dimension privée, les individus sont mis en avant dans leur aspect personnel au-delà du titre qui est le leur. La politique est psychologisée au sens où elle est personnalisée, que ce soit dans la mise en avant de l'individu qui revêt le rôle politique, mais aussi dans la volonté de la rapprocher des intérêts particuliers des individus. [...]
[...] L'écroulement de l'individu dans les sociétés individualisées, sur la voie de l'aliénation : envers de l'émancipation Pour nous rendre compte de l'effectivité de la neurasthénie dans nos sociétés démocratiques, nous pouvons nous appuyer sur un article de Christophe Dejours intitulé La fatigue d'être soi : revers de l'émancipation ou signe d'aliénation ? [32]. Dejours aborde la question de la dépression selon une méthode différente de celle d'Ehrenberg, celle-ci se basant sur les inquiétudes des individus exprimées dans les articles publiés dans les magazines, dans les émissions télévisées ou encore à travers la consommation de psychotropes. Dejours se fonde directement sur les données de la clinique et de la psychopathologie du travail[33]. [...]
[...] Le matériau sur lequel s'appuie Ehrenberg se constitue aussi des multiples témoignages relatifs aux souffrances psychiques qui trouvent leur expression sociale dans les médias, notamment dans des magazines et des émissions télévisuelles qui se consacrent précisément à l'expansion des syndromes dépressifs dans la société contemporaine Honneth, Axel. La société du mépris, vers une nouvelle théorie critique, op. cit., p Ehrenberg, Alain. La dépression. Naissance d'une maladie , L'Histoire, n° pp. 34- Ibid Dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) les symptômes décrits liés à un épisode dépressif majeur sont les suivants : Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée [ . [...]
[...] ) ne peut apparaître que lorsque le moi s'est développé au point de se différencier des objets environnants. Si, pour quelque raison, l'enfant vit avec une intensité particulière ce traumatisme de la séparation, il peut tenter de rétablir les relations antérieures en créant, dans ses fantasmes, une mère ou un père omnipotents se confondant avec les images de son propre moi[9]. Les sociétés individualistes encouragent le développement des personnalités narcissiques en ce qu'elles incitent à la compétition, à l'isolement et à la méfiance envers autrui. En effet, Lasch souligne que les institutions bureaucratiques ( . [...]
[...] De fait, notre époque est marquée par le désinvestissement à l'égard des buts communs, les idéaux laissent place à la passion du rien . Nous renvoyons ici au discours de Benjamin Constant De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes (1819), sur la distinction entre la conception de la liberté que l'on trouve dans les sociétés anciennes qui est une liberté de type collectif qui s'exerce dans et par l'espace public, impliquant cependant un assujettissement total de la vie privée à l'autorité politique et morale de la communauté, et la liberté ainsi conçue dans les sociétés modernes qui correspond à la défense des intérêts particuliers et d'un espace privé où le choix des valeurs n'est pas imposé par l'autorité publique. [...]
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