Freud souligne qu'il n'y a pas d'opposition entre psychologie individuelle et psychologie sociale, car une psychologie individuelle est toujours d'emblée et simultanément sociale (l'individu est pris dans les relations aux autres, en tant que modèle, qu'objet, qu'aide, qu'adversaire, ou via l'influence mutuelle etc.). La bipolarité psychique est présente en chacun de nous, elle renvoie à la liaison et à la communication nécessaires entre narcissisme et relations objectales.
La dimension sociale n'est pas hors de l'individu mais à l'intérieur de lui.
Kaës, dans le même ordre d'idées, explique que l'autre, c'est à dire l'institution (familiale ou sociale), précède l'individu en prédisposant les structures de la symbolisation.
[...] - Idéal du Moi et lien groupal La thèse centrale de Freud est que le pivot entre l'inconscient et le social, c'est l'Idéal du Moi. Le processus est le suivant : dans l'idéalisation, le groupe met d'abord un seul et même objet à la place de l'idéal du moi puis, dans un 2e temps, il y a identification entre les membres du groupe. Freud évoque ensuite les foules artificielles, durables et hautement organisées avec un chef, avec les exemples de l'Eglise et de l'Armée. [...]
[...] Ici le chef doit donner des instructions d'attaque ou de fuite. C'est le cas dans l'armée, où les soldats obéissent au chef pour l'attaque ou la fuite. C'est aussi le cas des groupes thérapeutiques où l'ennemi est la pathologie : il y a d'abord non participation (c'est-à-dire fuite) puis la plainte de ne pas progresser (c'est-à-dire l'attaque contre le meneur). Toutes ces hypothèses de base supposent qu'il y a un leader : pour les groupes dépendants et attaque-fuite, le leader est né, mais pour le groupe couplage, les membres espèrent son arrivée. [...]
[...] : la coopération consciente requiert une circulation émotionnelle et fantasmatique inconsciente. Ce sont des processus psychiques primaires. Le groupe de base relève d'une participation instantanée, inévitable et instinctive. Le temps n'a pas d'impact sur la mentalité. Tout changement ou évolution est refusé et déclenche l'hostilité : on préfère l'illusion, situation plus rassurante. Les fondements émotionnels du groupe : les trois hypothèses de base - Dans l'hypothèse de dépendance, les membres veulent être protégés par le leader dont ils sont dépendants. [...]
[...] Par contre, Freud préfère parler d'identification plutôt que de suggestion (ou d'imitation chez Tarde), car il ne s'agit plus d'une imitation, mais une appropriation d'un trait par le Moi, antérieure au choix d'objet, en deçà de la relation d'objet. L'identification dans ce texte revêt donc trois modalités. Elle est la forme la plus originaire du lien affectif à l'objet et on y trouve la dialectique de l'être et de l'avoir à travers l'identification au père (ce qu'on voudrait être) et l'identification à la mère (ce qu'on voudrait avoir). Elle est aussi le substitut d'une relation d'objet libidinal, avec l'introjection de l'objet dans le moi. Ainsi, l'identification remplace par régression un attachement érotique lié au complexe d'Œdipe. [...]
[...] C'est un «acting out» de la scène primitive, avec une fantasmatisation autour d'un couple devenant l'imago, la représentation du couple parental. Le groupe évite ainsi le transfert, puisque chacun se décharge de la scène primitive dans un bon objet qui porte le groupe, sans avoir à faire un travail psychique. La problématique sexuelle et oedipienne peut alors être rejouée dans le groupe. Il y a attente et espérance narcissiques portées sur le futur, avec l'idée que le bonheur adviendra dans le groupe. Pour que cette hypothèse perdure, l'espoir messianique ne doit jamais être réalisé. [...]
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