L'expertise est une activité rendue délicate par la complexité des problèmes à traiter, en particulier celle relative aux risques engendrés par l'activité humaine, qui se situent souvent aux frontières des connaissances scientifiques du moment. La communication en matière d'expertise est prégnante, tant dans l'acquisition des connaissances (et leur capitalisation) que dans les pratiques de résolution de problèmes, puis dans la diffusion des résultats à des acteurs souvent très investis dans des enjeux sous-jacents du problème à traiter.
Dans le cas d'une expertise, le contrat de communication est tel que le droit de chacun doit être respecté, la compétence technique de l'expert et son impartialité sont garants de la réussite de la transaction encourue. L'expert veillera, pour une poursuite satisfaisante de l'interaction, à neutraliser les menaces de perte de la face et il s'assurera du respect des principes conversationnels fondamentaux.
Une expertise judiciaire met en présence plusieurs acteurs et intervient le plus souvent à la suite de l'échec d'une procédure amiable. Dans cette tentative de réparation, l'expert occupe un rôle social clairement institué. A la lecture des faits, il analyse des situations difficiles, oriente une action, sous le sceau d'une autorité et d'une confiance accordée qui lui confèrent la crédibilité. Dans cet exposé, nous analyserons une situation d'interaction verbale dans un contexte conflictuel.
[...] Elle se manifeste par des comportements ou des techniques d'obstruction à l'enchaînement régulier des tours de parole : refus d'émettre des signaux de back-channel (mmh, oui, bien, ah, excès ironique de signes d'approbation, comportement de partenaire non ratifié, La contradiction conversationnelle peut être réparée par des procédures d'ajustement et de négociation, ou évoluer vers l'approfondissement du différent (dispute, pugilat, etc.). - L'objection touche au contenu du discours (un contre-discours, prolepse). C'est présenter un argument n'allant pas dans le sens de la conclusion du partenaire du dialogue tout en maintenant cette conclusion implicite, par exemple en défendant une conséquence négative de la proposition qu'il défend. Celui qui objecte maintient le dialogue ouvert, son argument est en quête de dialogue. A l'objection sont associés esprit de mesure, dialogue et ouverture. [...]
[...] Ces propositions doivent pouvoir être dites vraies ou fausses. L'évaluation d'une argumentation n'est en rien chose aisée, et les instruments adéquats à cette tâche sont passablement sophistiqués pour peu qu'on tienne compte des exigences pragmatiques, incontournables dans la mesure où l'argumentation n'est pas réglée par un système formel simple, mais se développe au cours de transactions menées langagièrement, et fortement dépendantes du contexte. Pour comprendre l'aspect fallacieux d'une argumentation, il faut comprendre ses variations contextuelles. Il apparaît donc qu'une argumentation non fallacieuse peut transformer le stock de croyances d'un des deux participants au débat, à l'entretien ou tout simplement lors d'une conversation où les interactants n'ont pas d'assertions en commun La nature des arguments : de l'argument d'autorité à l'argument d'expertise On distingue l'argumentation d'autorité et l'argumentation d'expertise. [...]
[...] Ces limites tiennent à ce que l'argumentation est partagée entre la recherche de l'accord et la réalité des divergences irréductibles entre les personnes et les groupes. Les divergences ainsi révélées ne sont aucunement des faits accidentels ou marginaux ; elles sont la conséquence de la complexité des choses. Contrairement à la théorie cartésienne de l'évidence, la vérité n'est pas l'objet d'une expérience spécifique où elle apparaîtrait sans équivoque. Tout ce qui peut être proposé est une certaine lecture des faits, à laquelle une autre lecture peut être opposée, elle aussi justifiée par des arguments. [...]
[...] Tversky, A. & Kahneman, D Availability : a heuristic for judgind frequency and probability. Cognitive Psychology 207-232. Windisch, U Le K.-O verbal. La communication conflictuelle. Lausanne : L'Age d'Homme. [...]
[...] Elle devra donc pouvoir faire entendre (si les contraintes communicationnelles sont respectées) son point de vue, gage théorique du respect du contradictoire. Chaque interlocuteur dispose d'une compétence communicationnelle définie ci-dessus - et est animé d'une intentionnalité (état mental en rapport avec le monde réel : désir, crainte, croyances Un des objectifs communicationnels visés par l'expertise sera de créer une intentionnalité conjointe, plus ou moins collective L'intentionnalité individuelle et collective Une activité d'expertise est une situation d'interaction conventionnellement déterminée qui s'organise en fonction des attentes et des rôles institutionnalisés qu'elle porte et elle relève pleinement d'une intentionnalité collective. [...]
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